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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 3 mai 2016

DES STÉRÉOTYPES DE GENRE PLAQUÉS JUSQUE SUR LES CRIS DE BÉBÉS

Par Virginie Ballet — 

Des chercheurs français ont démontré que les adultes ont tendance à considérer que les nourrissons de sexe féminin produisent des pleurs plus aigus que les garçons. A tort.


A la maternité de Lens, le 17 septembre 2013.A la maternité de Lens, le 17 septembre 2013. Photo Philippe Huguen. AFP

On les savait entartrés sur la couleur des tenues des enfants ou encore sur leurs jouets, mais voilà que les stéréotypes de genre s'incrustent jusque dans les berceaux : dans des travaux rendus publics mi-avril, une équipe de chercheurs français a démontré que les adultes ont tendance à penser (à tort) que les cris de nourrissons de sexe féminin sont plus aigus que ceux des garçons. En d'autres termes, à lier gravité de la voix et masculinité. «Ainsi les adultes utilisent ce qu’ils connaissent des voix humaines après la puberté – les voix d’hommes sont en moyenne plus graves que les voix de femmes – et l’appliquent aux bébés, qui pourtant échappent à cette règle» écrit l'équipe de l'institut des neurosciences Paris-Saclay, dans ses travaux publiés dans la revue BMC Psychology (1).
Pour arriver à ce constat, les chercheurs ont commencé par enregistrer les pleurs à la sortie de leur bain de 28 bébés (15 garçons et 13 filles) âgés de quatre mois. En les décortiquant (les pleurs, pas les bébés), ils sont arrivés au constat qu'il n'était «pas possible de distinguer filles et garçons sur la base de la hauteur des pleurs». Pourtant, en faisant écouter les enregistrements à un échantillon d'une trentaine de parents, ceux-ci pensaient que les cris les plus aigus étaient ceux de petites filles, et les plus graves, de petits garçons.

lundi 2 mai 2016

Si « Le Généraliste » était paru en mai 1880 De l’hygiène morale des familles en général et des jeunes filles en particulier

Alain Létot  02.05.2016

La médecine qui, au nom de l’hygiène, est appelée à intervenir si utilement, comme on peut s’en convaincre avec le rapport de M. Delvaille, dans l’installation et le fonctionnement des écoles primaires, ne saurait se désintéresser des établissements d’instruction secondaire ; on nous permettra donc de dire ici quelques mots du projet de loi qui vient d’être discuté et adopté en deuxième lecture par la Chambre des députés sur l’enseignement secondaire des jeunes filles.
Dans un siècle comme le nôtre, de science et de progrès, on comprendrait difficilement qu’on refusât à la femme le droit et les moyens de participer à la vie intellectuelle à laquelle on convie la moitié de la nation. On ne saurait, d’un côté, combattre l’ignorance, et de l’autre l’imposer. Craindrait-on que la femme instruite ne sût pas ou ne voulût pas descendre aux minutieux détails qu’exige la sage administration d’une maison ? Ce serait une erreur profonde, et, pour peu que l’on veuille regarder autour de soi, on ne tard pas à se convaincre que les femmes supérieures à ce point de vue sont précisément celles qui ont reçu l’instruction la plus variée et la plus solide.

Le "bore-out", nouvelle maladie professionnelle?

02.05.2016
bore out
Peut-on considérer le « bore-out » comme une maladie professionnelle ? Si la question n’est pas formellement posée aux prud’hommes de Paris, elle a toutefois été au cœur des débats ce lundi. Ils ont en effet eu à connaître d’un cas d’épuisement professionnel par « placardisation ». En l’occurrence, Frédéric Desnard a été licencié, suite à un arrêt maladie, par l’entreprise où il travaillait depuis huit ans. Pour cet homme, l’origine de ses difficultés remonte à sa « mise au placard », vécue comme une « descente aux enfers insidieuse, un cauchemar » qui lui auraient causé de « graves problèmes de santé : épilepsie, ulcère, troubles du sommeil, grave dépression ». Selon lui, il a été privé de ses attributions « suite à la perte d’un gros contrat pour l’entreprise et d’une restructuration à venir ». « J’ai déprimé, j’avais honte d’être payé à ne rien faire », poursuit le quadragénaire.

Un furieux désir de sacrifice. Le surmusulman




Fethi Benslama





Date de parution 12/05/2016
Comment penser le désir sacrificiel qui s’est emparé de tant de jeunes au nom de l’islam ? Cet essai propose une interprétation dont le centre de gravité est ce que j’appelle le surmusulman. Qu’il revête l’aspect d’une tendance ou qu’il s’incarne, il s’agit d’une figure produite par près d’un siècle d’islamisme. Je l’ai décelée dans ses discours et dans ses prescriptions, mais aussi à partir de mon expérience clinique.

La psychanalyse ne consiste pas uniquement à « thérapeutiser » des gens à l’abri d’un cabinet. Son enseignement clinique permet d’explorer les forces individuelles et collectives de l’anticivilisation au cœur de l’homme civilisé et de sa morale.

Découvrir ce que sentent les personnes atteintes de maladies mentales

QUEBEC  Alexandre Faucher   28 avril 2016

© Photo TC Media - Alexandre Faucher
Les membres du Tournesol de la Rive-Nord proposent trois activités en lien avec les maladies mentales. 
Dans un premier temps, une bande audio est proposée aux gens, qui devront l'écouter tout en discutant ou en vacant à leurs occupations habituelles. Il sera toutefois difficile de se concentrer, étant donné les voix et les bruits qui sont présents sur la bande sonore.
«Ça représente ce qu'une personne schizophrène peut vivre. Elle va entendre ces voix-là au courant d'une journée, une fois par deux semaines ou par mois, l'intensité peut varier», estime le directeur du Tournesol, Richard Miron.
Celui-ci décrit la schizophrénie comme une maladie qui affecte la pensée et les émotions, tout comme les perceptions et les comportements. Les hallucinations perçues ne proviennent pas de la conscience, elles sont imposées à la personne.
La deuxième activité de la semaine consiste à porter un sac à dos avec des livres, briques ou tout ce qui peut ajouter du poids pour représenter la dépression.

En couple et handicapés (Bertrand Morin)

Repères pour accompagner les personnes en situation de handicap intellectuel
En couple et handicapés (Illustration n° 1)
Les personnes en situation de handicap mental, quels que soient le degré et le type de handicap, ont toujours une certaine capacité à la réflexion, au dialogue et à la décision. Mieux, elles sont souvent beaucoup plus conscientes de leurs possibilités et de ce qui est bon pour elles, que ce qu'on imagine. En matière de vie affective, conjugale et sexuelle, elles n'ont besoin de tiers que pour les accompagner afin d'avancer dans leur réflexion, les aider à surmonter certaines difficultés, et parfois leur permettre de réaliser leurs aspirations.

Aisne : menace sur la santé mentale

 Par Éric Jonneau 01/05/2016   
La fusion de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais en Hauts-de-France entraînera la réorganisation de toute la filière santé.  Y compris de la santé mentale, aujourd’hui, pilotée depuis l’établissement de Prémontré.
La fusion de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais en Hauts-de-France entraînera la réorganisation de toute la filière santé. Y compris de la santé mentale, aujourd’hui, pilotée depuis l’établissement de Prémontré.
Une première menace semble s’être éloignée. En juin dernier, un rapport du directeur par intérim de l’établissement public de santé mentale de l’Aisne préconisait une réorganisation de ses services dans le département. À commencer par la fermeture de plusieurs unités de proximité, à Hirson et Chauny notamment, regroupés à Laon ou Soissons moyennant une rétractation de la capacité d’accueil globale. Objectif : faire des économies.
« Je crois que nous sommes parvenus à démontrer que c’était impossible », estime Olivier Fenioux, secrétaire départemental de la CGT Santé.
Le danger s’est éloigné mais il pourrait revenir à l’occasion de la réorganisation des services hospitaliers imposés par le redécoupage des régions. C’est pourquoi infirmiers, médecins et cadres de santé, réunis en cellule de crise, ont tenu à rappeler l’importance stratégique et sanitaire de leurs unités de psychiatrie.

« Matins d’orchestre », la musique pour toutes les oreilles

   Florence Quille, le 29/04/2016
L’Orchestre national de Lille lance des ateliers de sensibilisation spécialement conçus pour les personnes présentant un handicap mental.
Échos de tempête à l’auditorium de Lille : dans l’une des salles de répétition, un petit groupe interprète une scène d’orage. Martine, mine réjouie, joue la pluie au xylophone tandis qu’à la caisse claire, Aurélien simule le vent… Jusqu’au coup de tonnerre final interprété avec fougue par Sébastien, posté au gong. Un peu désordonnée la première fois, la seconde version tient la route : l’équipe a retenu les consignes de la chef d’orchestre improvisée et suivi le tempo malgré l’excitation ambiante.

Sensibiliser à la musique symphonique

Ces musiciens d’un jour sont des jeunes venus du centre d’accueil de jour La Ruche, à Wambrechies (Nord). Invités par l’Orchestre national de Lille (ONL), ils participent au premier « Matin d’orchestre », un atelier de sensibilisation à la musique symphonique spécialement conçu pour les personnes atteintes d’un handicap mental.
C’est le nouveau directeur général de l’orchestre lillois, François Bou (nommé en 2014), qui a entrepris le projet, après avoir expérimenté la formule à Barcelone. « La sensibilisation de ces publics demande une expertise particulière,explique-t-il. À l’Orchestre symphonique de Barcelone, l’équipe pédagogique travaille en lien étroit avec les responsables de foyers spécialisés. Une musicothérapeute rencontre les éducateurs avant chaque atelier. Et la sensibilisation est suivie d’une invitation au concert pour les personnes concernées et leur famille. »

Nommé à la direction de l’ONL, François Bou a décidé d’importer la formule à Lille. « Il ne s’agit pas d’une excuse philanthropique mais bien d’une démarche citoyenne, assure-t-il. Avec ces ateliers, nous poursuivons la politique d’ouverture de l’orchestre en direction des publics les plus larges. »

dimanche 1 mai 2016

Paroles de psychologue. La clinique au quotidien


Ville Evrard

 Date : jeudi 19 mai 2016

Lieu : EPS Ville-Evrard - 

Argument

La psychologie clinique est caractérisée par une grande diversité d’approches du sujet et de ses difficultés tant dans la pratique clinique que dans le travail institutionnel. Aux vues des singularités de notre profession, nous pouvons nous interroger sur les manières d’en définir le fond, les contours, les articulations…
Pouvons-nous définir la psychologie clinique comme un ensemble de techniques permettant d’accompagner la personne en souffrance vers une amélioration de son état, un changement, une pensée différente ? Ou bien plutôt que de mettre en avant la méthode, pourrions-nous parler d’un « art empathique » ?
Cette pratique clinique de la psychologie s’inscrit-elle dans une temporalité particulière par rapport à la vie institutionnelle ? Telles sont quelques exemples de questions qui ouvrent le débat, et permettent aux psychologues de se retrouver pour échanger ensemble. 



Les liaisons du secteur – la pratique psy « hors les murs » – 50ème soirée clinique

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L’organisation de la psychiatrie de liaison, intimement liée historiquement à la psychothérapie institutionnelle, avait pour visée de désagréger les fous de l’hôpital. Qu’en est-il du secteur, 40 ans après, et à l’heure de la nouvelle loi de santé? A côté de la population traditionnelle provenant de l’asile (essentiellement composée des patients dits chroniques ou en crise), s’y rend une autre population plus fluide : le « tout-venant », des névrosés et des dits déprimés qui incarnent le mal de vivre dans la société. Ces suivis « hors les murs » se soutiennent d’étayages plus ou moins importants. Trois axes semblent incomber au secteur : la liaison permettant d’espacer les hospitalisations et proposant un suivi continu en ambulatoire ; un espace dans la cité, troué, liant des lieux hétérogènes, mettant en jeu une pluralité d’offres qui inclut l’hôpital général, l’unité d’accueil familial thérapeutique, le CMP, etc ; la gestion de la crise dans le temps et qui passe par la recherche des solutions alternatives à une hospitalisation classique : exemple, un lieu d’accueil spécifique, le CAC.


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La clinique avec Lacan

La clinique avec Lacan

Cours d’introduction à la clinique d’orientation lacanienne
Pour des étudiants en psychologie
dans le coup de la psychanalyse !

Que proposons nous exactement ?
2013 : Cela fait deux années que nous parlons de la nécessité d’un Cours  d’introduction à l’enseignement de Lacan adressé  aux  étudiants. Pour Laurence Hemmler, c’est son expérience de psychologue à l’hôpital psychiatrique et de Chargée de cours à la faculté de psychologie et donc de rencontres avec les jeunes étudiants en psychologie qui lui a donné le désir de commencer cette expérience à l’Envers de Paris et pour Marie Claude Sureau, c’est l’expérience de groupes de travail à l’hôpital avec la présence de jeunes stagiaires psychologues confrontés à une clinique difficile, sans repères véritables, et l’envie de transmettre le discours analytique aux jeunes générations sans toujours trouver le moyen de les contacter.

Elisabeth Roudinesco: "Il y a un désir inconscient de fascisme dans ce pays"


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Elisabeth Roudinesco: "Il y a un désir inconscient de fascisme dans ce pays"
(Iris Hatzfeld)

L’historienne et psychanalyste s’exprime sur la situation politique française et sur la vie intellectuelle de notre pays, passée en trente ans des maîtres-penseurs aux essayistes ultradroitiers.



Elisabeth Roudinesco. Je crois que l’échec du communisme réel a joué un rôle décisif dans cette affaire. Dans le débat d’idées, on a entamé alors une grande révision de l’histoire de la Révolution française. François Furet nous avait expliqué que 1917 était déjà dans 1793, et que 1793 était déjà dans 1789. Mais avec les «nouveaux philosophes», on a commencé à nous dire que le goulag était déjà dans Marx. Certes, ils étaient beaux, brillants, par ailleurs très différents les uns des autres, certains sérieux, d’autres pas du tout. Mais enfin, il y avait cette thèse qui leur était commune, qu’a fort bien dénoncée Pierre Vidal-Naquet, et qui reposait sur l’illusion rétrospective et l’anachronisme: le goulag est déjà dans Marx, voire dans Hegel ! Or il n’y a pas de goulag dans Marx.




IMEC - Grand soir » consacré à Élisabeth Roudinesco

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Le 20 mai 2016 

 IMEC, abbaye d'Ardenne, 14280 Saint-Germain-la-Blanche-Herbe


Comment devient-on à la fois historienne et psychanalyste ? Quels sont les entrelacs de ce parcours singulier qui traverse également les champs de la littérature, de la philosophie, de la psychiatrie et de la religion, et qui fait d’Élisabeth Roudinesco non seulement une grande figure de l’histoire de la psychanalyse dans le monde mais aussi, à travers ses engagements, ses prises de position et ses controverses, l’un des intervenants majeurs des débats d’idées de notre temps ? 


Les grands soirs #25. Élisabeth Roudinesco

samedi 30 avril 2016

Le fragile équilibre du centre hospitalier spécialisé de Lorquin

30/04/2016

Depuis quelques mois, les banderoles ont été rangées sous les blouses du personnel hospitalier de Lorquin. Les discussions avec l’Agence régionale de santé avancent et la situation du CHS est rassurante mais fragile.

Le 7 mai dernier, le directeur de l’Agence régionale de santé (ARS), en visite au centre hospitalier spécialisé (CHS) de Lorquin, s’était heurté à un solide comité d’accueil : 250 manifestants inquiets de la vaste restructuration départementale des services psychiatriques en cours et de ses répercussions sur le site et ses 630 emplois.
Un an plus tard, la pression est retombée, le dialogue s’est instauré entre la direction, les syndicats lorquinois et l’ARS. Mais la vigilance reste de mise. Car la direction commune des établissements de Lorquin et Jury est actée depuis janvier 2015 et le Projet médical unique en cours de travail associe les Centres hospitaliers de Lorquin, Jury et le CHR de Metz (pour les secteurs de psychiatrie de Thionville).
L’antenne phalsbourgeoise du CHS de Lorquin a fermé ses portes à l’été 2015. L’hôpital de jour basé à Dieuze a suivi quelques semaines plus tard. Les deux services d’admission de Lorquin devraient être transférés au début de l’été 2017 : 26 lits de placement fermé à Jury et une vingtaine de lits de placement libre à Sarrebourg. L’implantation de lits de psychiatrie à l’hôpital général s’inscrit dans le mouvement national de rapprochement de la psychiatrie et de la médecine somatique tant pour destigmatiser la psychiatrie mais surtout afin d’assurer une meilleure prise en charge coordonnée du patient. C’est d’ailleurs un sujet que l’hôpital de Lorquin et celui de Sarrebourg avaient déjà évoqué il y a une dizaine d’années mais qui n’avait pas abouti à l’époque.

Quand maltraitance des soignants rime avec maltraitance des patients

Paris, le samedi 30 avril 2016 – Nous l’avons déjà souligné à plusieurs reprises, les blogs de médecins et de professionnels de santé se penchent régulièrement sur la question de la "maltraitance" des patients. Il apparaît ainsi que des attitudes jusqu’à récemment considérées comme "normales" sont aujourd’hui dénoncées pour leur caractère paternaliste et "irrespectueux". Cependant, parallèlement à ces réflexions sur le lien nouveau entre soignants et soignés, les médecins blogueurs n’en oublient pas d’évoquer régulièrement la question de leur propre maltraitance. L’épuisement professionnel est ainsi un sujet fréquemment abordé.

« Peur de ne plus aimer les gens »

Nul ne semble en effet pouvoir y échapper. La confession récente de l’auteur du Journal de bord d’une jeune médecin généraliste de Seine-Saint-Denis en témoigne. Dans sa dernière note, le docteur Milie débute par cette fanfaronnerie : « Je me considère comme la championne de l’anti burn out », avant de raconter : « Du coup ça m’a surprise quand mon mini burn out est venu ». Le médecin évoque ainsi les doutes, les larmes, le réflexe nouveau de « compter les jours, compter les patients qu’il reste à voir » ou encore pour la première fois « l’appréhension » de reprendre le travail après des vacances. A travers son témoignage, le docteur Milie révèle combien nombre de praticiens se croient à l’abri de la dépression ou de l’épuisement professionnel, mais aussi combien la dureté émotionnelle de ce métier peut affaiblir ceux qui se pensaient les plus solides. Elle décrit enfin les conséquences personnelles du burn out, mais également son retentissement sur les patients : « J’ai peur, peur de ne pas retrouver le plaisir de mon métier que j’adore (…) peur de compter les patients avant la fin de la journée, peur de ne plus aimer les gens ».


Contraindre pour soigner ? Les tensions normatives et institutionnelles de l’intervention psychiatrique après l’asile.

PAR  · 29 AVRIL 2016

De Delphine MOREAU

Sous la direction de Nicolas  DODIER

Thèse en Sociologie, soutenue le 2 décembre 2015 à l’EHESS Paris 

Cette recherche explore la persistance de la contrainte au sein d’une psychiatrie qui a aujourd’hui profondément évolué : soins majoritairement libres et extra-hospitaliers, réduction fortes des durées de séjour. Elle l’étudie à travers deux dimensions : les pratiques coercitives elles-mêmes, resituées dans l’ensemble des interventions des professionnels, et les dispositifs institutionnels, légaux, architecturaux, spatiaux, qui cristallisent un certain arbitrage entre les tensions normatives entre soin, sécurité et liberté. L’exercice de la contrainte n’a cessé d’être au cœur des accusations portées contre la psychiatrie, parfois par les professionnels eux-mêmes : accusation d’arbitraire, d’abus, de violence. Il est parallèlement défendu au nom de la protection des personnes elles-mêmes. L’enquête suit les variations critiques auxquelles les différentes pratiques sont inégalement exposées et les formes de régulations dont celles-ci font l’objet. La mise en perspective historique du cadre juridique français depuis 1838 et son articulation avec les transformations des modalités de prise en charge permettent de mettre en évidence la manière dont les contraintes sont diversement problématisées et encadrées légalement.