par Josiane Jouët Publié le 08 mars 2019
© Crédits photo : INA. Illustration : Margot de Balasy
La parole féministe s’est fortement propagée dans l’espace numérique. Une jeune génération d’activistes s’est emparée du Web et des réseaux sociaux pour défendre l’égalité entre les sexes. Cette parole participe d’un vaste mouvement social pour l’émancipation des femmes.
L’essor de sites, blogs et comptes de réseaux sociaux féministes est couramment perçu comme la troisième vague du féminisme, faisant suite à la première vague des suffragettes des années 1920, puis à la seconde vague des militantes issues du mouvement de mai 1968. Peut-on, pour autant, considérer que le recours au numérique marque une rupture avec les modalités antérieures du féminisme ou bien s’agit-il plutôt d’une transformation des formes d’action permises par les propriétés techniques de cet outil ?
De fait, les nouvelles militantes reprennent les répertoires d’action mobilisés par les féministes historiques, mais leurs modes d’expression se ressourcent dans la culture numérique et leurs discours sont amplifiés par leur diffusion via les réseaux sociaux. Néanmoins, le Web n’est qu’une des faces du féminisme contemporain qui interpelle aussi les pouvoirs publics et recourt aux médias de masse pour défendre la cause des femmes.
Un féminisme de clics, jeune et très actif
À l’automne 2017, la déferlante de témoignages suscités par #MeToo demeure, à ce jour, comme le point culminant de l’utilisation des réseaux sociaux dans le combat contre les violences faites aux femmes. Dans un tweet, le 15 octobre 2017, l’actrice états-unienne Alyssa Milano accusait de viol le producteur hollywoodien Harvey Weinstein, et invitait d’autres femmes victimes à se manifester sur le fil #MeToo. L’appel s’est répandu comme une traînée de poudre, y compris en France où la journaliste Sandra Muller avait déjà publié, le 13 octobre, le mot-dièse #
BalanceTonPorc. Ces deux mots-dièses, puis #MoiAussi, seront suivis sur Twitter par des milliers d’abonnés et de nombreuses femmes, y compris celles qui ne se réclament pas du féminisme, ont alors dénoncé les agressions dont elles ont été victimes dans leur vie privée ou professionnelle.