LE MONDE | | Par Laetitia Van Eeckhout
Vivant dans le district de Naogaon, dans l’est du Bangladesh, Chobi jure que ses difficultés et ses problèmes sont derrière elle : « Avant ma vie n’était que luttes, mais aujourd’hui ce n’est plus jamais le cas », assure-t-elle. Il y a dix ans à peine, cette mère de famille vivait avec moins de 50 cents par jour, réduite à extraire le jus de tubercules qu’elle chauffait, en ajoutant du sel, faute de sucre, pour enrichir un tant soit peu l’alimentation de ses enfants à qui elle ne pouvait guère donner que du riz ou des pâtes. « Nous n’avions pas notre propre maison. Quand il pleuvait, nous n’avions pas d’endroit sec pour dormir. J’utilisais de vieux chiffons déchirés pour couvrir mes enfants », raconte-t-elle, meurtrie d’avoir perdu son premier enfant faute d’avoir pu lui acheter du lait, ni le nourrir elle-même, trop faible.
En 2006, l’ONG bangladaise Bangladesh Rural Advancement Committee (BRAC) a proposé à Chobi de l’aider en lui donnant trois chèvres et deux vaches, et en la formant à l’élevage. « Avec des boîtes de conserve, j’ai fabriqué une étable. En élevant mes deux vaches, j’ai fini par en avoir huit. J’en ai après vendu cinq et avec les 135 000 takas [1 501 euros] que j’ai gagnés, j’ai construit deux maisons en brique. Maintenant, j’ai 3 vaches, 6 chèvres, 15 poules et 10 canards, raconte-t-elle fièrement. Je vends des canards, des œufs et des poussins, ce qui m’a permis de gagner assez d’argent pour louer un terrain d’un demi-hectare que je cultive. »