Lacan, Roudinesco, et les révolutions arabes
Elle a été condamnée. Elisabeth Roudinesco est historienne de la psychanalyse. Elle a été attaquée en diffamation par Judith Miller, la fille de Lacan qui s'estime diffamée dans le dernier livre de Roudinesco. Derrière ce procès, il y a d'autres enjeux. Le contrôle de l'histoire, la censure, les « ayant-droits » et même la récupération des révolutions arabes par Bernard Henri Levy.
Dans « Lacan, envers et contre tout » (Seuil), Roudinesco écrit p.175 :
« Lacan mourut sous un faux nom, le 9 septembre 1981, la clinique Hartmann des suites d'un cancer du côlon qu'il n »avait jamais voulu soigner. Bien qu'il eût émis le vœux de finir ses jours en Italie, à Rome ou à Venise, et qu'il eût souhaité des funérailles catholiques, il fut enterré sans cérémonie et dans l'intimité au cimetière de Guitrancourt. »
Sans lire le livre...
Judith Miller s'estime diffamée et « fondée à agir puisque c'est notamment et principalement contre elle qu'est dirigée l'accusation d'avoir trahi les volontés d'un mort, » lit l'assignation en justice.
Une lecture libre et assez subjective de la phrase de Roudinesco où « eût souhaité » devient « trahison des volontés d'un mort ». Judith Miller admet d'ailleurs n'avoir pas lu une ligne du livre de Roudinesco, on lui a lu l'extrait au téléphone.
Roudinesco a beaucoup d'ennemis car elle n'hésite pas à monter au front lorsqu'une dérive sectaire ou idéologie totalitaire vient s'infiltrer dans le débat.
Lorsque Michel Onfray onanisant sur des fantasmes de Freud baisant ses patientes se met à vomir sur toute l'œuvre du maitre, c'est elle qui monte seule au front avec un très sérieux « Mais pourquoi tant de haine » (Seuil) où elle profite de l'occasion pour faire une belle leçon d'historiographie à l'auteur du crépuscule d'une idole.
C'est Roudinesco aussi l'une des très rares personnalités à appeler au soutien inconditionnel des révolutions arabes alors que les différents experts, analystes ou politiques continuent d'agiter le spectre islamiste.
C'est Roudinesco encore que les défenseurs des libertés sur l'internet vont retrouver bientôt en première ligne. En lisant « Mais pourquoi tant de haine », on apprend ainsi que des lobbies comportementaliste américains tentent en ce moment de faire classer internet comme Internet Addiction Disorder, une addiction à soigner aux coté de l'alcool ou de la cocaïne. Ça valait le coup de répondre à Onfray.
Peu de voix en défense
Face à Judith Miller par contre, Roudinesco est très peu défendue. Un peu parPascale Robert Diard ou Michel Rotfus sur leurs blogs ainsi que, exception notable des psychanalystes du CIFPR qui prennent position.