Au-delà du déni de grossesse, guère contesté, le procès en appel de la mère de Séréna, le bébé dit "du coffre", a exploré et mis à mal mercredi l'hypothèse de sa prolongation -le "déni d'enfant"-, invoqué par la défense pour expliquer deux ans de carences de soins pour le bébé caché, confiné.
Relativement épargnée jusqu'ici à la Cour d'assises d'appel de Limoges, Rosa da Cruz a été entendue, dans l'inconfort souvent, l'émotion parfois, et confrontée à ses "vérités successives", pour mesurer sa conscience alors de l'enfant, de sa maltraitance, qui vaut à Séréna une infirmité permanente.
Les expertises ont établi que la mère était "indemne de toute pathologie psychiatrique", ne présentant "pas de trouble de la personnalité", malgré une "importante immaturité affective", une "identité féminime floue et incertaine".
S'il a décrit le mécanisme du déni, "ou plus précisément de la dénégation d'enfant: +elle sait bien qu'il s'agit d'un enfant, mais c'est comme si elle ne voulait pas le savoir+", l'expert psychiatre Jacques Bertrand a été catégorique: Rosa da Cruz "n'était pas inconsciente de ses faits et gestes" durant ces deux années de maltraitance (2011-2013).
"Elle avait parfaitement conscience de l'existence de Séréna", une "existence intellectuelle, pas affective" et "savait qu'elle ne s'en occupait pas", même si "son appréhension de la réalité a été distordue", a-t-il poursuivi. Mais "il n'y a pas d'argument psychiatrique clinique pour la déresponsabiliser".
De même, il a écarté l’hypothèse de la "sidération psychique" qui aurait suivi le déni de grossesse, l'accouchement surprise, seule, dans la nuit. "La sidération, c'est un état de stress aigu, cela peut durer quelques jours à tout casser. Pas 23 mois".