En septembre 2017, Bernay disposera d’un Guichet unique de psychiatrie dans le site du Manoir Saint-Joseph. Un projet d’envergure et une première dans le département. Explications.
Bien silencieux pendant de longs mois, le site du Manoir Saint-Joseph, rue Leprévost de Beaumont, à Bernay, est bien plus dynamique depuis janvier et le début des travaux destinés à lui donner une nouvelle vie. En effet, en septembre 2017, un Guichet unique de psychiatrie verra le jour et accueillera ses premiers patients.
«C’est un projet important car c’est la première fois que nous nous regroupons en un même lieu à Bernay, où nous sommes déjà implantés», souligne Jean-Marc Killian, directeur du Nouvel hôpital de Navarre (NHN), basé à Évreux, initiateur du projet.
Une centaine
de patients reçus chaque jour
Une cinquantaine de professionnels, du pôle extra-hospitalier et du pôle de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent travailleront sur le site du Manoir Saint-Joseph, toutes structures confondues. «Ce projet vise à offrir de meilleures conditions d’accueil et d’orientation des usagers dans les structures, mais aussi à améliorer les conditions de travail des professionnels.»
Ils viennent de foyers de vie ou d'unités hospitalières, ils veulent briser les tabous sur leur maladie. Psycyclette, c’est un Tour de France contre les idées reçues. En Picardie, ils sont partis d'Abbeville, Amiens et Beauvais, direction le Sénat et les jardins du Luxembourg à Paris!
Ils sont plus de 200 à pédaler sous la pluie, entre Abbeville et Paris. Ils viennent du centre hospitalier d'Abbeville, de l'hôpital Pinel d'Amiens, du foyer de vie de Frocourt dans la Somme ou de la Nouvelle Forge dans l'Oise. Des patients, mais aussi des soignants, des bénévoles et des cyclos avertis.
Plus de 200 « psycyclistes » iront à la rencontre des habitants de chaque ville traversée, afin de parler de leur initiative et de briser les tabous sur les maladies psychiques à travers des manifestations festives.
VIE DE FAMILLE - Peut-on regretter d'être mère ? Lancé par une chercheuse israélienne, le débat agite l'Allemagne comme nul autre pays et bouscule sa vision de la maternité, si exigeante qu'elle en devient dissuasive.
"En Israël, c'était réglé en une semaine. En Allemagne, ça dure depuis des mois", s'étonnait récemment la sociologue Orna Donath, dont l'étude "Regretting Motherhood" est parue début 2015.
La chercheuse, lasse de s'entendre prédire qu'elle "regretterait" de ne pas vouloir d'enfant, a recueilli les témoignages de 23 femmes qui, à l'inverse, aiment les leurs mais auraient préféré ne pas les avoir.
En racontant sans fard l'ambivalence maternelle, loin du discours convenu d'un bonheur sans nuages, l'ouvrage a d'emblée séduit à l'étranger. Mais seule l'Allemagne, dont la fécondité est deux fois inférieure à celle d'Israël, semble ne jamais se fatiguer du sujet.
La première journée de formation des référents « violences faites aux femmes » dans les services d'urgence a démarré ce lundi matin au ministère de la Santé à Paris.
Annoncé fin 2015 par Marisol Touraine dans le cadre du 4e plan interministériel de lutte contre les violences faites aux femmes (2014-2016), le référent a pour missions d'organiser des temps de sensibilisation et d'information de l'ensemble du personnel du service d'urgence et d'identifier tous les acteurs intra ou extrahospitaliers susceptibles de jouer un rôle dans la prise en charge d'une femme victime de violence.
Conséquence sociétale inattendue, les délais d'attente explosent pour obtenir un rendez-vous en psychiatrie. La foule des mythos, paranos et autres schizophrènes ordinaires d'entreprise, dont l'existence vient d'être révélées au grand jour par le Brexit, se précipite en effet dans les cabinets de ville et services externes des hôpitaux pour y chercher du réconfort et les moyens d'un déni serein. «Les mesures de risques psycho-sociaux ne suffisent plus», nous confie Jean-Marc Dubonchoix, DRH d'une banque parisienne. «Nous utilisions des consultants en psychologie appliquée pour neutraliser les électrons libres», explique-t-il, débordé par ce surgissement du réel dans le quotidien entrepreneurial.
Au sein de la Communauté Interministérielle des Finances, une cellule d'urgence psychologique a été installée pour conserver un taux de stupidité acceptable et maintenir un niveau de lucidité compatible avec le management des Gestionnaires Ovins Intercontinentaux.
Le pôle santé mentale du centre hospitalier d’Arras propose à ses patients des activités thérapeutiques basées sur la pratique artistique depuis plusieurs années. Pour s’ouvrir au public, et ainsi changer l’image qu’il se fait de la maladie mentale, quelques-unes des œuvres d’art brut étaient exposées au Pharos, mardi.
« On a travaillé l’art brut pour les cinquante ans de la mort d’Aloïse Corbaz et les dix ans de notre clinique, et l’on continue. » Cent cinquante patients ont participé aux ateliers thérapeutiques, dans le cadre d’une prise en charge personnalisée. « On leur a demandé d’exprimer ce qu’ils ressentaient, comment ils vivent la maladie mentale », explique Marie-Christine Frère, art-thérapeute. Les patients ont travaillé à partir de matériaux de récupération, avec les infirmiers et une art-thérapeute.
« Stress toujours très marqué, sommeil dégradé, comportement à risque sur le non-port du préservatif, manque de temps ou de moyens… » Chaque année, la Smerep (Sécurité sociale étudiante et mutuelle) ausculte la perception qu’ont les étudiants et lycéens de leur santé, de leur nutrition, de leur vie affective et sexuelle, de leur stress, de leur sommeil et de leur consommation de produits psychoactifs. Et chaque année, le – mauvais – diagnostic se confirme, soulignant, selon la mutuelle, « le caractère impératif de la prévention santé et la facilitation de l’accès aux soins ».
La cour d’assises du Nord a lourdement condamné Fabienne Kabou, stoïque à l'énoncé du lourd verdict, à l’issue de cinq jours de procès pour l'assassinat de sa fille de quinze mois.
Elle s’est levée, puis d’une voix presque éteinte a prononcé «non, merci». Fabienne Kabou n’a plus rien à ajouter au moment où les jurés de la cour d’assises de Saint-Omer partent délibérer. Peut-être a-t-elle compris que le langage est devenu son pire ennemi au terme d’un procès où ses mots, pourtant choisis avec soin, ses phrases si bien tournées, sa syntaxe si précise n’ont cessé de la desservir. Aux yeux de tous, elle est apparue lointaine et froide, faisant de cette intelligence qualifiée de supérieure son armure et son épée.
Durant cinq jours, elle a sidéré la cour par son détachement et le récit quasi chirurgical d’un crime qu’elle n’a jamais tenté de fuir. Au contraire, elle s’est montrée tout aussi soucieuse que les jurés de comprendre pourquoi, cette nuit du 19 novembre 2013, elle a «remis», Adélaïde, sa fille de 15 mois, à la mer du Nord. Quelle est cette «force sans nom» qui l’a poussée à prendre le train pour Berck-sur-Mer ? Comment est-elle devenue ce «jouet du destin», ce«tueur à gages», qui a imprimé ses pas sur le sable glacé de la plage ? Fabienne Kabou n’a pu proposer qu’une seule explication : la sorcellerie.
Psychiatres «sur le fil du rasoir»
Les experts qui ont tenté de cerner la personnalité indéchiffrable de l’accusée ne sont pas parvenus à se mettre au diapason. Un premier collège, composé d’un psychiatre et d’un psychologue, a exclu toute pathologie mentale mais évoqué des «croyances particulières» à l’origine d’une altération du discernement de l’accusée. Lors d’une contre-expertise, trois autres psychiatres, sont arrivés à la même conclusion. Toutefois, ils ont posé un diagnostic différent. Cette «force sans nom» évoquée par Fabienne Kabou pourrait être qualifiée de«psychose délirante».
Daniel Zagury, expert psychiatre au procès de Fabienne Kabou
Daniel Zagury : «[Fabienne Kabou] souffre d’une psychose délirante chronique à dimension persécutive. Quand elle parle de sorcellerie, c’est pour donner un sens commun, partageable à son délire.»
Cela fait quatre jours que les jurés de la cour d’assises de Saint-Omer (Pas-de-Calais) tentent de cerner la personnalité singulière de Fabienne Kabou, 39 ans, jugée pour avoir tué sa fille de 15 mois à Berck-sur-Mer fin 2013. Pour la présidente, l’accusée «ment beaucoup et depuis longtemps». Notamment à son compagnon, Michel Lafon, de 30 ans son aîné. Elle attendra notamment plusieurs mois avant de l’informer de sa grossesse, certifiera avoir accouché à la maternité quand elle le fera à domicile, soutiendra à tort avoir déclaré Adélaïde à l’état civil.«Tant de mensonges qu’elle est au pied du mur, suggère la présidente. Soit elle dit tout, soit c’est le passage à l’acte : faire disparaître cette enfant, c’est faire disparaître ses problèmes.»
Pourquoi cette femme créditée d'un QI de 135 points, a-t-elle livré sa fille à la mer assassine sur la plage de Berck après avoir méticuleusement préparé son acte en vérifiant le coefficient des marées et en achetant ses billets de train.
Fabienne Kabou entre psychose et sorcellerie
«En une heure et demie d’interrogatoire, l’affaire était pliée, explique à la barre Hervé Vlamynck, juge d’instruction, en faisant référence à sa première rencontre avec Fabienne Kabou. Je sais que c’est elle, je comprends que le crime est prémédité. Mais il faut bien expliquer le pourquoi». Cela fait quatre jours que ce «pourquoi» hante la cour d’assises du Nord, à Saint-Omer, que les jurés tentent de cerner la personnalité singulière de cette femme de 39 ans qui, le 19 novembre 2013, a noyé son enfant de 15 mois.
L’accusée a livré un récit chronologique et méticuleux de son crime : après avoir vérifié les coefficients de marée et acheté des billets de train, elle a quitté Paris avec sa fille, Adélaïde, pour Berck-sur-Mer. Le soir, sous l’œil de la Lune «comme un projecteur», elle a «allaité Ada», l’a «bercée» puis l’a déposée sur la plage déserte et s’est «enfuie», laissant œuvrer la mer assassine. En ce qui concerne la matérialité des faits, c’est donc «plié», comme le souligne le juge. Mais «pourquoi» ?
Ses tantes, des fées maléfiques
Interrogée à plusieurs reprises depuis lundi, Fabienne Kabou ne «sait pas», elle ne se reconnaît pas dans le miroir de son acte. Elle a soutenu avoir été «poussée», avoir «agi», «en conflit», elle «n’arrivait pas à dire stop», «avait comme le vent dans le dos», «le sentiment d’être portée». Après avoir évoqué la «traque» de ses tantes, sortes de fées maléfiques penchées sur le berceau de sa fille, ses «hallucinations» avec «ses pieds martelés» ou les«murs qui tonnent», les marabouts et voyants qui n’ont pas su l’aider, Fabienne Kabou ne voit finalement qu’une seule explication à «l’horreur» de son geste : la sorcellerie.
Pour bien comprendre l’irruption de l’irrationnel dans ce dossier, il faut revenir au 23 décembre 2013. La scène se déroule dans le cabinet d’Hervé Vlamynck, au cours d’un interrogatoire fleuve de près de douze heures. A la barre, le juge décrit une sorte de fascination pour Fabienne Kabou, «ce personnage inhabituel» qui s’exprime avec un vocabulaire fourni, une syntaxe et une grammaire irréprochables. «Elle me dit : “Pour vous expliquer mon geste, il faudrait que vous élargissiez votre entendement”. Je lui demande alors si c’est culturel. Je la sens gênée et je suspends l’interrogatoire quelques minutes.» A son retour, Fabienne Kabou parlera de «sorcellerie», terme qu’elle substitue à ceux de «contrainte» ou de «mécanique»employés jusqu’alors. «Pourquoi orientez-vous l’affaire vers la sorcellerie ? J’ai du mal à trouver la racine de votre questionnement culturel», interpelle Luc Frémiot, l’avocat général, soutenant que le magistrat a ainsi suggéré une stratégie de défense à l’accusée. Fabienne Kabou a-t-elle opportunément saisi cette perche ? Ou est-elle persuadée d’être sous la coupe d’esprits malfaisants ?