Elle a préparé son intervention durant plusieurs semaines. Et le jour J approche : mercredi 26 mars, Ilma Choffel de Witte sera auditionnée par le groupe de réflexion sur « Les risques psychosociaux et le burn-out » (épuisement professionnel), mis en place sous son impulsion, au ministère du travail. Mission de ce groupe, constitué jusqu'en mai : « Clarifier ce que recouvre le burn-out dans l'objectif de donner des recommandations pour mieux prévenir ce syndrome. »
Mme Choffel a beaucoup à dire. Son mari, Nicolas, que sa hiérarchie a continué à solliciter intensément durant un arrêt-maladie pour burn-out, s'est suicidé le 25 février 2013, à 51 ans (Le Monde du 1er avril 2013). Un acte reconnu comme accident du travail fin décembre 2013 par la Caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM).
Peu après le décès de son mari, Mme Choffel avait décidé de faire de la prévention du burn-out dans les entreprises et de sa reconnaissance en maladie professionnelle le combat de sa vie. « Si Nicolas avait vécu aux Pays-Bas, mon pays natal, où la loi protège les salariés en risque de burn-out, il serait encore en vie », assure Mme Choffel, qui a insisté auprès du ministère pour que le groupe auditionne, entre autres, le responsable santé et sécurité d'une firme hollandaise qu'elle juge exemplaire, AkzoNobel.
Toutefois, la question de la reconnaissance en maladie professionnelle (MP) du burn-out, ni d'aucune autre pathologie psychique liée au travail, ne sera abordée par ce groupe, précise la lettre de mission. Ce sujet relève d'autres instances, qui bloquent sur cette reconnaissance. Aucune de ces maladies psychiques ne dispose donc d'un tableau de MP permettant d'imputer automatiquement au travail la maladie du salarié s'il réunit certains critères.