Par Sonia Delesalle-Stolper — 11 mars 2016 à 17:51
On arrive à l’heure du thé, forcément. C’est une grande maison au nord du quartier de Notting Hill. Margaret Drabble, 76 ans, y vit avec son mari, le biographe Michael Holroyd. Mais elle s’échappe aussi souvent pour la verdure et l’isolement du Somerset, dans le sud-ouest de l’Angleterre, où elle préfère écrire. Cette grande dame de la littérature anglaise, dont Doris Lessing fut l’amie intime, a le regard bleu profond. Elégante et vive, sa tasse entre les doigts, elle pèse chacun de ses mots, réfléchit à chaque question. Aux murs, les livres sont soigneusement classés par ordre alphabétique. On repère Iris Murdoch, que Margaret Drabble a également bien connue, et puis Joyce Carol Oates, Sir Walter Scott, Ernest Hemingway et même Jean-Paul Sartre. On ne relèvera pas d’ouvrage de sa sœur aînée, A. S. Byatt, auteur, entre autres, de Possession. Les deux écrivains ne sont pas proches et le sujet ne sera pas franchement abordé.
Toutes deux sont des auteurs renommés. Au contraire de son aînée, de trois ans plus âgée, Margaret Drabble ne se destinait pas à l’écriture. Elle a commencé au théâtre, à la Royal Shakespeare Company, comme doublure de Vanessa Redgrave et Judy Dench notamment. Née en 1939 à Sheffield, dans le Yorkshire, deuxième fille d’une fratrie de quatre (elle a aussi une plus jeune sœur, célèbre historienne d’art puis un beaucoup plus jeune frère, avocat comme leur père), Margaret Drabble a été élevée dans le culte de la culture, de l’éducation. Tous les enfants ont étudié, brillamment, à Cambridge. Margaret Drabble a été la première à publier, avec un succès d’estime dès le début. Elle a, depuis, écrit dix-sept romans, dont plusieurs primés.
Sa peinture délicate mais aussi acérée du quotidien, son empathie pour les émois de femmes qui pourraient être toutes les femmes, l’ont placée au panthéon des plus belles plumes de la littérature anglo-saxonne des cinquante dernières années.