Le « fossé aux orgasmes » entre hommes et femmes a des causes culturelles et psychologiques. Le nier, c’est perpétuer un système où les femmes font passer leur plaisir après celui de leur partenaire, nous explique Maïa Mazaurette, chroniqueuse « sexe » de La Matinale du Monde.
LE MONDE | | Par Maïa Mazaurette
Ça n’est pas exactement un scoop : les hommes, ces créatures de petite vertu, jouissent facilement. Parfois « trop » facilement. 95 % d’entre eux « orgasment » sans problème (institut Kinsey, 2017), ce qui est le cas de seulement 65 % de leurs partenaires féminines. Parce que l’univers court à sa perte (on ira sur Mars), ce fossé aux orgasmes pourrait bien empirer : selon une récente étude de l’institut de santé publique en Angleterre, 49 % des jeunes femmes (25-34 ans) n’ont pas une vie sexuelle agréable. Et 42 % des femmes en général sont insatisfaites, et ça ne s’arrange qu’après 55 ans.
Si les aspects purement techniques de la jouissance féminine sont désormais connus (souvenez-vous l’été dernier), rappelons pour la forme que notre attachement à la pénétration classique constitue une fascinante manière de se tirer une balle dans le pied. Nous persistons à utiliser la mauvaise clef (le pénis) dans la mauvaise serrure (le vagin) alors qu’il suffirait de caresser le bouton de porte (le clitoris). Aussi, parce que le ridicule ne tue pas, nous considérons les portes ouvertes comme des échecs (« celle-ci s’ouvre en tournant la poignée, elle doit être cassée, essayons plutôt la serrure »). Une incompétence pas franchement facilitée par notre rapport contrarié à l’anatomie, puisque 50 % des hommes ne savent pas reconnaître un vagin sur un schéma.