ENQUÊTELongtemps assimilée à l’adultère, l’insémination artificielle avec donneur a été présentée comme un traitement médical afin de la rendre moralement acceptable. Aujourd’hui, cette fiction thérapeutique est bousculée par l’ouverture du procédé à toutes les femmes.
C’est une petite musique qui s’est peu à peu imposée dans les débats de bioéthique : en ouvrant l’insémination artificielle avec donneur (IAD) aux couples de femmes ou aux femmes seules, la France s’apprêterait, dans une étrange et coupable inconscience, à accomplir un « saut anthropologique » majeur. A l’ambition légitime de lutter contre l’« infertilité médicale » des couples hétérosexuels stériles, se substituerait un combat déraisonnable contre l’« infertilité sociale » des femmes homosexuelles ou célibataires. De La Manif pour tous à certains élus Les Républicains, le discours est le même : sous les dehors anodins d’une quête d’égalité, se dissimulerait une fracture éthique sans précédent.
L’abolition de la frontière entre infertilité « médicale » et « sociale » constituerait ainsi, selon La Manif pour tous, un véritable « détournement » des lois de bioéthique. « La souffrance des couples infertiles ne pourra jamais être comparée à la situation d’une femme célibataire ou d’un couple de femmes qui n’ont pas d’enfant, non pas en raison d’une pathologie, mais parce qu’elles n’ont pas de relations sexuelles avec un homme », affirme-t-elle. La « PMA pour toutes » pervertirait, selon elle, le sens de l’insémination artificielle avec donneur : ce geste destiné à aider les couples hétérosexuels plongés dans le malheur de l’infertilité servirait désormais les « caprices » des femmes homosexuelles ou célibataires.