A 85 ans, Claude Béraud n’a rien perdu de sa capacité
d’indignation et de ses talents de polémiste. L’ancien Médecin conseil national
de la Cnamts le démontre encore dans un ouvrage à l’intitulé provocateur : «
Trop de médecine, pas assez de soins »*, qui rassemble 24 articles rédigés des
trente dernières années sur le système de santé. On y retrouve des textes
anciens (mais que l’auteur ne renie nullement) comme le fameux rapport Béraud
de 1992 qui avait fait couler tant d’encre, lorsqu’en quittant la cnamts, le
gastro-entérologue avait entrepris de dresser un inventaire des gâchis et des
abus du système de santé et de l’inutilité de certains actes, qualifiant même
de « petite délinquance » les excès et les abus de certains confrères…
La schizophrénie est fréquente: 1 % de la population souffre de cette affection mentale et l'on compte plus de 12.000 nouveaux cas par an. On ne devient pas concerné par hasard, mais parce que plusieurs facteurs, tant génétiques qu'environnementaux, font souffrir le cerveau. «C'est un problème psychiatrique du “pas de chance”, note le Pr Pierre Thomas (service de psychiatrie, CHU Lille). En effet, c'est le cumul de plusieurs facteurs de vulnérabilité affectant le développement du cerveau, comme la présence de certains gènes, une infection pendant la grossesse, un traumatisme crânien, un stress répété durant l'enfance, etc., qui vont faire que la maladie va se déclarer ou pas.»
Parfois, la schizophrénie débute comme un véritable coup de tonnerre, avec une bouffée délirante, suivie d'une autre, puis d'une autre: le jeune se met à délirer, pensant être en connexion avec des forces occultes. La prise de cannabis est retrouvée comme élément déclenchant dans plus d'un tiers des cas. «Parfois encore, le début est plus insidieux: le jeune développe diversesaddictions (alcool, drogues, longues périodes sur ordinateur) et se met à délirer. L'erreur serait de se dire que ce n'est rien, que tout cela est dû à la prise de la substance psychoactive», poursuit le Pr Thomas. «Consommer du cannabis en quantité multiplie par trois le risque de survenue d'un syndrome psychotique durable comme une schizophrénie, confirme le Pr Laurent Schmitt (psychiatrie, CHU Toulouse), sans doute en raison d'une plus grande vulnérabilité des schizophrènes aux drogues qui servent alors de révélateur.»