L’établissement public de santé mentale (EPSM) Val de Lys - Artois perd de plus en plus de praticiens en psychiatrie adulte. Une manifestation est prévue le 16 novembre
La situation s’aggrave à l’établissement public de santé mentale. Lors de la cérémonie des vœux en janvier dernier, le directeur, Christian Burgi, avait annoncé que cette année 2017 devait être une année de recrutement médical. C’est l’inverse qui se produit.
Parmi les quatre équipes médicales de l’EPSM, une va mal : l’équipe psychiatre adulte. A contrario, cela va plutôt bien en pédopsychiatrie, alors que c’est plus sinistré au niveau national. Les équipes généralistes et d’addictologie font le plein. « Au 1er novembre, six internes arrivent en pédopsychiatrie, quatre en médecine générale et même deux en pharmacie. », explique le directeur.
Comment les Polynésiens appréhendent-ils la santé mentale ? C’est l’objet d’une grande enquête, réalisée à Tahiti, Moorea, Huahine et Bora Bora entre octobre 2015 et février 2017, à l’initiative du Dr Stéphane Amadeo de SOS Suicide, sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Cette même étude a déjà été effectuée dans une vingtaine de pays. Une centaine de professionnels de la prise en charge psy étaient réunis mardi matin à la mairie de Pirae pour prendre connaissance des premiers résultats de cette étude, qui donnera bientôt lieu à une publication.
Quinze étudiants en psychologie à l’ISEPP et quinze élèves infirmiers de l’Institut Mathilde Frébault ont mené des questionnaires extensifs auprès d’un échantillon de 968 personnes majeures, sélectionnées selon la méthode des quotas pour refléter la composition ethnique, économique et sociale de la population générale.
Dans son documentaire « Carré 35 », l’acteur enquête sur un non-dit familial. Il fait revivre sa sœur disparue, dont il a longtemps ignoré l’existence.
M le magazine du Monde| |Par Emilie Grangeray
Comédien vu chez les metteurs en scène Alain Françon ou Thomas Ostermeier, César du meilleur espoir masculin en 1999 pour C’est quoi la vie ?, de François Dupeyron, Eric Caravaca aura mis cinq ans à accoucher, selon ses propres termes, de son deuxième film en tant que réalisateur. Sans doute parce que Carré 35, documentaire sur sa sœur morte avant sa naissance, et dont lui et son frère ignoraient l’existence, est une histoire de famille. Et que, « comme souvent dans les histoires de famille, quand on tire un fil, on se retrouve avec une véritable bobine ».
Il faut entendre « famille » à double titre. Caravaca évoque celle où il est né (en 1966) et qu’il a interviewée, mais aussi sa famille « putative » qui l’a aidé à réaliser. Avec, en frères de création : l’écrivain Arnaud Cathrine (dont il avait adapté La Route de Midland pour son premier film, Le Passager, en 2005), Florent Marchet pour la musique, et, pour le montage, Simon Jacquet, le parrain de son fils.
Le psychologue Steven Pinker montre, dans un essai de plus de mille pages, le «processus de civilisation» de l’humanité au fil des siècles. Malgré les innombrables conflits dans le monde, la violence régresse incontestablement.
Voilà un livre qui nous réconciliera - un peu - avec l’humanité et qui est, peut-être, pour cette raison, l’essai le plus important de cette rentrée. Sa thèse s’énonce facilement : au fil des siècles, la violence entre les humains, qu’il s’agisse des guerres, de la criminalité, des relations personnelles, de l’attitude envers les animaux ou de l’éducation des enfants, n’a cessé de régresser de manière spectaculaire. Malgré des rechutes, des accès d’agressivité soudaine, des retours en arrière transitoires, un «processus de civilisation» s’est développé depuis les premiers temps de l’humanité jusqu’à aujourd’hui, pour faire du monde contemporain le plus sûr, le moins guerrier, au fond le plus humain, qu’on ait connu depuis l’origine des temps.
Las ! On conçoit tout de suite le nombre de préjugés, d’idées reçues, de certitudes bien ancrées qu’une telle thèse heurte de front. Et le sanglant XXe siècle ? Et le terrorisme ? Et la guerre de Syrie ? Et la violence urbaine ? Et la condition des migrants ? Et les innombrables conflits qui jettent les terriens les uns contre les autres et font l’actualité de ce début de siècle ?
C’est là que le livre prend sa valeur. Plutôt que de pondre un énième essai impressionniste, comme on en voit tant dans la production éditoriale française, plutôt que de virevolter avec brio et sans méthode d’une citation à l’autre, d’une hypothèse à l’autre, d’une affirmation arbitraire à un argument d’autorité, pour annoncer la défaite de la pensée, le suicide français, le déclin de la civilisation occidentale, l’imminence de l’insurrection qui vient ou la nécessité urgente de revenir au communisme, sans jamais rien prouver ni examiner un tant soit peu sérieusement son objet, Steven Pinker, professeur de psychologie à Harvard, s’efforce d’étayer systématiquement et méthodiquement son diagnostic, en s’appuyant sur les innombrables données disponibles, en synthétisant la littérature sur le sujet, en se confrontant d’emblée aux objections qu’on pourrait lui opposer.
Bref, il emploie une manière rationnelle et crédible, à cent lieues des numéros de claquettes plus ou moins réussis qui nourrissent le débat français. Il a ainsi écrit plus de mille pages pour décrire ce lent progrès de l’humanité vers une société plus humaine, dont cent pages de notes et encore cent pages de références bibliographiques… Pourtant ce pavé impressionnant se lit avec agrément, parce que son style est limpide, ses exemples nombreux et frappants, ses statistiques toujours surprenantes, et son ton rehaussé d’une qualité qui manque cruellement aux Cassandre de la décadence française et aux Trissotin de la sociologie critique : l’humour.
Pour l’archéologue Jean-Paul Demoule, l’invention de l’agriculture et de l’élevage est une révolution sans égale pour l’humanité. Une période pourtant reléguée au second plan
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO| |Propos recueillis parPierre Barthélémy
Spécialiste du néolithique et de l’âge du fer, Jean-Paul Demoule est archéologue et professeur émérite à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne. Il a présidé l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) de sa création en 2002 jusqu’en 2008.
Dans votre dernier ouvrage, « Les dix millénaires oubliés qui ont fait l’histoire » (Fayard, 320 p.), vous expliquez le rôle fondamental, pour l’histoire de l’humanité, de la révolution néolithique. Qu’est-ce au juste ?
C’est le fait que l’homme, au lieu de ramasser des fraises des bois et de chasser des lapins, a décidé de prendre le contrôle d’un certain nombre d’animaux et de plantes. Donc d’inventer l’agriculture et l’élevage. Ce qui a permis la sédentarité et provoqué un boom démographique parce que, en moyenne, les chasseuses-cueilleuses ont un bébé tous les trois ou quatre ans tandis que c’est tous les ans pour les agricultrices – même si une partie des enfants meurent en bas âge.
Cela explique qu’en dix mille ans on est passé de quelques centaines de milliers d’humains, qui, sur la planète, vivaient dans des petits groupes de 20 ou 30 personnes, aux masses humaines de bientôt 9 ou 10 milliards d’individus. Tout le reste découle de cet événement : la révolution industrielle, la révolution numérique n’en sont que les conséquences à moyen terme. C’est ce qui fait que cette révolution néolithique n’a pas de comparaison dans l’Histoire.
L’invention de l’agriculture et de l’élevage, c’est aussi le passage à un rapport différent avec la nature…
Les chasseurs-cueilleurs se sentent immergés dans la nature. Quand on va tuer un animal, on demande l’autorisation à l’animal ou aux esprits des animaux, et quand on veut exprimer sa vision du monde, on le fait aussi au travers des animaux, comme on le voit dans les grottes ornées. Devenir éleveur, cela suppose un renversement radical de cette vision du monde, comme s’extraire de la nature : les chasseurs-cueilleurs avaient bien domestiqué le chien à partir du loup, mais c’était plutôt pour une sorte d’association gagnant-gagnant, ce qui n’est pas le cas dans une domestication pour la viande.
Se focaliser sur l’augmentation des performances physiques et mentales, c’est oublier ce qui définit l’humanité.
La technologie est arrivée à un point de bascule. Après avoir façonné des outils, des machines, des civilisations, des macro-systèmes interconnectés (énergie, transport, communication), elle veut façonner l’être humain lui-même. Ce qu’on appelle aujourd’hui le «transhumanisme» ne veut plus améliorer ce qui nous entoure, mais ce qui nous anime. Il postule que l’aboutissement naturel de l’intelligence humaine est de se transformer elle-même. Mais si les outils sont des moyens qu’on invente pour atteindre nos buts (se protéger, se nourrir, se reproduire, puis se divertir), dans quel but changer ces buts eux-mêmes ?
Moyens techniques, fins humaines
On doit donc commencer par distinguer entre les moyens et les buts de l’être humain, les moyens à transformer, les buts à atteindre. On aura d’un côté ce qui peut s’apparenter à des instruments : facultés mentales, organes, systèmes de transmission, longévité… Soit toute la mécanique physiologique qui fait du corps une machine au service de ce qui, d’un autre côté, irrigue nos buts ou du moins les critères de choix permettant de nous diriger : l’identité personnelle qui nous constitue, la morale qui nous relie aux autres et le bonheur, qui est le but des buts - y compris pour ceux, écrit ironiquement Pascal, «qui vont se pendre». Or les nouvelles technologies permettraient d’améliorer, non pas notre identité, notre moralité ou notre bonheur (que seraient une meilleure identité, une meilleure moralité ou un meilleur bonheur ?), mais les moyens de les atteindre, comme l’endurance, la mémoire, l’intelligence ou l’espérance de vie. Aussi le transhumanisme ne serait-il rien de plus qu’un mécanisme, mais interne au corps : cœur artificiel, implants de mémoire, interface cerveau / IA, modification cellulaire de l’apoptose, etc.
Plus fort ou plus heureux ?
Le problème, c’est le mélange constant que fait le transhumanisme de ces deux dimensions hétérogènes des moyens et des fins. D’abord, comme en témoignent les deux figures inversées du «surhomme», le super-héros et le nazi, notre amélioration paraît moins une question de capacités que de moralité. On veut moins la puissance d’un superpouvoir que la bienveillance d’un super-héros, la force d’un être supérieur que la douceur d’un égal.
À l'occasion de la publication de son livre "Vers une économie à trois zéros", Muhammad Yunus, économiste et prix Nobel de la paix en 2006 était l'invité de Jean-Paul Chapel, ce lundi 30 octobre dans l'émission ": l'éco".
Zéro pauvreté, zéro chômage et zéro carbone, telle est la vision de l'économiste Muhammad Yunus. "Le capitalisme est basé sur le principe d'intérêt de chacun pour soi, alimenté par l'égoïsme. L'être humain est à la fois l'égoïsme et l'abnégation, mais elle n'est pas inclus dans le système capitaliste. Je l'inclus en produisant de nouvelles activités comme l'entreprise sociale", déclare-t-il, lundi 30 octobre, sur le plateau de " : l'éco".
"J’entends dire depuis toujours qu’on a le meilleur système de santéau monde, la France s’en vante pas mal. À force de travailler dans le domaine de la santé, je n’ai pas du tout l’impression que ce soit vrai", estime Sylvie Dellus, journaliste dans la presse médicale depuis 25 ans. "J’ai plutôt le sentiment que les choses ont tendance à se dégrader. Des voyants virent au rouge". Et qui d'autre que des médecins généralistes pour en témoigner ? "Ce sont les personnes les mieux placées. Ils suivent les gens sur de longues années, des fois sur plusieurs générations. Ils sont des témoins extrêmement précieux de la santé des Français."
À l'été 2016, la journaliste s'est donc lancée dans l'écriture de son dernier ouvrage "Qu'est-ce qui vous amène ?", aux éditions Les Arènes et qui sera disponible mercredi 8 novembre. Pendant un an, elle est partie à la rencontre de confrères pour dresser le diagnostic des Français. Avec la trentaine de généralistes interrogés, Sylvie Dellus a abordé de nombreuses thématiques : des inégalités sociales à la défiance à l'égard des médicaments, en passant par l'impact des attentats de ces dernières années. Elle a notamment été frappée par le thème de la souffrance au travail. "Quel que soit l'endroit ou le contexte économique, quasiment tous les médecins que j'ai interrogés m'en ont parlé, confie-t-elle. Pas mal d'entre eux m’ont dit qu’ils ont vu des patients fondre en larme dans leur cabinet en parlant de leur chef, ou des difficultés qu’ils ont dans leur travail", se souvient Sylvie Dellus. "Cette souffrance monte et j'ai le sentiment que les généralistes sont démunis par rapport à cela. À part mettre les gens en arrêts longs, ce qui ne plaît pas à la sécurité sociale, ils n’ont pas tellement de solutions", complète-t-elle.
"Les impacts sur la santé sont bien pires qu'on ne le pensait auparavant", s'alarme un rapport publié par la revue médicale "The Lancet".
Une usine à Weihai, dans la province du Shandong, en Chine, le 12 décembre 2016. (A QIANG / IMAGINECHINA / AFP)
Coups de chaleur, pertes de productivité, expansion des maladies transmises par les moustiques... Le changement climatique a déjà un impact concret sur notre santé, avertit un rapport publié mardi 31 octobre, dans la revue médicale britannique The Lancet(en anglais). Ce rapport invite à"accélérer la transition vers une société bas carbone".
Les "symptômes" provoqués par l'augmentation des températures moyennes et la multiplication des "événements climatiques extrêmes" sont "clairs depuis quelques années, et les impacts sur la santé sont bien pires qu'on ne le pensait auparavant", souligne le document.
L'hôpital devra certainement opérer un changement d'idées et de pratiques quant au sexisme et au harcèlement qui y sévit au quotidien. Les langues se délient désormais pour dénoncer un humour carabin dépassé et qui peut être lourd de conséquences. Enquête chiffrée, projet de loi, invitation à porter plainte... les actions se multiplient.
La parole s'est quelque peu libérée sur la question du harcèlement sexuel. Depuis fin 2016 notamment, du fait du lancement du Tumblr Paye ta blousepar une étudiante en médecine, pour dénoncer l'omniprésence du sexisme à l'hôpital. Mais avec l'affaire Harvey Weinstein, producteur américain visé par une série d'accusations d'agressions sexuelles, c'est la bousculade en ce début d'automne. La ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn, elle-même, médecin de profession, dans un entretien publié le 22 octobre dans le Journal du dimanche, a dénoncé l'attitude de certains praticiens. "Comme beaucoup de femmes, j'ai eu affaire à des comportements très déplacés dans mon milieu professionnel", a-t-elle déclaré à nos confrères. Cette affaire, a-t-elle ajouté, "fait prendre conscience qu'une lutte quotidienne se joue dans l'espace public et professionnel".
En partenariat avec la Carène, à Brest, cinq ados du Centre de soins de l'hôpital de Bohars vont écrire et produire des chansons. Particularité : c'est sur prescription médicale ! | Crédit photo : Ouest-France
En partenariat avec la Carène, à Brest, cinq ados du Centre de soins de l'hôpital de Bohars vont écrire et produire des chansons. Particularité : c'est sur prescription médicale !
« Certains sont volontaires, d'autres ne le sont pas forcément. Mais c'est ainsi ! Cet atelier est un soin. Il faut une prescription médicale pour y participer », prévient, avec le sourire, Adeline Gourbil, pédopsychiatre au Centre de soins pour enfants et ados de l'hôpital psychiatrique du CHRU, à Bohars. Et ils seront encadrés par des infirmiers.
Le centre accueille des jeunes qui souffrent de troubles du comportement, de dépression, ou autres problèmes alimentaires. « Certains ont besoin qu'on les aide à s'exprimer. Il faut qu'ils se découvrent, et qu'ils découvrent le monde extérieur... »
Cet atelier chanson intervient dans le cadre d'un partenariat entre l'hôpital et la Carène, l'un des principaux et plus anciens partenaires du CHRU. Mais, c'est assez rare qu'il se déroule en pédopsychiatrie.
Dans une tribune, l’écrivaine soutient que le laisser-faire diffusé par la publicité, à savoir l’image de la femme comme objet, a réveillé chez les hommes des instincts autrefois inhibés par la religion.
LE MONDE| |Par Nancy Huston (romancière)
Tribune. Oui, partons du « je », car on ne peut qu’être bouleversé de voir, par la grâce des médias nouveaux, déferler et converger soudain des millions de voix de femmes de tous milieux, continents, âges, disant #moiaussi, partons donc du « je » et disons oui certes #moiaussi j’ai été tripotée par divers profs, psys et patrons au long des années, sifflée et insultée dans la jungle de toutes les métropoles où j’ai vécu, me rappellerai toute ma vie ce jour d’été où, lestée de mes deux enfants et de plusieurs sacs de courses, je gravissais les marches du métro Sully-Morland à Paris quand un jeune homme, glissant une main sous ma robe, m’a palpé tranquillement le sexe avant de me dépasser et de s’éclipser – donc, d’abord, dénonciation de l’insupportable, oui, c’est positif, nécessaire.
Dans une tribune au « Monde », le psychanalyste André Ciavaldini explique que la pulsion sexuelle chez l’être humain ne connaît pas de limites. Certains tabous culturels arrivent à y faire obstacle, mais les hommes restent cependant aux prises avec un désir qui cherche à s’assouvir.
LE MONDE| |Par André Ciavaldini (psychanalyste, membre de la Société psychanalytique de Paris)
Tribune. Il a fallu quatorze signes pour ouvrir les vannes de ce que beaucoup savaient, peut-être tous, mais que chacun taisait (#balancetonporc). Langues et plumes se délient. Les témoignages sont édifiants, souvent insupportables tant la souffrance qui s’y révèle est grande, sur les pratiques sociales de séduction forcée, d’agressions sexuelles franches du pouvoir masculin. L’homme serait ravalé, par ses pratiques sexuelles, au rang de l’animal, en l’occurrence du porc. « Tout homme a dans son cœur un cochon qui sommeille », écrivait au milieu du XIXe siècle Charles Monselet. #balancetonporc fait penser que ces femmes maltraitées, abusées, bafouées invitent à se débarrasser de ce cochon-là. Point du tout, il s’agissait de dénoncer leurs agresseurs. C’est bien ici que le bât blesse.