Comme vous avez pu le constater les Discussions du soir deviennent Matières à penser. Nous parlerons pour cette reprise de dépendance à l’alcool avec le professeur Bernard Granger, psychiatre, co-fondateur et directeur de la revue « « Psychiatrie, sciences humaines et neurosciences »
Les troubles liés à l’usage de l’alcool sont responsables de complications multiples et de près de 50 000 morts prématurées par an en France. Parmi les moyens de combattre cette redoutable addiction est apparu le baclofène. C’est un myorelaxant qui a été testé par un médecin sur lui-même, il s’agit d’Olivier Ameisen auteur de Le dernier verre(Pocket, 2014). Une utilisation qui a fait l’objet de nombreuses controverses jusque très récemment (juillet 2017).
Le 4 mai 2008, M. X, vannier-rempailleur, 51 ans, percute un arbre, après s’être endormi au volant de son véhicule. Il est opéré de plusieurs fractures au bassin, à la hanche et aux côtes. Deux mois plus tard, sa compagne, inquiète de son comportement (cauchemars terribles notamment), demande qu’il passe un bilan psychologique.
Le 8 juillet 2008, Mme Z, psychologue, observe une « sidération du fonctionnement cérébral dont le temps de latence et la lenteur idéative sont significatifs » ainsi qu’une « inadéquation de la réponse aux questions posées ». Elle conclut à un syndrome post- traumatique nécessitant une investigation plus poussée. M. X fait alors l’objet d’une prise en charge psychiatrique, avec deux consultations par mois, accompagnées de prescriptions anti-dépressives, neuroleptiques et hypnotiques.
M. X sollicite l’application de la garantie individuelle conducteur auprès de son assureur, la société Axa France. Il demande à être indemnisé de ses préjudices corporels mais aussi aussi des conséquences de la pathologie psychotique qui serait apparue à la suite de son accident. Se voyant opposer un refus, il assigne Axa devant le tribunal de grande instance de Draguignan (Var).
«Drôle de rencontre». Tel était le thème de la dixième édition de notre concours présidé par Erik Orsenna. Nous publions les finalistes. Aujourd'hui le texte de Mickaël Ruffinoni.
Présentation du numéro :La prise de cannabis concerne des enfants de plus en plus jeunes. Le produit lui-même est plus concentré et son mode de consommation a changé. Les enjeux sont alors importants à plusieurs niveaux.
- Au niveau de la société tout d’abord qui peine à choisir sa politique en la matière. Les positions idéologiques varient de la banalisation à la prohibition débouchant sur des propositions politiques allant du tout-répression à la simple légalisation en passant par la dépénalisation du produit, sachant que les autres pays qui ont adopté des positions autres que la nôtre ne semblent pas non plus satisfaits de ce qui se passe chez eux.
- Au niveau de la santé tant individuelle que publique ensuite. De nombreux spécialistes placent aujourd’hui le produit parmi les drogues dures et addictives. On retrouve généralement son rôle au moment du déclenchement des bouffées délirantes et, pris au long cours, il est souvent mis en cause dans l’installation de conduites de retrait et d’apragmatisme. D’autres, en revanche, soulignent son possible aspect thérapeutique dans le traitement de la douleur ou de l’anxiété.
Afin d'aider les clients souffrant d'une maladie mentale, ainsi que leurs médecins, à trouver un médicament efficace plus rapidement, Sun Lifes'associe au Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) et à Assurex Health, pour participer à une étude novatrice.
L’étude IMPACT vise à utiliser la salive pour déterminer comment une personne réagira aux médicaments qui traitent les troubles mentaux. Cette discipline, la pharmacogénétique, peut aider à améliorer l'efficacité et la rapidité du traitement des maladies mentales, et ce, alors que chaque semaine, au moins 500 000 Canadiens s'absentent du travail en raison d'un problème de santé mentale (voir étude du Centre de toxicomanie et de santé mentale sur le sujet).
Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, souhaite une mobilisation des psychiatres français pour mieux lutter contre le terrorisme. Pour ces derniers, la réponse n’est pas si simple. Le lien entre maladie mentale et terrorisme n’est pas établi.
Afin de lutter contre la menace terroriste, Gérard Collomb a évoqué à plusieurs reprises en ce mois d'août la piste psychiatrique. Selon le ministre de l’Intérieur, à peu près un tiers des personnes signalées pour radicalisation dans le FSPRT (fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation) "présentent des troubles psychologiques".
La romancière vient de publier son vingt-sixième roman, « Frappe-toi le cœur ».
LE MONDE| | Par Annick Cojean
Je ne serais pas arrivée là si…
Si je n’avais pas été insomniaque de naissance. C’est la conclusion à laquelle je suis parvenue après avoir beaucoup réfléchi à ce début de phrase absolument fascinant. Oui, cette insomnie a été constitutive et certainement ce qui a le plus compté dans ma vie. Elle a toujours existé, même lorsque j’étais bébé et même si mes parents ont mis un temps fou à s’en apercevoir.
Mais voyons, un bébé qui ne dort pas crie, pleure, s’agite…
Non. Les deux premières années de ma vie, je suis restée quasi inerte, dans un mutisme total. Je ne sais pas exactement ce que j’étais, c’est un pur mystère. Mes parents, qui habitaient le Japon et sont l’incarnation du quiétisme, trouvaient cela formidable. Ils ne se sont pas inquiétés, je crois même qu’ils pensaient que je dormais les yeux ouverts. Ce qui était faux. Je ne dormais pas, je m’en souviens très bien.
Et puis, vers 2 ans et demi, je me suis comme réveillée – ce qui est paradoxal – en captant de courts cycles de sommeil. Mes parents ne se sont toujours rendu compte de rien jusqu’à ce qu’ils découvrent, quand j’avais environ 5 ans, que je me baladais la nuit dans la maison. Ma mère a aussitôt émis un règlement : la nuit, on reste dans son lit. Pas le droit d’en sortir avant 6 heures du matin.
Alors qu’avez-vous fait ?
Je me suis occupée ! D’abord, j’ai beaucoup regardé ma sœur dormir. Nous partagions la même chambre et elle dormait pour deux ! Comme je suis devenue nyctalope – c’est la moindre des choses lorsqu’on est insomniaque –, la contempler était une merveilleuse occupation. Et puis je répondais aux voix que j’entendais. Il y en avait des centaines dans ma tête et je leur parlais.
Enfin, je me racontais l’histoire. Pas « des histoires » mais « l’histoire ». Ce fut la grande occupation de mes années 5-12 ans. Me raconter « l’histoire » : une sorte d’épopée qui partait dans tous les sens et pleine de personnages fluctuants, l’idée étant de me faire connaître les sensations les plus fortes possible. Ce pouvait être l’aventure de deux enfants abandonnés qui devenaient cosmonautes. Ou celle du méchant prince torturant la gentille princesse…
Dans une tribune au « Monde », d’anciens chefs d’Etat et de gouvernement considèrent que la politique répressive de la France est un échec. Ils estiment qu’il faut dépénaliser la possession et la consommation des drogues.
LE MONDE| |Par Collectif
Par Ruth Dreifuss (ancienne présidente de la Confédération suisse), Fernando Cardoso (ancien président du Brésil), Aleksander Kwasniewski (ancien président de la Pologne), Michel Kazatchkine (ancien directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme)
TRIBUNE. Depuis plus de cinquante ans, les gouvernements français successifs auront mené des politiques de lutte contre les drogues parmi les plus répressives d’Europe occidentale. Le résultat est un échec difficile à contester : les Français sont les premiers consommateurs de cannabis parmi leurs voisins européens, la consommation générale des drogues est en hausse (notamment en ce qui concerne l’héroïne), et des dizaines de milliers d’individus sont interpellés chaque année pour simple usage.
Les usagers qui sont confrontés à la répression publique font partie, dans la majorité des cas, des populations les plus vulnérables de la société
Cet échec est de plus en plus largement reconnu ; en témoigne le débat sur la dépénalisation et la légalisation du cannabis lors de la dernière campagne présidentielle, ainsi que la volonté du gouvernement d’aménager la politique nationale en matière de drogues.
Cette reconnaissance va de pair avec la levée d’un autre tabou : l’illusion que l’on pourrait vivre dans des sociétés sans drogues, une idée-force qui aura guidé les politiques publiques pendant des décennies de répression. Celle-ci est bien une utopie. Les substances psychoactives, qu’elles soient licites ou illicites, cultuelles, récréatives ou médicinales, accompagnent l’humanité depuis ses origines. Or la quête acharnée de cette idée aura entraîné bien des conséquences négatives, souvent tragiques, dans nos sociétés.
De plus en plus de couples consultent pour infertilité. Des premiers tests aux essais ratés, plongée dans les affres de la procréation assistée.
LE MONDE| |Par Clara Georges
Au début, ils en ont ri. Ils ont fait les bons élèves, cela faisait partie du jeu, et puis c’était excitant : fini le petit coup debout dans la cuisine, on va faire l’amour allongés, comme des vieux. Ou en levrette, c’est encore plus efficace. Tu vas faire le poirier sur le lit après. Un quart d’heure.
Quelques poiriers plus tard, elle a commencé à guetter ses cycles. Quatorze jours plus ou moins trois, allez, c’est maintenant. Ils faisaient encore des blagues grivoises sur la fenêtre de tir. Puis c’est devenu moins drôle. Elle s’est inquiétée.
A tenu un registre de son corps comme d’un animal sauvage que l’on cherche à dompter : la température qui monte, qui descend, les glaires, la libido. Douleurs dans le bas-ventre, seins lourds, espoir… et les règles. Fichu cycle, imperturbable, sauf lorsqu’il s’agit de nous jouer des tours. Il a bien fallu finir par le dire : « On n’arrive pas à avoir d’enfant. » Pour tous les couples que nous avons rencontrés, c’est ici que commence l’histoire.
D’après les associations, la diminution de ces contrats, qui vont passer de 459 000 à 320 000, va compliquer encore l’emploi des handicapés.
LE MONDE| | Par Camille Rivieccio
« Coûteux » et « inefficaces dans la lutte contre le chômage ». Le premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé jeudi 24 août la diminution de 139 000 contrats aidés cette année par rapport à 2016 (un chiffre réévalué par rapport aux 163 000 annoncés par Muriel Pénicaud au début du mois). Selon le ministère du travail, en 2017, la facture s’élève à 2,4 milliards d’euros. Un nouveau coup de rabot pour raison budgétaire, inquiétant pour les associations de défense des handicapés, qui profitent de ce dispositif.
Les contrats aidés visent à favoriser l’emploi des personnes qui rencontrent des difficultés d’accès au marché du travail en accordant à leur employeur des aides publiques. L’Etat finance une part variable du salaire (jusqu’à 95 %) et/ou exonère l’entreprise de cotisations sociales pendant une période pouvant aller jusqu’à cinq ans.
Il existe quatre types de conventions : le contrat starter, pour les jeunes ; le contrat unique d’insertion tout public, décliné pour les secteurs marchand et non marchand ; et l’emploi d’avenir, pour les jeunes peu ou pas qualifiés. Le ministère du travail décide annuellement de l’enveloppe allouée à ce dispositif, puis la délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) ventile le budget par région. Le conseil régional vote ensuite sa répartition dans les secteurs en fonction des besoins de son bassin d’emplois, et les entreprises remplissent une demande jusqu’à épuisement des crédits. Les taux de prise en charge sont fixés par arrêtés du préfet de région.
Paris, le samedi 26 aout 2017 - Les attaques survenues en Catalogne s’ajoutent désormais à la longue liste des villes victimes du terrorisme en 2017. Si les attaques les plus dévastatrices furent l’œuvre de cellules terroristes organisées (comme ce fut le cas à Londres, Manchester ou Barcelone) d’autres attaques furent l’œuvre d’individus isolés (comme à Notre-Dame de Paris ou à Orly).
Ces dernières semaines, d’autres faits divers troublants participent de manière insidieuse au climat ambiant comme ce fut le cas lors du drame de Sept-Sorts au cours duquel un "déséquilibré" a imité les modes opératoires des terroristes pour tuer.
Aujourd’hui, le nouveau Ministre de l’intérieur se voit confronté au même dilemme que ses prédécesseurs : que faire pour justifier au public que « tout est bien mis en œuvre » pour prévenir de nouvelles attaques ?
À l'instar de plusieurs syndicats de psychiatres hospitaliers (lire notre article), l'Association des secteurs de psychiatrie en milieu pénitentiaire (ASPMP) s'inquiète également des déclarations du ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, qui voudrait "mobiliser" les psychiatres pour lutter contre le terrorisme. Dans un communiqué le 23 août, l'ASPMP annonce refuser que la psychiatrie devienne "la quatrième force de sécurité en France". Elle rappelle notamment que "l'exercice hospitalier a une visée exclusivement thérapeutique" et que tout soignant connaît les règles légales qui lui permettent de déroger au secret médical en cas de nécessité.
Des cliniciens britanniques décrivent dans un article de la revueCortex, publié en ligne le 16 août 2017, un effet secondaire rare, mais aux conséquences potentiellement dévastatrices sur un couple, chez des patients traités pour une maladie de Parkinson. Cette complication, appelée le syndrome d’Othello, doit son nom à la tragédie de William Shakespeare.
Petit rappel : Iago, compagnon d’armes d’Othello « le Maure », général vénitien à la peau noire, manipule ce dernier de façon perverse et haineuse en lui inoculant, goutte à goutte, le poison de la jalousie. La machination opère : Othello va suspecter son épouse Desdémone d’infidélité. Comme le dit Iago (Acte III, scène 2), « des babioles, légères comme l’air, sont pour les jaloux des confirmations aussi fortes que de preuves de l’Ecriture sainte ». Assailli par les soupçons toujours plus nombreux, Othello finit par être convaincu que Desdémone entretient une liaison avec Cassio, un jeune lieutenant. Il sombre dans une jalousie pathologique qui le conduit à étouffer son épouse dans son sommeil. Se rendant compte de sa méprise, Othello se suicide.
Au Maroc, deux tiers des cas de violences sexuelles se déroulent dans l’espace public, selon les chiffres de l’Observatoire national de la violence faite aux femmes.Photo Lucy Nicholson. Reuters
Ces dernières semaines, des vidéos devenues virales au Maroc montrent des femmes marocaines en train d'être harcelées, agressées, attaquées dans l'espace public, largement dominé par les hommes.