Dans une tribune au « Monde », Nicolas Rainteau, interne en psychiatrie, estime qu’il est urgent de lutter collectivement contre les stéréotypes associés à cette maladie, qui empoisonnent les patients et leur famille.
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | | Par Nicolas Rainteau (Interne en psychiatrie au CHU de Montpellier)
Tribune. Le philosophe américain Henry David Thoreau a écrit : « Peut-il exister de plus grand miracle que celui qui nous permettrait, l’espace d’un instant, de nous regarder avec les yeux d’un autre ? » Pour les patients atteints de schizophrénie, se regarder à travers les yeux de la société relève plutôt du cauchemar. De nombreuses études se sont intéressées aux représentations dans la population en général des personnes atteintes de schizophrénie.
De manière désastreuse, elles sont associées aux stéréotypes les plus négatifs, sont considérées comme moins susceptibles d’évoluer vers la guérison et comme plus dangereuses et imprévisibles en comparaison des patients souffrant d’autres troubles mentaux. La majorité des individus interrogés persiste à penser que les personnes schizophrènes souffrent d’un dédoublement de la personnalité ou de personnalités multiples. En réalité, cette maladie se caractérise par un ensemble de symptômes fluctuants et rarement présents de façon simultanée (comme des idées délirantes, une désorganisation de la pensée, un manque d’énergie).