Philosophe des sciences, anthropologue, théoricien majeur de l’écologie, puis éminent spécialiste de psychologie sociale, Serge Moscovici professait le nomadisme comme une nécessité de la recherche. Il s’est éteint dans la nuit de samedi à dimanche après une existence qui fut elle-même tout sauf sédentaire.
De sa vie, il écrivait dans Chronique des années égarées (1997), livre de souvenirs écrit à l’attention de ses fils, dont l’actuel commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Pierre Moscovici, qu’elle avait débuté « dans un monde absurde »et pourtant « envoûtant, qui allait se briser sur le roc du totalitarisme ».
Il était convaincu que, sans la guerre, il aurait été marchand de grains, comme son père et son grand-père, sur les rives du Danube ; il eut au contraire une vie « pour laquelle il a fallu se faire, de ses propres mains ». Cette odyssée géographique et intellectuelle, qui l’a propulsé, de sa ville natale en Bessarabie (Roumanie), directeur d’étude à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris, puis professeur à la New School for Social Research à New York, explique sans doute son grand appétit de vivre et de connaître, tout comme l’originalité de sa pensée. Serge Moscovici joua un rôle essentiel dans la naissance de l’écologie politique.