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mercredi 1 février 2012


Des chercheurs français affûtent une nouvelle arme contre la maladie d'Alzheimer

LEMONDE.FR | 25.01.12
L'équipe du professeur Baulieu a étudié des coupes de cerveaux de patients décédés avec une démence, qui confirment une forte diminution de la protéine FKBP52 chez les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.
L'équipe du professeur Baulieu a étudié des coupes de cerveaux de patients décédés avec une démence, qui confirment une forte diminution de la protéine FKBP52 chez les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.Inserm
Le Monde.fr : Qu'avez-vous découvert ?
Etienne-Emile Baulieu : Nous avons découvert ce que je considère comme une arme. C'est une protéine, appelée FKBP52, qui pourra nous servir à contrôler le fonctionnement pernicieux d'une autre protéine, dite TAU, dont les pathologies sont décisives dans les processus qui causent la démence sénile et sa forme la plus courante : la maladie d'Alzheimer.
Il y a deux ans, nous avions publié, avec ma collègue Béatrice Chambraud, des résultats d'études réalisées in vitro, sur des cellules cérébrales isolées dans un tube à essai. Aujourd'hui, avec Julien Giustiniania, nous avons obtenu des résultats chez l'homme en accord avec les précédents : nous montrons que chez des personnes décédées de la maladie d'Alzheimer ou d'autres maladies neurodégénératives liées à la protéine TAU, il y a un effondrement de 75 % de la protéine FKBP52.
Nous avions cloné FKBP52 il y a vingt ans déjà, dans le cadre d'autres recherches. En l'observant plus à fond, on voit désormais qu'elle agit, selon les circonstances, comme un modulateur, un contrôleur du fonctionnement de TAU. C'est donc celle-ci qu'il nous faut "booster" à nouveau, dans le cerveau des malades, pour traiter la maladie.
Quelle est la prochaine étape ?
Nous sommes à la recherche de molécules qui nous permettront de stimuler la relation entre les protéines TAU et FKBP52. Cette dernière peut en effet être"droguée", c'est-à-dire que nous pouvons agir avec de petites molécules capables de se fixer sur des sites d'interaction présents sur FKBP52. Nous testons, nous "tripotons" une multiplicité de molécules, pour voir si l'une d'elles peut renforcer l'activité favorable de FKBP52.
Pour cela, nous travaillons avec des physiciens (l'équipe du docteur Lippens, au CNRS de Lille), qui observent les interactions entre les deux protéines, et qui mesurent, par résonance magnétique nucléaire, les modifications que nous tentons de causer.
Nous travaillons également sur des organismes vivants : des souris transgéniques et, depuis peu, des poissons-zèbres avec le docteur Marcel Tauk. Ceux-ci ont l'avantage de se développer très vite : ils passent en trois jours seulement du stade de l'œuf à l'âge quasi-adulte. Nous entravons le développement de leur système nerveux, en empêchant le FKBP52 de seformer. Ainsi, nous tentons de faire un tri parmi les molécules qui pourraient nouspermettre d'agir comme nous le souhaitons sur FKBP52.
Des poissons-zèbres dans un laboratoire scientifique à Taïwan, en 2005.
Des poissons-zèbres dans un laboratoire scientifique à Taïwan, en 2005.AP Photo/Taiwan Academia Sinica, HO
Pensez-vous pouvoir en tirer un traitement ?
Notre but, c'est d'obtenir un médicament pour guérir la maladie d'Alzheimer et les autres pathologies liées à la protéine TAU. Cela peut aller vite : j'espère que nous pourrons proposer une, deux ou trois structures de médicaments acceptables d'ici trois à cinq ans. Il faudra ensuite évaluer leurs effets sur l'homme, ce qui peut prendre un an. C'est aussi une question de chance : nous testons quantité de molécules, mais nous ne savons pas quand nous trouverons la bonne.
Nous voulons également mettre au point un test, qui permettra de mesurer le taux de protéine FKBP52 dans la période qui précède, de vingt ou trente ans, l'apparition des signes cliniques de la maladie d'Alzheimer. C'est une hypothèse : il s'agira de savoir si un taux abaissé peut indiquer un risque accru de développerla maladie.
Louis Imbert

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