Quand Isabelle Cabat-Houssais agite une clochette, ses vingt-trois élèves font silence. C'est l'heure de la séquence de lecture commentée pour les CE1 de l'école de la rue de Lancry (Paris 10e). Sur l'estrade, une enseignante trentenaire dont la bibliothèque regorge d'albums colorés aux titres un peu loufoques : L'Histoire vraie des bonobos à lunettes,Mademoiselle Zazie a-t-elle un zizi ?, Menu fille ou Menu garçon... Face à elle, des enfants de 7 ans, penchés sur un texte de vingt-cinq lignes titré :"Je veux une quiziiine !" L'histoire de Baptiste qui, pour ses 3 ans, voudrait une cuisine et pas une "grosse moto", comme le lui suggère sa maman.
Après avoir laissé les écoliers déchiffrer l'extrait, Isabelle Cabat-Houssais va se limiter, durant une heure, à poser les questions. "Quel cadeau Baptiste souhaite-t-il pour son anniversaire ?" ; "Pourquoi sa mère lui propose-t-elle autre chose ?" ; "Est-ce que son choix vous étonne ?"
Zineddine, petit brun à lunettes, s'agite sur sa chaise, puis se lance : "Il est trop petit pour avoir une cuisine... et c'est pas une fille." Ninon approuve :"Une cuisine, c'est pas trop un truc de garçon." Mattia nuance : "Moi, j'ai une cuisine, je joue avec et je suis un garçon." Ninon lève de nouveau le doigt : "On dit qu'il y a des garçons manqués. Est-ce qu'il y a des filles manquées ?" Samuel rétorque : "C'est chacun ses goûts." Murmures d'approbation.