Pour mieux coller à la réalité des consommations, les gendarmes intervenant en classe ne se contentent plus de rappeler la loi. Reportage dans un collège de Loire-Atlantique.
Substances et dépendances. « Cocaïne », « ecstasy », « herbe »… les mots fusent dans la salle de classe. Certains adolescents ricanent. La situation a quelque chose de cocasse : ils sont invités à citer toutes les drogues qu’ils connaissent devant une gendarme de la brigade de prévention de la délinquance juvénile (BPDJ).
« Qui sait ce que c’est la drogue ? », demande la maréchale des logis-chef Sonia Verrier, vendredi 24 mai, lors d’une intervention dans cette classe de quatrième du collège Saint-Joseph à Savenay (Loire-Atlantique). Plusieurs mains se lèvent. « C’est illégal, certains en prennent pour faire la fête », croit savoir un ado du premier rang, balançant ses Sneaker toutes blanches sous sa chaise. « Mais il y a des médicaments auxquels on peut être addict aussi », lui répond un élève du fond, bien renseigné. « C’est vrai », admet la gendarme, enchaînant sur un rapide sondage : « Qui pense que l’alcool est une drogue ? » Quasiment tous les index sont brandis, plus d’une vingtaine. « C’est en effet une drogue, mais elle reste légale », explique la professeure du jour, avant de développer une définition complète :
« La drogue est un produit naturel ou synthétique, légal ou illégal, qui change le comportement et qui peut entraîner une dépendance. »
Des interventions comme celle-ci, la maréchale des logis-chef Verrier en fera trois dans la même journée. Ce collège propret de la banlieue lointaine de Nantes n’est pourtant pas connu pour ses problèmes de délinquance. Mais, comme chaque année, Pascal Guesdon tenait à inviter les gendarmes nantais dans son collège. En tant que chef d’établissement, seul lui peut prendre la décision de libérer du temps pour la prévention des drogues. Il pense « qu’il n’est jamais inutile aux élèves de se faire rappeler la dangerosité de ces produits ».