Comment combattre les maladies mentales ? Selon de nombreuses études, la réduction de la stigmatisation dont sont victimes les patients est un enjeu crucial dans le processus de guérison. La biologisation des troubles psychiatriques est-il pour autant la solution ? Attribuer la maladie à des facteurs incontrôlables comporte quelques limites, rappelle notre chroniqueuse Peggy Sastre.
Le 14 juin dernier, la première "Mad Pride" française se donnait comme mot d'ordre le démontage des a priori sur les maladies mentales, des préjugés vecteurs de stigmatisation et entravant directement la guérison – ou, a minima, le soulagement et le bien-être – des personnes atteintes de troubles psychiatriques.
De fait, les études sont nombreuses à démontrer que la réduction de la stigmatisation est un facteur crucial en matière de santé mentale, tant cette stigmatisation ne peut que sur-handicaper les malades, que ce soit dans leurs recherches d'emploi ou de logement, dans leur insertion sociale, leur situationamicale et affective, sans oublier, bien sûr, leur accès aux soins.
Éviter les interprétations morales du trouble psychiatrique
Ces dernières années, à la faveur d'une explosion de recherches et de "découvertes" scientifiques sur les maladies mentales, d'aucuns ont avancé qu'une "médicalisation" ou une "biologisation" des troubles psychiatriques – c'est-à-dire un accent mis davantage sur les facteurs et les caractéristiques organiques de ces maladies – pouvait être un moyen d'atténuer cette stigmatisation.
Le cœur de l'argument, c'est qu'une telle biologisation relèverait d'une neutralisation morale : dire et se dire que les troubles psychiques sont dus à des anomalies/perturbations/déséquilibres d'ordre génétique, neurochimique, anatomique, et j'en passe, permettrait de sortir du paradigme de la "déviance", de la "mauvaise conduite", de la "faiblesse" de la volonté, etc.