Carolin Emcke à Kreuzberg, quartier de Berlin, en septembre. Alexander Gehring pour Libération
Dans son dernier essai, cette figure intellectuelle allemande décrit, entre journalisme et réflexion philosophique, les ressorts de la haine raciale, sociale et sexiste. Prônant une démocratie sensible et humaine contre la xénophobie décomplexée.
Qu’est-ce que la schizophrénie ? Quels sont les traitements les plus adaptés ? Comment les chercheurs tentent-ils d’identifier des marqueurs de la schizophrénie ? Pourquoi les personnes atteintes de schizophrénie ont-elles un risque accru de mort prématurée ?
La schizophrénie, c’est étymologiquement la maladie du fractionnement de l’esprit. Souvent confondue avec les troubles de personnalités multiples, la schizophrénie est autrement plus diverse, plus complexe et encore mal connue de la recherche neurobiologique. Si l’Organisation Mondiale de la Santé la classe parmi les 10 maladies les plus invalidantes, peu de gens savent que l’on peut soigner la schizophrénie, parfois jusqu’à rémission des patients. D’où vient-elle, comment la dépister et qu’est-ce que les progrès en neuroimagerie et en neuropsychologie cognitive nous apprennent sur ce mal de la dispersion du soi ?
Les conséquences de l’exposition in utero aux antidépresseurs ont déjà fait l’objet de nombreux travaux. Ces derniers se sont surtout centrés sur les risques de troubles du spectre autistique chez l’enfant, mais avec des résultats contradictoires. Le British Medical Journalpublie les résultats d’une nouvelle étude qui élargit le domaine de recherche en se consacrant cette fois au lien entre l’exposition in utero aux antidépresseurs et toute pathologie psychiatrique.
Une incidence de pathologies psychiatriques plus élevée chez les enfants
Sur une cohorte de plus de 905 mille enfants nés au Danemark entre 1998 et 2012 et suivis jusqu’en 2014, 32 400 ont fait l’objet d’un diagnostic de pathologie psychiatrique (troubles du spectre autistique, troubles de l’humeur, troubles névrotiques et somatoformes, troubles du comportement et émotionnels, retard mental).
La douleur persistante ou prolongée [DP] est le lot commun des nouveau-nés admis dans une Unité de Soins Intensifs Néonatale [USIN]. Elle est la résultante de stimuli nociceptifs multiples, en grande partie inévitables (pathologies, ventilation mécanique, soins…). Habituellement, les soignants ont la tâche chronophage de l’évaluer plusieurs fois par jour, avec un outil adapté, afin de la reconnaître et de la traiter. L’enquête prospective EUROPAIN décrit la pratique de l’évaluation de la DP dans 243 USIN de 18 pays d’Europe.
En juin 2017, Nicolas Sarron, alors étudiant en soins infirmiers à l'Institut de Formation en Soins Infirmiers de Pontchaillou (promotion 2014-2017) a soutenu avec succès son travail de fin d'études sur la thématique suivante : « Le positionnement infirmier dans le projet de soin en psychiatrie ». Il souhaite aujourd’hui le partager avec la communauté d’Infirmiers.com et nous l'en remercions.
Dans le cadre des réflexions actuellement menées au comité de pilotage de la psychiatrie codirigé par la DGOS sur l'évolution du financement, l'Association des établissements participant au service public de santé mentale (Adesm) propose des modalités diversifiées, adaptées aux missions et aux différents types de prise en charge.
Les changements au travail peuvent avoir un impact sur la santé mentale des salariés, selon une étude du ministère du Travail publiée lundi. Parmi les salariés ayant connu au moins un changement important, 14 % signalent un symptôme dépressif, contre 9 % pour les autres, selon cette étude de la Dares, la DARES, service des statistiques du ministère. En outre, en 2013, disaient "craindre pour leur emploi dans l'année qui vient" et 21 % disaient "vivre des changements imprévisibles", selon l'étude.
"La France est prête". C'est la ministre de la Santé qui le dit à propos de l'élargissement de l'accès à la PMA voulue par le gouvernement. Le fait est qu'un récent sondage IFOP lui donne raison. Commandé par le site My-Pharma. info, il suggère que les Français sont de plus en plus permissifs sur les questions de société. On savait déjà qu'il l'était concernant la légalisation de l'euthanasie. Mais ils le semblent aussi s'agissant des questions de procréation. Ainsi, près des deux tiers (64 %) apparaissent-ils favorables à l'extension de la PMA aux couples de femmes homosexuelles. En une dizaine d'années, nos concitoyens sont ainsi passés de l'hostilité à l'acceptation pour une majorité d'entre eux. La même proportion (65 %) pense d'ailleurs que les femmes célibataires devraient, elles aussi, avoir le droit de solliciter une grossesse avec le concours de la médecine.
Alors que l’ouverture de la PMA à toutes les femmes est débattue, de jeunes adultes issus de cette technique veulent la levée de l’anonymat du don de gamètes.
LE MONDE| | Par Gaëlle Dupont
Le jour de la révélation, Clément Roussial avait 12 ans. Il se doutait de quelque chose. Il ne ressemble pas à son père. Il se l’est toujours dit. « Je me demandais si je n’avais pas été adopté », relate le jeune homme de 27 ans. Ce jour d’automne, ils sont en train de pêcher tous les deux quand son père se met à lui expliquer sa conception. Infertile, il n’est pas son géniteur. Clément est né par procréation médicalement assistée avec le sperme d’un donneur. « Je me suis jeté dans ses bras en lui disant que ça ne changeait rien », poursuit-il. Sur le coup, c’est un soulagement. « Je la savais enfin, cette fichue vérité. »
Plongé depuis quinze ans dans un état d’« éveil non répondant », un homme de 35 ans a recouvré des signes de conscience grâce à la stimulation électrique du nerf vague.
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO| 25.09.2017 | Par Florence Rosier
Il était plongé depuis quinze ans dans un état « d’éveil non répondant », souvent encore nommé « état végétatif ». Cet homme, aujourd’hui âgé de 35 ans, a récupéré un état de conscience minimale. Comment ? Grâce à une intervention neurochirurgicale : la stimulation électrique répétée d’un nerf crânien, le nerf vague. Ce résultat, publié lundi 25 septembre dans la revue Current Biology, a été obtenu par une équipe lyonnaise, associant l’Institut des sciences cognitives-Marc Jeannerod (CNRS - université de Lyon) et les Hospices civils de Lyon. « Cette avancée très importante ouvre une nouvelle piste thérapeutique pour des patients à l’état de conscience altéré », s’enthousiasme le professeur Lionel Naccache, de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM, hôpital de la Pitié-Salpêtrière) à Paris, qui n’a pas participé à l’étude.
Avant et après la stimulation du nerf vague. A droite, en jaune orangé, l’augmentation de l’activité cérébrale dans la région pariétale.Current Biology Current Biology
Ce résultat ne manquera pas de raviver un âpre débat médical, scientifique, philosophique et éthique. Quel pronostic livrer, chez un patient qui présente un trouble grave de la conscience ? Avec quelle fiabilité ? Quelle prise en charge lui offrir ? Pour quelle qualité de vie, et dans quel espoir ?
Au moment-même où l'aliéniste Charcot fait prendre en photo ses patientes hystériques, le criminologue Bertillon met au point le protocole de l'identification judiciaire. Photo médicale, photo criminelle… Quel rapport avec la photo d'extase ?
Plongée intimiste dans le quotidien d'une personne schizophrène, le documentaire Les mondes de Vincent surprend par son honnêteté. Frontal, parfois mélancolique, ce film est un « voyage initiatique au pays de la folie », comme le définit sa réalisatrice, Rozenn Potin. Arrivée du Québec pour rendre visite à son frère aîné Vincent, Rozenn décide de partir une semaine avec lui retrouver leur ancien lieu de vacances, dans le sud de la France, ce lieu plein de souvenirs où Vincent passait l'été durant son enfance, avant de tomber malade, à 21 ans.
Les expériences vécues constituent la base de la position d’ENUSP contre toute forme de contrainte en psychiatrie. Les expériences vécues montrent que la contrainte n’amène pas au bien-être, au rétablissement ou à la sécurité. Au contraire, les interventions forcées sont traumatisantes et retirent leur sens aux relations de soins. Par conséquent, les interventions forcées sont contre-productives dans les soins de santé mentale. Les expériences vécues montrent également qu’un soutien réel est possible lorsque l’on fait des efforts. Il y a grand besoin de réformer les systèmes de soins de santé mentale afin de satisfaire à l’obligation de « ne pas nuire » qui découle à la fois de la perspective éthique de la qualité des soins, ainsi que de la perspective des droits de l’homme.
Poche d’albumine, foie de volaille, reconstruction de l’hymen : tous les moyens sont bons pour entretenir le mythe de la chasteté des femmes avant le mariage.
Par Ghalia Kadiri (Casablanca, correspondance)
LE MONDELe 24.09.2017
Selma*, 27 ans, le sait : son mariage est basé sur un mensonge. « Mais il vaut mieux mentir que subir la chouha », rétorque-t-elle. La chouha (« humiliation », en arabe dialectal), c’est ce que subissent les Marocaines qui ont eu des rapports sexuels avant le mariage, selon Selma. Il y a quatre ans, elle aperdu sa virginité avec un camarade de l’université, à Casablanca. « Je ne l’ai fait qu’une fois. A l’époque, je ne mesurais pas les risques, je ne pensais qu’à prendre du plaisir et à découvrir mon corps », se souvient la jeune femme, silhouette fine et yeux sombres.
A Tahar*, son époux depuis un an, Selma n’a jamais osé raconter son expérience. « Je connais beaucoup de femmes qui ont été battues ou répudiées parce qu’elles n’ont pas saigné pendant leur nuit de noces. » Sur les conseils de ses amies et encouragée par sa mère, elle s’est procuré, quelques jours avant son mariage, une capsule de sang artificiel visant à créer une illusion de virginité. Insérée dans le vagin environ vingt minutes avant le rapport sexuel, la poche éclate sous l’effet de la chaleur corporelle et un liquide rouge se répand, simulant une rupture de l’hymen. « Ils veulent du sang, alors on leur donne du sang », ironise Selma, qui a vécu, lors de sa nuit de noces, une deuxième « première fois ».
Vous « scrollez » sur Internet depuis une heure alors que vous avez du boulot ? La faute aux « pirates de l’attention », dont la mission diabolique est de capter votre temps de cerveau disponible.
LE MONDE| 22.09.2017 | Par Lorraine de Foucher
« Soft Brain », 2010, de l’Allemande Sarah Illenberger. ANDREAS ACHMANN -
Cet article a été très compliqué à écrire. Pas seulement à cause des révélations retentissantes qu’il contient, mais parce que mon attention a sans cesse été détournée. Par mon chat Facebook qui clignote. Mon portable qui m’annonce un texto dont la lecture ne saurait souffrir un instant de plus. Ah tiens !, cette vidéo sur Twitter, il faut absolument que je la voie. Et que se passe-t-il sur Instagram en ce moment ? Vous-même, qui avez commencé à lire ce paragraphe, voyez déjà votre concentration se fragiliser. Accrochez-vous, nous sommes tous victimes des pirates de l’attention.
Des cœurs et des flammes
Ma quête a commencé par un rendez-vous avec Emma, 15 ans. Sur la table, posé à côté d’un Coca Light et à portée de ses mains ornées d’un vernis rose écaillé, son portable clignote comme un sapin de Noël perdu dans ce café du nord de Paris. Il n’arrête pas de nous interrompre, alors que je l’interroge justement à ce sujet. C’est surtout le petit fantôme jaune et blanc de Snapchat qui s’immisce dans notre conversation. « Tu vois, ça, ce sont des “streaks”, m’explique-t-elle, me donnant l’impression d’être une poule devant un couteau. Et si tu perds les streaks, tu perds tes amis… » Ces smileys permettent d’établir une typologie des relations comme les ados en raffolent. Cœur jaune pour meilleur ami, cœur rouge pour meilleur ami deux semaines de suite, double cœur rose pour deux mois, etc.
Par Sabine Prokhoris, psychanalyste et philosophe —
Dans nos sociétés laïcisées, les convictions religieuses prennent de plus en plus de place. Au point de faire renoncer le gouvernement à l’extension de la PMA pour toutes ?
«Nous devons penser. Pensons dans les bureaux, dans les omnibus, pendant que nous nous tenons dans la foule à regarder les couronnements, […] dans la galerie du Parlement, dans les tribunaux, pensons dans les baptêmes, les mariages, les enterrements. Ne cessons jamais de penser - quelle est cette civilisation dans laquelle nous vivons ?» (1)
Ces mots écrits par Virginia Woolf en 1937, dans une Europe gangrenée par les fascismes et courant en aveugle à la catastrophe, résonnent avec une particulière acuité aujourd’hui. Ils nous disent : dans toutes nos occupations, comme dans tous les rituels de notre vie sociale, gardons en éveil une liberté critique.
L'accès aux soins n'est pas aisé pour les 10 millions de personnes handicapées en France. La Haute Autorité de santé a publié des recommandations pour faire face à cette situation largement insatisfaisante. Entretien avec Denis Piveteau, en charge du groupe de travail.
Par Régis Aubry, directeur de l’équipe de recherche «éthique et progrès» du Centre d’investigation clinique du CHU de Besançon , Aline Chassagne, sociologue coordinatrice de la recherche Parmeet Aurélie Godard-Marceau, sociologue coordinatrice de la recherche Parme —
Patrick Henry lors de son procès, le 19 janvier 1977,
à Troyes.Photo Daniel Houpline. SIPA
La sortie de prison de Patrick Henry pour raison médicale met en évidence ce que d’autres détenus en fin de vie expérimentent : la mort et les soins palliatifs sont des impensés du monde carcéral.
A l'occasion de la journée mondiale de lutte contre la maladie d'Alzheimer, ce jeudi, le neuropsychologue Francis Eustache démêle pour «Libération» le vrai du faux en matière de prévention.
Mercredi, une dizaine de médecins et professionnels de santé se sont donné rendez-vous devant le Centre hospitalier Pierre-Oudot de Bourgoin-Jallieu (Isère) et ont invité la presse. Pas de banderoles, pas de tracts, seulement des visages dépités. « La direction n’a même pas voulu que la conférence de presse se déroule dans une salle de l’hôpital », lance amèrement l'un des médecins présents. La tension est palpable. Le 19 septembre, plus de 400 praticiens et personnels soignants de la région Auvergne-Rhône-Alpes mais aussi des responsables syndicaux (AMUF, Avenir Hospitalier, SNMH-FO, syndicats de psychiatres SPH et USP...) ont exprimé leur désarroi et leur indignation dans une lettre ouverte à la ministre Santé.
Par Nicolas Vidal 22 septembre 2017 Du 7 septembre 2017 au 31 juillet 2018, la Halle Saint Pierre accueille l’exposition Caro/Jeunet. Située au coeur du quartier de Montmartre à Paris, la Halle Saint Pierre met à l’honneur l’art brut et l’art singulier. L’exposition Caro/Jeunet résonne « comme une évidence » selon Martine Lusardy, directrice de la Halle Saint Pierre qui nous présente ce nouvel évènement dans le BSC NEWS.
(Visuels de l'exposition) Martine Lusardy, comment définit-on l’art brut et l’art singulier ?
A l’origine l’art brut désigne surtout l’art des « fous », l’art de certains prisonniers ou de grands révoltés. C’est l’activité créatrice d’illuminés ou marginaux de toutes sortes, donc une expression des pulsions extrêmes, pouvant aller jusqu‘au délire. Mais c’est aussi un art modeste, le jardin secret des non-professionnels de l’art. A ce titre il peut être considéré comme la quintessence de la création populaire autodidacte.
Voici comment Dubuffet, qui inventa le mot dans une lettre du 28 août 1945, définissait l’art brut : « Nous entendons par là des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistique, dans lesquels donc le mimétisme, contrairement à ce qui se passe chez les intellectuels, ait peu ou pas de part, de sorte que leurs auteurs y tirent tout (sujets, choix des matériaux mis en œuvre, moyens de transposition, rythmes, façons d’écriture, etc.) de leur propre fond et non pas des poncifs de l’art classique ou de l’art à la mode. Nous y assistons à l’opération artistique toute pure, brute, réinventée dans l’entier de toutes ses phases par son auteur, à partir seulement de ses propres impulsions. De l’art où se manifeste la seule fonction de l’invention, et non celles, constantes dans l’art culturel, du caméléon et du singe. » (L’art brut préféré aux arts culturels », octobre 1949). Lire la suite ...
Quand les jeux vidéos font monde à part : remettent-ils en doute notre croyance en la réalité ?
Les jeux vidéos donnent parfois le sentiment de vouloir mettre la réalité entre parenthèses et de nous faire entrer dans un autre monde. Or, cette "réalité virtuelle", nous fait-elle réellement accéder à une autre réalité ou bien dérive-t-elle d'une croyance, volontaire ou non, de la part du joueur ? Si l'on croit Olivier Nannipieri, auteur du Réel au Virtuel, la réponse pourrait bien se trouver entre les deux.