Elsa Cayat était psychanalyste mais aussi chroniqueuse à Charlie Hebdo. Elle a trouvé la mort dans l’attentat de mercredi 7 janvier. Deux de ses patients, l’écrivain Alice Ferney et Éric Reignier, chef d’entreprise, consultant en conduite du changement, lui rendent un hommage à deux voix.
Elsa Cayat, la psychanaliste et chroniqueuse pour Charlie Hebdo qui a perdu la vie lors de l’attentat du 7 janvier.
Éric Reignier
J’avais rendez-vous ce mercredi soir avec Elsa Cayat. Deux fois par semaine, j’ai rendez-vous avec elle. Pour la première fois, sa porte était fermée.
Elle tendait la main comme pour un baise-main. Elle se déplaçait à grand pas en croassant un « Alors, dites-moi… » Elle s’asseyait, laissait tomber par terre ses chaussures, recroquevillait sous elle ses pieds nus et répétait « Alors racontez-moi… »
Alice Ferney
Elsa Cayat a été assassinée hier avec les esprits libres de Charlie Hebdo. Elle était psychiatre et psychanalyste, depuis très longtemps ! disait-elle avec vigueur, pour confirmer la passion qu’elle avait de son métier et sa foi dans l’exercice qu’elle en proposait. Elle avait créé pour le journal la rubrique Divan de psy. Ce n’était pas une blague, c’était de l’intelligence pure. Comprendre le psychisme humain autant que la société d’aujourd’hui, les nouveaux vides et les nouvelles souffrances, elle y travaillait dans ses éditos, ses livres et sa pratique. Elle avait beaucoup écouté et beaucoup lu. « Y a deux types qui ont dit des trucs, Freud et Lacan. Les autres ont répété. » Elle était radicale et ouverte, elle se marrait aussi.