REPORTAGE
Depuis le meurtre de son fils par Mohamed Merah, Latifa Ibn Ziaten se rend dans les écoles pour échanger sur la religion et la citoyenneté.
«Bonjour, meilleurs vœux. Je suis la maman du premier soldat tué par Mohamed Merah. Il a volé la vie de mon fils. Je ne peux pas vous expliquer la douleur à l’intérieur de moi. Les fêtes, les anniversaires, je ne sais plus ce que c’est.» Latifa Ibn Ziaten, voilée depuis la mort de son fils, se tient droite, debout face à des élèves de troisième au collège Joliot-Curie d’Argenteuil (Val-d’Oise), réputé difficile. La semaine dernière, la principale l’avait appelée à la rescousse :«Vous savez, dans nos classes comme ailleurs, on entend des "c’est bien fait" et des théories du complot depuis les attentats.»
En mars 2012, quelques jours après la mort de son fils, Latifa Ibn Ziaten se rend à Toulouse, dans la cité des Izards, où Mohamed Merah a grandi. «Des jeunes étaient assis, je leur ai demandé s’ils le connaissaient. Ils m’ont répondu : "Vous regardez pas la télé, madame ? Merah, c’est un martyr de l’islam."» Elle crée l’association Imad Ibn Ziaten pour la jeunesse et la paix. Et sillonne depuis écoles et prisons pour mineurs pour témoigner auprès des jeunes, échanger avec les parents. Leur dire «qu’on peut vivre ensemble malgré nos différences»,combien «il est important de respecter l’école et les professeurs. A la fin, vous aurez quelque chose dans la tête et dans les mains : un diplôme. Vous êtes l’avenir de la France, c’est très important».