Par Virginie Ballet —
Des chercheurs français ont démontré que les adultes ont tendance à considérer que les nourrissons de sexe féminin produisent des pleurs plus aigus que les garçons. A tort.
On les savait entartrés sur la couleur des tenues des enfants ou encore sur leurs jouets, mais voilà que les stéréotypes de genre s'incrustent jusque dans les berceaux : dans des travaux rendus publics mi-avril, une équipe de chercheurs français a démontré que les adultes ont tendance à penser (à tort) que les cris de nourrissons de sexe féminin sont plus aigus que ceux des garçons. En d'autres termes, à lier gravité de la voix et masculinité. «Ainsi les adultes utilisent ce qu’ils connaissent des voix humaines après la puberté – les voix d’hommes sont en moyenne plus graves que les voix de femmes – et l’appliquent aux bébés, qui pourtant échappent à cette règle» écrit l'équipe de l'institut des neurosciences Paris-Saclay, dans ses travaux publiés dans la revue BMC Psychology (1).
Pour arriver à ce constat, les chercheurs ont commencé par enregistrer les pleurs à la sortie de leur bain de 28 bébés (15 garçons et 13 filles) âgés de quatre mois. En les décortiquant (les pleurs, pas les bébés), ils sont arrivés au constat qu'il n'était «pas possible de distinguer filles et garçons sur la base de la hauteur des pleurs». Pourtant, en faisant écouter les enregistrements à un échantillon d'une trentaine de parents, ceux-ci pensaient que les cris les plus aigus étaient ceux de petites filles, et les plus graves, de petits garçons.