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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 23 février 2011

L'Académie de médecine veut faciliter l'adoption nationale

© AFP - Bertrand Guay
© AFP - Bertrand Guay
L'Académie nationale de médecine propose de faciliter l'adoption en France, en particulier en accélérant les procédures d'adoption d'enfants en danger, selon un rapport rendu public cette semaine.
Environ 700 enfants sont adoptés chaque année en France tandis que 8.000 familles reçoivent un agrément en vue d'adopter. Sont adoptables les enfants dont les parents ont consenti à l?adoption et les pupilles de l?Etat recueillis par le service de l?aide sociale à l?enfance. Sont aussi adoptables les enfants déclarés abandonnés par décision de justice suite à un désintérêt de leurs parents depuis plus d?un an.
Constatant que l'adoption en France est "difficile", l'Académie de médecine déplore la "complexité" du système, réparti entre plusieurs ministères et les départements.
Ce qui entraîne une "lenteur" du processus: "ce n'est en moyenne qu'après cinq ou six ans de suivi que l'enfant en souffrance peut accéder au statut de pupille de l'Etat", déplore le rapport adopté mardi par l'Académie.
Cette dernière prône donc de "simplifier les structures administratives et judiciaires de prise en charge des enfants en danger et harmoniser leur fonctionnement".
En cas de sévices avérés, "un retrait des droits parentaux qui permet l'adoption doit être, même sans condamnation pénale, prononcé sans délai", poursuit l'Académie de médecine.
Elle estime aussi que "le signalement par le médecin de sévices avérés à l'enfant, laissé actuellement à son appréciation, devrait être obligatoire".
La notion de "désintérêt parental" de l'enfant placé devrait être évaluée plus rapidement, en "six mois".
La complexité de l'adoption avait déjà été pointée par le rapport de Jean-Marie Colombani remis en 2008 au gouvernement, qui avait ensuite promis un projet de loi, prévoyant notamment la simplification des procédures et l'accélération de la déclaration de délaissement.
L'association d'aide aux démunis ATD-Quart Monde s'est à plusieurs reprises montrée inquiète à l'idée que l'on retire trop vite et trop facilement leurs enfants à des familles pour la seule raison qu'elles sont confrontées à des difficultés économiques.
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Les Livres de Psychanalyse

Le livre de pierre. Psychisme et cancer
Louise L. Lambrichs

Mars 2011 – Seuil
La question des rapports entre médecins et psychanalystes dans la prise en charge des malades atteints de cancer conserve aujourd'hui, au-delà des malentendus et des polémiques médiatiques, toute son actualité.
De ce point de vue, Pierre Cazenave, psychiatre psychanalyste atteint lui-même de cancer, décédé en 1995, a permis de soulever une question qui doit demeurer présente aussi bien dans l'espace médical que dans la société. Ce livre, fondé sur des entretiens entre Pierre Cazenave et Louise L. Lambrichs, et qui fut la première pierre du Centre psychisme et cancer (Paris, XIIIe), met en lumière les enjeux théorico-cliniques qui animent la prise en charge de ces malades victimes de pathologies somatiques graves, possiblement mortelles.
Cette édition augmentée apporte au texte initial des éléments nouveaux (préface inédite, longue postface de Françoise Bessis notamment), destinés à nourrir la réflexion tant des malades que des médecins et des cliniciens du psychisme.
Les Livres de Psychanalyse

Masculinités : état des lieux

Daniel Welzer-Lang (dir.)
Mars 2011 – Erès
Historien, psychologues, psychanalyste, sociologues, musicologue, géographe, spécialistes de l'art et des sciences de l'éducation, philosophe, linguiste présentent un état des lieux des études de genre sur les " masculinités ".
Le livre aborde ainsi de vastes domaines des vies masculines : sexualités, vie scolaire, loisirs, musiques urbaines, paternité, homoparentalité, violences, prison, guerre, suicide, art, etc. Il questionne l'avenir des relations homme/femme dans notre société en transition rapide et aborde concrètement certains changements masculins, mais aussi certaines résistances masculines au changement.

L'Établissement public médico-social ouvrira le 1 er septembre - Bouvron

lundi 21 février 2011
Patrick Cornu, directeur général (deuxième à partir de la gauche) indique que des portes ouvertes du nouvel établissement auront lieu en juin. Mercredi dernier, lors d'une réunion publique d'information, Patrick Cornu, directeur général de l'établissement Le Littoral qui chapeaute la structure de Bouvron, a annoncé l'ouverture de l'Etablissement public médico-social (EPMS) pour le 1 er septembre : « Le centre va recevoir 24 résidents permanents et trois en hébergement temporaire. Ce sont des personnes souffrant de doubles inadéquations psychique pour qui, ni le secteur médico-social, ni la psychiatrie n'ont de solutions suffisantes. Ce sont souvent des personnes déjà admises et dont les troubles du comportement pénalisent la vie des autres ». Ces patients ont très peu de projets de sortie, d'où la mise en place de projets de vie à travers cette structure innovante qui répond à leurs besoins. « Ces personnes ont des soins en continu. Ils sont relativement autonomes, mais tous demandent un accompagnement rapproché ».

Christine Aubert, cadre administratif et psychologue, dirigera l'établissement. Elle insiste sur la capacité d'accueil qui va vers les besoins des résidents : « La première chose est de promouvoir la santé et la qualité de vie de ces personnes et s'apprivoiser avec la population, en intégrant, pourquoi pas, certains patients vers des associations locales. Toutes les sorties sont accompagnées et la fermeture du site est plus dirigée vers les résidents eux-mêmes. »


40 emplois


L'établissement qui s'étend sur 2 500 m 2 , se divise en trois unités de neuf chambres avec locaux communs. Une rue centrale intérieure relie l'ensemble. Un partenariat est assuré avec l'EPMS Le Littoral, le CHS de Blain et le centre hospitalier de Saint-Nazaire. Quarante postes seront présents sur place : un médecin psychiatre et un généraliste, des infirmiers, ergothérapeutes et personnel éducatif. Les recrutements auront lieu soit par mutation, soit sur candidature libre, mais les compétences demandées seront très spécifiques pour assurer la bonne marche de ce projet qui, selon Patrick Cornu, « s'annonce très particulier, tant par son échelle, sa situation et les résidents qui vont y vivre longtemps ».

Bilan Annuel du Pôle Santé et Sécurité des Soins

Voici maintenant 2 ans que le Pôle Santé et Sécurité des Soins a été créé au sein du Médiateur de la République. Chargé de renforcer le dialogue entre les usagers du système de soins et les professionnels de santé, il analyse et traite toutes demandes d'information ou réclamations qui mettent en cause le non respect du droit des malades, la qualité du système de santé, la sécurité des soins et l'accès aux soins.

Quelques chiffres pour 2010
• 11 880 contacts au centre d’appels
• 1 400 courriers reçus en cours de traitement
• 282 formulaires web traités
• 39 % des requêtes concernant un évènement indésirables médical ou chirurgical
• 20% des requêtes faisaient état de maltraitance ou de violence

A noter que pour l’année 2010 près de 18% des requêtes proviennent de professionnels, en situation de dialogue bloqué avec un patient, subissant un isolement professionnel après un accident médical, ou menacé dans leur activité… Ils sont à la recherche d’un interlocuteur indépendant et neutre. C’est pourquoi P3S a mis en place au cours de l’année une cellule d’accompagnement et de soutien des professionnels qui intervient dans la prise en charge du stress post traumatique de professionnels confrontés à des situations complexes et sensibles, associées à une rupture de dialogue avec les acteurs concernés sans perspective de solutions.

   *  Télécharger le bilan annuel (PDF - 429.5Ko)

Contact presseChristine Tendel : 06 74 22 75 62
Claire Lancry : 01 55 35 23 14
Nouvelle vague de thérapie cognitive

La troisième génération de psychothérapie cognitivo-comportementale basée sur la pleine conscience a le vent en poupe. Elle peut être proposée dans la prévention des récidives dépressives.


Dans la dépression, la rechute est le problème central car au fil du temps, les évènements de vie de faible intensité sont capables de déclencher des rechutes dépressives. La première hypothèse est que la dépression laisse une cicatrice cognitive qui pousserait à une attitude de dysfonctionnement concernant l’estime de soi. Mais ce modèle a été rejeté car cette hypothèse n’a pas été confirmée. En fait, une explication actuelle se base sur le concept qu’il existe une sélection préférentielle d’évènements négatifs, ce qui introduit un biais de mémorisation chez les dépressifs. Selon Teasdal, une petite humeur triste donnerait plus rapidement accès aux souvenirs négatifs chez les gens qui ont déjà fait un épisode dépressif. D’où un glissement rapide vers la rechute dépressive renforcée par le biais cognitif de l’enchaînement des pensées négatives. Sur cette base de vulnérabilité acquise, les patients ayant souffert de troubles dépressifs ruminent davantage les pensées négatives. « Ils pensent que ruminer servira à résoudre leurs problèmes » indique le Dr Frédéric Mélinand (Toulouse). L’idée des TCC de nouvelle génération est d’amener les patients à avoir une stratégie de coping et de prendre conscience de leurs ruminations mentales. La MBCT (Mindfulness Based Cognitive Therapy) ou pleine conscience est l’alliance de la pleine conscience et de sciences cognitives. Largement diffusée par Jon Kabat-Zinn (Université de Massachusetts, Etats-Unis), elle comprend des pratiques méditatives permettant de prendre conscience du fonctionnement en « pilotage automatique », des communications interpersonnelles, des ruminations mentales, des émotions en relation avec les sensations corporelles, des habitudes et des encodages comportementaux de la vie quotidienne. Elle se base aussi sur la méditation ancestrale de Vipasana et la pleine conscience. Schématiquement, la pleine conscience se pratique en portant son attention, intentionnellement, au moment présent, sans juger, sur l’expérience qui se déploie. Ces maîtres mots sont : attention, intention et attitude. Il ne faut pas attendre de résultat immédiat ni d’état de relaxation mais plutôt penser « Je m’autorise à faire l’expérience pour arriver à une re-perception ». Pour le Dr Frédéric Melinand (Toulouse), « Les pensées deviennent un simple sujet d’observation et ce qui est original, c’est qu’on ne discute pas le contenu de la pensée, c’est un simple procès mental à contrôler ». Le focus attentionnel a pour objectif de faire prendre conscience des pensées négatives et de générer un autre comportement. La MBCT ne traite pas l’épisode aigu mais elle est un axe de traitement pour la prévention des rechutes. Les meilleurs répondeurs sont ceux qui présentent des troubles anxieux car le programme s’inspire d’une thérapie à destination de ce type de patients. Ces patients s’approprient bien ce genre de programme puisque 43 % des patients qui le débutent ont une pratique régulière au bout de 48 semaines. En revanche, les patients déprimés ayant un ralentissement cognitif ont beaucoup de difficultés avec ce programme-là. « La troisième vague de TCC est un nouveau paradigme avec des notions importantes d’acceptation et d’engagement » a conclu le spécialiste.

Dossier réalisé par Muriel Gevrey

lundi 21 février 2011

cyberpresse.ca

L'électrostimulation demeure une pratique controversée


En un peu plus de 20 ans, plus de 75 000 patients souffrant de la maladie de Parkinson ont reçu un électrostimulateur dans leur cerveau, par l'entremise d'une chirurgie.

(Washington) La plus importante rencontre scientifique généraliste de la planète bat son plein. Plus de 6000 chercheurs du monde entier participent à 150 symposiums sur les questions de l'heure, du réchauffement de la planète à la lobotomie en passant par la crise alimentaire. La Presse couvre l'événement à Washington.

Depuis le début du millénaire, la neurochirurgie fait un retour en psychiatrie. Les temps ne sont plus à la lobotomie. Mais même si elles sont moins invasives, les nouvelles techniques sèment la controverse.

En un peu plus de 20 ans, plus de 75 000 patients souffrant de la maladie de Parkinson ont reçu un électrostimulateur dans leur cerveau, par l'entremise d'une chirurgie. La technique est utilisée expérimentalement depuis une demi-douzaine d'années pour des maladies psychiatriques allant de la dépression à la compulsion, en passant par le syndrome de la Tourette. Les autorités médicales américaines permettent même l'électrostimulation cérébrale depuis 2009 pour des patients sévèrement atteints de trouble obsessif compulsif (TOC).

«Nous devons tenir compte de l'histoire très négative entourant les traitements physiques des maladies mentales», explique Joseph Fins, spécialiste de bioéthique à l'Université Cornell de New York. «Le public n'a entendu que les histoires d'horreur. Mais dès les années 70, les comités gouvernementaux américains qui se sont penchés sur la neurochirurgie en psychiatrie ont dû admettre qu'il existait certaines indications de traitement.»

Le Dr Fins s'est aussi penché sur les électrochocs, signant dans le dernier numéro de la Revue canadienne de psychiatrie un éditorial en faveur de cette technique. Au Canada, l'électrostimulation cérébrale est utilisée pour le Parkinson, et des programmes de recherche sur son utilisation pour la dépression et l'alzheimer existent à l'Université de Toronto.

Améliorations


Au fil de 11 ans d'essais cliniques sur 50 patients souffrant de TOC, Benjamin Greenberg, de l'Univesité Brown, au Rhode Island, a vu des améliorations moyennes de 25% dans la sévérité des symptômes. «Il faut réserver l'électrostimulation aux patients qui ont tout essayé sans que ça ne fonctionne, et qui sont sévèrement handicapés. On parle de gens qui passent leur journée, de l'aube jusqu'à tard dans la nuit, à vérifier et réarranger l'ordre de certains objets pour calmer leurs anxiétés.»

Le taux de défaillances techniques - des électrodes qui se brisent - est d'entre 0,2% et 0,4% par année, selon le Dr Greenberg. Michael Okun, neurologue à l'Université de Floride, ajoute qu'environ 5% des patients ont des infections ou des hémorragies dues à l'implantation des électrodes.

Même portrait pour la dépression, selon Helen Mayberg, neuropsychologue à l'Université Emory à Atlanta. «Il faut que les patients aient tout essayé et il faut les surveiller étroitement par après, dit le Dr Mayberg. Il peut y avoir des effets secondaires négatifs, des tentatives de suicide. Il faut que les patients continuent à prendre leur médication. Et il faut s'occuper de réadaptation: ce n'est pas tout d'avoir moins de pensées négatives ou plus de pensées positives, il faut réapprendre à fonctionner socialement, tout comme un patient ayant une opération de la hanche après avoir passé des années en fauteuil roulant doit réapprendre à marcher. Les patients ont parfois des attentes trop hautes face au traitement.»

Le Dr Fins estime quant à lui que la recherche est trop dépendante du financement industriel. «Les organismes publics ne veulent pas toucher à ce domaine de recherche, dit le Dr Fins. C'est une erreur. La Food and Drug Administration (FDA) a autorisé l'électrostimulation pour les TOC avec un programme spécial pour les maladies «orphelines», qui touchent moins de 4000 patients aux États-Unis et qui n'attirent donc pas assez de financement de recherche. Cela limite les possibilités de monter des projets de recherches solides qui établiront l'efficacité de l'électrostimulation. Et il pourrait y avoir des problèmes de fiabilité, comme ça a été le cas pour d'autres appareils médicaux approuvés dans le cadre du programme des maladies orphelines.»
Mathieu Perreault
Publié le 19 février 2011






Il faut protéger la petite enfance du sécuritaire
18.02.11

Point de vue

Sept ans après son premier rapport où il avait "inventé" l'idée fallacieuse du dépistage dès la crèche des bébés agités pour prévenir la délinquance, Jacques-Alain Benisti récidive dans un second rapport sur la prévention de la délinquance des jeunes. On aurait pu s'attendre à des propositions qui aient atteint l'âge de raison. Malheureusement les mêmes présupposés erronés persistent, malgré un langage plus policé et des précautions oratoires. L'auteur se souvenant sans doute de la réprobation massive par la société de son premier rapport, et des 200 000 signataires qui, en quelques semaines, ont répondu à l'appel "Pas de 0 de conduite pour les enfants de trois ans".

Ainsi, finaud, M. Benisti concède que tous les enfants présentant "des signes de mal-être à 3 ans ne deviendront pas des délinquants à 15 ans". Mais ne cède pas quand il maintient qu'"on constate à l'inverse, parmi les mineurs délinquants, un certain nombre de points communs dès leur plus jeune âge". Dès lors il retombe in fine sur une proposition fleurant bon la détection précoce des futurs délinquants, en concluant : "C'est pourquoi il est fondamental de focaliser la politique de prévention de la délinquance sur la prévention précoce". Dans cet esprit, la philosophie du nouveau rapport de M. Benisti se résume entièrement à l'objectif affiché de "faire de la politique de prévention de la délinquance le carrefour de toutes les autres politiques : sociales, ville, judiciaire, protection de l'enfance, scolaire".

Depuis la publication de l'expertise Inserm sur "le trouble des conduites chez l'enfant" en octobre 2005, le gouvernement, se justifiant des spécialistes et scientifiques qui le conseillent, confirme sa volonté de mettre en application la logique de pensée et de politique de prévention préconisée dans ce rapport. Logique et récupération politique contre lesquelles le collectif Pas de zero de conduite s'est constitué en janvier 2006, et mène sans relâche depuis, actions et réflexions.

Nous nous élevons contre cette énième tentative, quelques mois après la publication du rapport de M. Bockel, de pervertir la prévention auprès des bébés et de leur famille en l'annexant à la politique de prévention de la délinquance. Mais que vient donc faire la prévention de la souffrance psychique et des difficultés de développement des jeunes enfants dans la galère de la prévention de la délinquance ? Et qu'ont à faire dans cette même galère le "développement de la capacité langagière d'un enfant", la "culture précoce de la parentalité et de la bientraitance dès les premiers mois de vie", ou la proposition de "rendre les écoles maternelles obligatoires pour les enfants de 3 ans" ?

En reprenant les propositions de "cours de parentalité" si proches des projets de "coaching parental" chers à M. Bockel, en proposant de subordonner la protection de l'enfance à la prévention de la délinquance, en appelant les professionnels à une "obligation d'informer les maires de tout ce qui peut porter atteinte à la santé et à l'équilibre des enfants", le rapport 2011 de M. Benisti nous rejoue la partition de son rapport 2004. Une partition fondée notamment sur l'infantilisation, la suspicion et la sanction à l'égard des parents, et sur une nouvelle tentative d'assigner aux professionnels une mission de pistage et de contrôle qui dévoie la pratique et l'éthique de leurs métiers.

La logique de toute cette soit-disant "prévention de la souffrance" n'est en réalité que répression anticipatoire à une délinquance annoncée. Le tout servant à professionnaliser la délation, le contrôle et la répression. On repère, puis on met au carré, puis on sanctionne si ça ne plie pas. Les enfants par les parents, les parents par les professionnels, les professionnels par les parents, le tout avec des élus et une justice instrumentalisés.

Cette illusion de "mise au carré" en guise d'aide aux enfants en difficulté tend à se décliner avec cohérence du côté des enfants, comme du côté des adultes. En direction des enfants par un effacement des frontières entre l'éducation et le conditionnement précoce. En direction des parents par un effacement des frontières entre soutien à la parentalité et contrôle, entre accompagnement dans les difficultés et sanctions. En direction des professionnels enfin, par un brouillage des repères, missions, métiers, services au profit de protocoles, programmes et procédures d'expertises imposées.

LA PRÉVENTION PRÉVENANTE

Nous réaffirmons que la prévention prévenante est une finalité en soi qui n'a pas à se nicher à l'ombre des politiques de sécurité. Pourquoi céder à une telle manipulation qui relève au mieux d'une erreur idéologique, au pire d'un mensonge stratégique visant à concentrer les ressources et les moyens publics dans des dispositifs sécuritaires au détriment des institutions de santé, d'éducation, d'action sociale ?

Faut-il encore le redire ? Le collectif Pas de zero de conduite œuvre pour faire reconnaître l'importance et l'urgence de la prévention prévenante en faveur des enfants. Mais pas n'importe laquelle, et à n'importe quel prix humain, social, éthique. Nous insistons sur l'importance d'une prévention psychologique prévenante qui s'adresse aux enfants et à leur famille pour éviter que la souffrance, l'inadaptation, la perte de confiance en soi ne nuisent à leur développement, à leur épanouissement, à leur liberté future. Nous ne partageons pas cette défiance à l'égard des jeunes, contrairement à M. Benisti qui se dévoile en citant en exergue de son rapport : "Ne tardez pas à vous occuper des jeunes, sinon ils ne vont pas tarder à s'occuper de vous". L'engagement des professionnels du social, de la santé, de la psychologie, de l'éducation pour la prévention vise à protéger les enfants contre les dommages occasionnés en eux par des violences subies dans la société et les relations familiales et non à protéger la société et la famille contre les enfants.

Nous demandons aux pouvoirs publics que les ministères de la santé, de l'éducation, des affaires sociales retrouvent leurs bébés, au lieu de laisser orchestrer une politique de l'enfance rétrécie à la prévention de la délinquance par les ministères de l'intérieur ou de la justice. Il est fondamental de protéger la petite enfance du sécuritaire, de faire échec au rapt des bébés par les politiques de lutte contre la délinquance.

Sylviane Giampino, psychologue petite enfance, psychanalyste, Michel Dugnat, pédopsychiatre et Pierre Suesser, pédiatre en protection maternelle et infantile, sont membres du collectif Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans.

dimanche 20 février 2011

Pas des auxiliaires de police....
18 février 2011

Un homme est admis un soir dans un service de psychiatrie à la suite d’une tentative de suicide en garde à vue. Il est sans papiers. La police est catégorique et quelque peu pressante : quand on sera sûr qu’il ne risque plus de salir de son sang les fauteuils de l’avion, il devra être immédiatement reconduit à la frontière. Laquelle ? On ne sait pas vraiment mais on trouvera… L’homme se montre à son tour insistant, déversant ses torrents d’angoisse dans le puits d’incertitude qui s’est ouvert devant lui. Vous allez me donner à la police ? Non ! répondent les consciences unanimes. Sachant ce qu’il risque, personne ici ne se voit assumer le rôle d’auxiliaire d’une telle barbarie.

L’attente, insupportable, se poursuit les jours suivants. L’infirmier renvoie au médecin, qui renvoie à l’administration, qui renvoie à l’agence régionale de santé... mais personne ne semble capable de prendre une décision. Parce que les établissements de santé ne sont pas là pour assumer la politique migratoire du gouvernement. Parce que la situation administrative de cet homme est visiblement au cœur de la problématique qui l’a conduit à vouloir mettre fin à ses jours. Parce que l’accès aux soins dans ce pays est universel et que les conditions faites à ce patient le privent de ce droit à bénéficier d’une prise en charge adaptée. Dans le silence assourdissant de l’administration dont les mécanismes de fonctionnement n’ont que faire de l’urgence de la situation, la possibilité d’une demande d’autorisation temporaire de séjour pour raison médicale est évoquée.

Bien sûr, aucune raison médicale ne justifiant l’isolement du patient, celui-ci passe son temps à explorer les failles du système de sécurité et il ne tarde pas à trouver, force une fenêtre et parvient à s’échapper en sautant du premier étage, vêtu d’un simple pyjama. Il n’a sur lui que son téléphone portable. Il prend tous les risques, soulageant tout le monde du poids de ce lourd fardeau d’avoir à choisir entre sa conscience morale et l’obéissance à la loi. Tous les risques ou presque… puisque face à la pression policière, les infirmiers présents dans le service ont dû tenir bon pour éviter que certaines informations en leur possession ne soient utilisées pour mettre fin à cette dangereuse cavale et ne conduisent à la mise en cause des proches du patients, eux aussi coupables de « complicité de séjour irrégulier sur le territoire français ».

L’importance des forces de police déployées et l’énergie mise par les agents pour continuer la traque ont laissé ce jour-là planer dans l’air une drôle d’impression… Serions-nous si loin de cet État de droit respectant l’être humain et la liberté de conscience de chacun ? Heureusement, un vide juridique donne 48 heures à l’établissement pour signaler la « sortie » du patient et rien n’oblige les soignants à révéler à la police des informations personnelles couvertes par le secret médical. La pression était la seule arme des agents et elle n’a pas fonctionné. Rien ne nous oblige à livrer nos patients à la police !

L’homme, lui, a repris sa course, sans papiers, sans argent, il ne peut compter que sur lui-même. Peut-être aurions-nous pu mieux faire si nous avions su lui garantir la sécurité dont il avait besoin mais nous avons en tout cas évité le pire, l’expulsion tant redoutée vers un pays qu’il ne voulait même pas nommer tant il avait peur d’y être renvoyé.

Cette histoire devrait au moins servir d’exemple à ceux qui, comme nous, se trouvent face à ce type de situation : avec un peu de bonne volonté et de coordination, nous pouvons éviter l’expulsion de nos patients sans papiers et leur délivrer les soins auxquels ils ont droit comme tout être humain.
Gilles

Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 90 (17/02/11)

samedi 19 février 2011

Bioéthique : Traduisons l'évolution du modèle familial dans le droit
16.02.11

Point de vue

La révision de la loi bioéthique est l'occasion de nombreuses confrontations. Au cœur des débats, c'est la place de l'individu dans la famille et celle de la famille dans la société qui sont interrogées. Dans la transformation de la société que permettent le progrès scientifique et la progression des libertés individuelles, les principes d'égalité, de solidarité, de laïcité doivent prévaloir.

L'accès à la contraception, la libération sexuelle et les progrès de la science ont profondément bouleversé le modèle familial français. L'arrivée de l'enfant est mieux préparée, parce qu'elle est le résultat de la volonté des parents. De nouvelles formes de vie familiale se sont banalisées. Les parents élèvent leurs enfants ensemble ou séparément, seuls ou avec leurs conjoints. Aux familles traditionnelles, monoparentales ou recomposées, s'ajoutent les familles devant faire appel à la procréation assistée, celles qui sont fondées par un couple homosexuel, ainsi que toutes les familles d'élection qui se constituent au cours de la vie, par nécessité ou par choix. La primauté de la filiation sociale sur la filiation biologique s'est ainsi imposée dans les faits depuis longtemps. Il revient aujourd'hui au législateur de la traduire dans notre droit.

C'est en application d'un modèle aveugle à ces réalités que notre législation n'ouvre la procréation médicalement assistée avec don de gamètes qu'aux couples hétérosexuels stables. Cette assistance est ainsi refusée aux couples de même sexe et aux femmes seules. Faut-il le rappeler ? L'assistance médicale à la procréation ne guérit pas de l'infertilité. Il s'agit bien de répondre à un désir d'enfant. De fait, le désir d'enfant n'est pris en charge par la société que pour les familles conformes au modèle traditionnel de la famille, composées d'un père et d'une mère. Il est temps de s'affranchir de cette définition naturaliste de la famille.

Bien loin d'obéir aux seules lois de la nature, les liens familiaux se tissent à travers l'engagement des parents et la reconnaissance de la société. Le projet familial résulte d'une volonté. C'est ce projet, cet engagement parental irrévocable, qui doit constituer le fondement du droit de la famille. Le parent est celui qui exprime une volonté de l'être, et de subvenir aux besoins matériels et moraux d'un enfant. On objectera que la société n'a pas à faire droit au désir d'enfant : "on ne fait pas un enfant comme on achète un sac à main !". Cette objection est inacceptable. Il ne s'agit pas de donner libre cours à un désir superficiel et passager, mais de permettre un projet parental, une décision profonde et souvent mûrie de très longue date. N'est-il pas dans l'intérêt de l'enfant de naître dans une famille aimante, une famille dont il est le projet ? L'intérêt de l'enfant justement, doit être apprécié dans le silence des préjugés : nous avons maintenant le recul nécessaire pour constater que l'orientation sexuelle des parents, par exemple, ne porte pas préjudice aux enfants, déjà si nombreux à vivre au sein de familles homoparentales. En revanche, tous les obstacles légaux qui se dressent devant les projets familiaux atypiques desservent gravement ces enfants en les isolant, en les privant de droits, en les stigmatisant.

PLUS DE LIBERTÉ ET D'ÉGALITÉ
Dès lors, la vraisemblance biologique ne doit plus servir d'obstacle à l'ouverture de la procréation médicalement assistée, cette réponse formidable que la science et la société apportent depuis quarante ans à la fatalité du sort.

Députés, sénateurs, vous avez, avec cette révision de la loi bioéthique, une occasion sans pareille de poursuivre, avec souffle et ambition, le chemin emprunté depuis un demi-siècle par le droit de la famille, vers davantage de liberté et d'égalité. Liberté de choix entre l'union libre, le pacs ou le mariage. Liberté de fonder une famille. Liberté de faire évoluer cette famille, au gré des séparations et des recompositions, sans renoncer à exercer tout ou partie de l'autorité parentale.

Liberté donc, mais aussi égalité. Égalité entre les parents, qui exercent conjointement cette autorité. Égalité entre les enfants, naturels ou légitimes. Et bientôt, égalité entre les familles dans toute leur diversité, hétéroparentales comme homoparentales. Liberté, égalité, deux valeurs cardinales de la République, sans lesquelles il ne saurait y avoir de fraternité, cette fraternité indispensable à la lutte contre toutes les formes d'exclusion et à la reconnaissance des différences.

A vous d'offrir la protection des lois de la République à l'ensemble de nos concitoyens qui espèrent en la procréation assistée pour construire une famille. Ce n'est pas de l'imprudence mais de la justice.

Najat Vallaud-Belkacem, secrétaire nationale du Parti socialiste (PS) aux questions de société




Coup de gueule. Maison des adolescents : un pas vers la privatisation de la psychiatrie ?
16/02/2011

L’Union syndicale départementale de la santé et de l’action sociale CGT, qui représente la grande majorité des infirmiers du département à travers sa douzaine de syndicat d’établissements hospitaliers (48 % des 1 468), souhaite à son tour s’exprimer sur le projet de Maison des Adolescents.

« Ce qui dicte notre position, c’est la défense du personnel des établissements. Donc la première question à se poser, ce n’est pas le lieu d’implantation d’une structure, mais plutôt quel statut elle aura, et surtout pour nous syndicat, quel est le statut des personnels ? Nous sommes très inquiets sur cette nouvelle structure financée avec des fonds publics et confiée au privé, aux fondations “Hôpitaux de Paris” et “Hôpitaux de France”, en clair il y a de grands risques que les personnels dépendent du droit privé et non pas du statut de la fonction publique hospitalière.»

« Car ce ne sont ni les mêmes garanties pour le personnel et pour les futurs adolescents pris en charge et leurs parents, sur les questions de prise en charge financière, de prise en charge au niveau de la compétence, la qualification et de l’effectif du personnel », estiment les militants de ce syndicat par la voix de leur secrétaire.

Jacques Berthault estime que ce projet porte le symbole de la privatisation engagée de la psychiatrie. Car « l’ARS [agence régionale de la santé] a déjà privatisé tout le nord Franche-Comté autour de la clinique privée de St Rémy de Haute-Saône (...) En 2011, l’ARS propose ni plus ni moins que de privatiser le centre hospitalier spécialisé de Novillars et tout le reste du département du Doubs, l’étape suivante étant le département du Jura et donc le CHS de Dole-Saint-Ylie.  Ceci au nom d’une volonté de sortir de l’enfermement ». Or le CHS, avec ses 35 unités de soins disséminées dans le département, prouve bien que « les murs sont déjà tombés », s’insurge Jacques Berthault.
La rédaction du Progrès


Nouvelles psychanalytiques

“A quel réel répond le discours psychanalytique ?“

Colloque de la Fondation européenne pour la psychanalyse à l’hôpital Sainte-Anne à Paris, 28 et 29 mai 2011, amphithéâtre Raymond Garcin, entrées 2 rue d’Alésia ou 1 rue Cabanis, 75014 Paris

Cette question a un présupposé, qui ne va pas de soi aujourd’hui. Dans le climat idéologique contemporain, les discours sont jugés à l’aune de leur vraisemblance et de leur supposée efficacité, plutôt que d’être confrontés au réel dont ils procèdent ou à celui qu’ils pourraient éclairer.

Le réel auquel renvoie la psychanalyse, c’est d’abord celui de l’inconscient. Mais ce qui pour nous constitue une évidence ne peut être soutenu qu’à travers un discours qui permette de le rendre appréhendable. Ce n’est d’ailleurs pas là seulement une contrainte sociale. La pratique de la cure elle-même ne nous fait atteindre ce réel – fût-il situable hors chaîne de discours – qu’à travers une pratique de parole et de langage. C’est le cas par exemple dans l’analyse du rêve, où le déchiffrage d’un désir vient faire pièce à la jouissance muette du réel qui s’y inscrit.

Reste qu’aujourd’hui, moins encore que naguère, la psychanalyse ne peut se désintéresser d’un autre réel, le réel social dans lequel le sujet se trouve pris. Si Lacan a pu dire que « l’inconscient c’est la politique » c’est que l’écho des bouleversements du vingtième siècle résonnait dans les cures que l’analyste avait à conduire. La situation d’aujourd’hui est certes différente. Mais l’ultra-libéralisme et les idéologies qui l’accompagnent ne sont pas sans effets subjectifs.

Un dernier questionnement concerne ici la question de ce que nous désignons comme « discours de la science ». Peut-être sommes nous allés un peu vite lorsque nous avons, à travers cette thématique, contribué à donner l’image d’une forme de pensée qui entraînait nécessairement une « forclusion » du sujet. Mais si la science a son propre réel, auquel elle s’affronte, la frontière est parfois mince, dans le champ de ce qu’on appelle sciences humaines, entre science et idéologie. Et que dire de la psychiatrie contemporaine, qui se cantonne à une démarche empiriste et pragmatique ?

Responsables du colloque : Roland Chemama et Christian Hoffmann

Est déjà prévue la participation de : Sidi Askofaré, Graziella Baravalle, Gorana Bulat-Manenti, Roland Chemama, Marcel Czermak, Christian Hoffmann, Laura Kait, Jacques Leibowitch, Rosa Navarro, Gérard Pommier, Moustapha Safouan, Alain Vanier


Recherches en psychanalyse est une revue semestrielle, fondée en 2004, émanant de l’Université Paris VII-Denis Diderot. Elle propose une réflexion tant sur le plan théorico-clinique que sur celui des interactions de la psychanalyse avec d’autres champs du savoir et de la culture. Outre l’interdisciplinarité, elle privilégie la dimension internationale en publiant autant que possible des textes en langue originale et en traduction française.

Les numéros 1 à 6 de Recherche en psychanalyse sont disponibles sur le portail Cairn à l'URL suivante : http://www.cairn.info/revue-recherches-en-psychanalyse.htm

Dernier numéro en ligne
10/ | 2010
Politique du sexuel
Accessible en texte intégral ici

   * Présentation
   * Françoise Neau
   Questions à (plus d’) un titre [Texte intégral]
   Éditorial
   Questions of (more than one) title

   * Sandra Boehringer
   La sexualité a-t-elle un passé ? De l’érôs grec à la sexualité contemporaine : questions modernes au    monde antique [Texte intégral]
   Does sexuality have a past?

   * Monique David-Ménard
   1974. Autour de L’Anti-Œdipe [Texte intégral]
   1974. About Anti-Oedipus

   * Jean Allouch
   Jacques Lacan démantelant sa propre clinique [Texte intégral]
   Lacan’s dismanteling of his clinic

   * Kim Sang Ong-Van-Cung
   Le sujet a-t-il un genre ? [Texte intégral]
   Does the subject have a gender?

   * Laurie Laufer
   La fabrique du corps sexué [Texte intégral]
   The making of the sexed body

   * Vincent Bourseul
   L’expérience queer et l’inquiétant [Texte intégral]
   The “uncanny” and the queer experience

   * Éléonore Pardo
   L’asexualité, phénomène contemporain ? [Texte intégral]
   Asexuality, contemporary phenomenon?

   * Silvia Lippi
   Questions sur la simulation [Texte intégral]
   About the feminine simulation

   * François Pommier
   Les souffrances du dévoilement sexuel [Texte intégral]
   The pains of sexual disclosure

   * Sylvie Chaperon
   Les fondements du savoir psychiatrique sur la sexualité déviante au XIXe siècle [Texte intégral]
   The foundations of 19th-century psychiatric approaches to sexual deviance

   * Alice Pechriggl
   Droit naturel et « hétéronormativité » en psychanalyse et dans les sciences sociales : une critique  polémique [Texte intégral]
   Natural law and “heteronormativity”

   * Andréa Linhares
   Sexualité et défiguration : des théories médicales du XIXème aux théories sexuelles infantiles de la psychanalyse [Texte intégral]
   Sexuality and disfiguration: from 19th century medical theories to psychoanalytic’s infantile sexual theories

 * Varia
    
    * Katerina Malichin
    Le jouir d’un corps et la métaphore subjective dans le lien social contemporain : trois cas de maladie auto-immune et idiopathique [Texte intégral]
    The jouissance of the soma and the subjective metaphor in the contemporary social link: three cases of auto-immune and idiopathic disease

      * Michèle Benhaim
     Destins du corps et subjectivité dans une clinique sociale [Texte intégral]
Fates of the body and subjectivity in a social clinical

      * Lissy Canellopoulos
      Événement de corps, jouissance et sujet de la (post)modernité [Texte intégral]
      The body event, jouissance and the (post)modern subject

      * Yorgos Dimitriadis
      Éloge de la subjectivité en psychiatrie [Texte intégral]
      Praising subjectivity in psychiatry

      * Christian Hoffmann
      Le retour de la subjectivité [Texte intégral]
      The return of subjectivity


« La psychanalyse est une cure, la confession une promesse »

Selon Maryse Vaillant, psychanalyse et confession ne peuvent se confondre ni s’opposer

ENTRETIEN
Maryse Vaillant
Psychologue et écrivain


La Croix : Vous qui avez beaucoup travaillé sur le pardon, quelle différence faites-vous entre le psychologue ou psychanalyste et le confesseur ?

Maryse Vaillant : Tout les différencie, car le psychologue ou le psychanalyste, quand il est en position clinique, n’a pas Dieu. Il est seul avec l’analysant et avec son histoire, et n’a d’autres outils que lui seul. Le prêtre au confessionnal reste un homme, certes, mais lui, quand il écoute le pénitent, il est habité par la mission qui est la sienne. Et quand il parle, cela lui donne un tout autre statut.

Le psychologue va, au fil des séances, renvoyer l’analysant à lui-même. Par la manière dont il l’amène à s’exprimer, il lui fait entendre qu’il est au cœur de ce qui lui arrive. Il est le sujet. Et c’est en quoi une psychanalyse, qui peut aider à traverser sa culpabilité, n’est pas un voyage de tout repos.

Le prêtre, pour sa part, apporte une autre dimension. Loin d’être là pour culpabiliser les personnes, il montre qu’il y a un sauvetage et un Sauveur. La confession n’est pas du même registre que l’introspection parce qu’à travers l’écoute et la parole du prêtre, elle apporte la parole de Dieu, extérieure et transcendante.

En quoi les recours à l’une ou à l’autre ne sont pas incompatibles ?

Les démarches ne s’opposent pas. Le croyant peut faire une psychanalyse et être dans la confession, ou même dans la conversation spirituelle avec un prêtre. Moi qui suis athée, je crois que la spiritualité fait vraiment partie de l’être humain. Elle peut d’ailleurs s’avérer torturante. Et lorsque les souffrances en arrivent à ce point, pour le coup, le psychanalyste peut s’avérer plus efficace que le prêtre.

Qu’apporte exactement le psychothérapeute au patient qui a recours à lui ?

Un chemin, un accompagnement, un voyage en lui-même, une cure. Son outil principal est le transfert. C’est ce qui va permettre à l’analysant de vivre ou de revivre, d’affronter, de supporter des épreuves qu’il avait refoulé et ne pouvait assumer.

De la part du psychothérapeute, il s’agit d’une démarche ni scientifique, ni spirituelle, mais technique. Cette démarche suppose de croire à la circulation de l’inconscient à travers les mots, les phrases, les silences, les lapsus. Il n’y a pas là de promesse d’un monde meilleur, ni de béatitude, rien que le temps humain, et pas d’au-delà.

Le meilleur cadeau que puisse faire un psychanalyste à son analysant, c’est sa capacité professionnelle à l’écouter quoi qu’il dise, de ne pas se dérober ni empiéter. Ne pas sortir de sa place, mais la tenir. Sa promesse à lui, c’est son éthique.

Et selon vous, qu’apporte le prêtre, en tant que confesseur ?

La parole du prêtre qui dit, « Et moi, au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, je vous pardonne tous vos péchés, allez en paix », ne peut qu’être apaisante. Je crois à la force que peut apporter la religion à ceux qui croient. Je crois à la foi, vraiment. Celui qui a la foi et entend un homme mis en place pour être représentant de Dieu lui dire que tout ira mieux, ne peut qu’aller mieux. La place du prêtre donne à sa parole un poids de vérité. Il s’agit d’une parole symbolique agissante.

Je trouve magnifique qu’un prêtre puisse dire que c’est l’amour de Dieu qui va tirer le pénitent de son enfermement. Il postule ainsi que l’amour de Dieu peut le tirer hors de ses ornières, et c’est bien cela, la transcendance. Cette parole de résurrection est magnifique. Et moi, pour cela, j’adorerais avoir la foi…

S’agit-il alors de promesses sans fondement pour la psychologue que vous êtes ?

La foi est un cadeau qui n’est pas donné à tout le monde. Certaines promesses, néanmoins, peuvent se révéler très dangereuses lorsque ce sont des gourous qui les font, car cela leur donne un pouvoir énorme.

L’enseignement du Christ, lui, a fait ses preuves depuis deux mille ans, et les valeurs chrétiennes, comme d’ailleurs dans d’autres religions, sont extrêmement respectables. Mais l’honnêteté du psychanalyste l’oblige à ne jamais prendre la place de quelqu’un qui promet. Il n’en a pas le droit. Il ne le peut.

La pénitence et le pardon sont-ils des notions acceptables en psychanalyse ?

La pénitence peut être comprise comme un moment où l’on arrête d’aller de l’avant, et où on a besoin de regarder en arrière. Se priver peut avoir une fonction de limite et apaiser. Quant au pardon, même dépouillé de sa dimension grandiose et religieuse, il aide à se réconcilier, à sortir du cercle de la haine et du ressentiment.

C’est un mouvement vers l’autre fait de gratitude, et donc, lui aussi, d’apaisement. J’y crois beaucoup. Quand bien même il s’agirait d’un pardon provisoire, lorsque quelqu’un peut dire « je te pardonne », il fait un cadeau magnifique à la personne qui est pardonnée.
Recueilli par Louis de COURCY


Une structure pour la prévention de la délinquance sexuelle
Toulouse

Le CRIAVS Midi-Pyrénées a été inauguré aujourd'hui dans ses locaux du 7 rue du Colonel Driant. Le Centre de Ressources pour les Intervenants auprès d'Auteurs de Violences Sexuelles dépend du service médicopsychiatrique régional de l'Hôpital Marchant qui intervient notamment auprès des délinquants sexuels incarcérés à Seysses et à Muret. Dirigé par le docteur Walter Albardier, médecin psychiatre, le CRIAVS a une mission d'information, de formation et de mise en relais des professionnels sanitaires, judiciaires, sociaux qui sont appelés à prendre en charge des auteurs d'infractions sexuelles dans le cadre notamment de l'injonction de soins prononcée par le juge. Cette structure n'est pas dédiée au grand public mais aux professionnels. Le CRIAVS propose l'expertise d'un psychiatre, de deux psychologues et d'une infirmière et organise des formations gratuites sur place ou à l'hôpital Marchant ainsi que des conférences. Il est en réseau avec les autres structures identiques en France. Cette unité fonctionnelle de l'Hôpital Marchant se donne pour objectif de faciliter les prises en charge et l'accès au soin par une offre adaptée, d'augmenter le nombre des médecins coordinateurs, de spécifier la prise en charge de mineurs auteurs d'infractions sexuelles, d'améliorer les connaissances et les pratiques des professionnels, de clarifier l'articulation des différentes prises en charge. L'inauguration a eu lieu en présence de Claude Touchefeu, maire-adjoint de Toulouse, présidente du conseil de surveillance du centre hospitalier Marchant, Michel Thiruet, directeur de l'hôpital Marchant, le docteur Gérard Laurencin, chef du Pôle Psychiatrie et conduites addictives en milieu pénitentiaire.




Thomas de Quincey et la psychanalyse.
 par soleildanslatete
11/02/2011

D'emblée il faut l'admettre : il n'est pas à sa place. Thomas de Quincey restait pour le public l'auteur des "Confession d'un mangeur d'opium", et l'amoureux de la petite vagabonde qui traverse l'ouvrage. Il est pourtant un prodigue (presque graphomane) auteur de multiples publications relevant de divers sujets (philosophie, légendes, critiques littéraires). Après une enfance misérable il s'installe dans le voisinage des poètes qu'il admire (Coleridge, Wordsworth) et de retour à Londres collabore à de nombreuses revues.

Provocateur, il publie "L'assassinat considéré comme l'un des beaux-arts". A se demander pourtant si son ouvrage le plus important n'est pas son Autobiographie à laquelle il travaillera pendant  une quarantaine d'années, au fil de sa vie mouvementée.Le résultat : une prose d'une nouveauté inouïe, un récit labyrinthique.

La pensée de Quincey, précisait Baudelaire qui l'admirait, est naturellement en spirale. Sa prose échappe à toute rigueur, cette perspective linéaire qui conduit le récit vers sa finalité. Il s'étend  en cours de route sur des sujets qui sont insérés dans le déroulement, musardant dans sa prose comme un promeneur emporté par une histoire que jalonnent de multiples incidentes. Une prose rêveuse, avec la logique du rêve (le rêve a sa logique: c'est errer comme dans un labyrinthe) à quoi s'ajoute des petits bijoux qui s'enchaînent dans un verbe plein de nuances, de trouvailles, de références venues de tous les horizons. Jeux de métaphores, considérations morales ou philosophiques, tout entre dans le déploiement du texte porteur comme autant de chatoiements sur la trame d'un tissu.
C'est une version du soleil noir de la mélancolie (précédent Gérard de Nerval).

Se déverse alors une prose d'une incroyable vélocité, mêlant les métaphores, scrutant les abîmes intérieurs.  Ne sont-ce pas les prémisses de la psychanalyse ?
Quand le jeu vidéo fait du bien
11.02.11

"La pratique de certains jeux vidéo, jugés violents ou choquants, par des jeunes – public sensibles et fragiles – pose question. Ces contenus sont d'autant plus problématiques qu'ils font souvent l'objet d'une consommation solitaire, fragmentée, répétée et active, qui favoriserait une imprégnation plus forte et l'induction de comportements agressifs. Certains redoutent que l'intensification des pratiques ne débouche sur des formes d'addiction." Cet extrait d'une note datée de novembre 2010 du Centre d'analyse stratégique, organisme rattaché à Matignon, résume en quelques mots les principaux reproches faits aux jeux vidéo : violence, désocialisation, addiction… Au point que l'organisme d'Etat se questionne sur une possible régulation de ce loisir.

Pourtant, certains psychologues et psychanalystes estiment que les jeux vidéo ont des effets thérapeutiques bénéfiques pour leurs patients, enfants ou adultes. Tisser une relation de confiance entre le thérapeute et le patient, recréer de l'estime de soi, faire parler l'enfant renfermé, ou bien accéder à une partie de l'inconscient… Alors que certaines structures hospitalières, comme l'hôpital Marmottan à Paris, ouvrent des consultations pour soigner les "drogués du jeu vidéo", ces professionnels ont fait le pari inverse : celui du jeu vidéo qui fait du bien.

"UNE VOIE ROYALE D'ACCÈS À L'INCONSCIENT"

François Lespinasse, aujourd'hui à la retraite, a été le premier psychologue en France à utiliser les jeux vidéo en thérapie, en partenariat avec l'infirmier José Perez, et ce dès 1995 à l'hôpital de jour de Bordeaux. Il s'occupait d'enfants inhibés voire autistes, ayant des difficultés de communication. "Il faut les voir comme des enfants dans une bulle, mais avec des hublots. On ne va pas forcer l'ouverture de ces hublots, mais l'enfant peut décider de les ouvrir." Les jeux vidéo sont une manière d'y arriver. "Les jeux vidéo sont une source d'échange avec les autres, ils peuvent en parler avec d'autres camarades. On peut les socialiser par ce biais-là."

Si François Lespinasse utilisait les jeux Super Mario 2 et 3 pour créer un lien et socialiser l'enfant replié, Yann Leroux, psychologue à Périgueux, se sert de la console comme d'autres usent du dessin ou de la pâte à modeler pour "faire parler" le jeune patient. "Dans les thérapies avec les enfants, les jeux vidéo deviennent de plus en plus l'équivalent des rêves : une voie royale d'accès à l'inconscient", écrit-il. Une approche similaire à celle de Michael Stora, psychanalyste à Paris, pour qui "le jeu vidéo est un prétexte pour affronter des représentations".

Pour cela, les deux psychologues se servent principalement du jeu Ico, jeu japonais sorti en 2001 sur PlayStation 2. Dans ce dernier, un enfant, Ico, est enfermé dans une forteresse isolée par les habitants de son village, persuadés que les cornes sur sa tête sont signe de malheur. Ico rencontrera Yorda, une jeune fille mystérieuse et fragile, qu'il devra protéger à tout prix des ombres qui tentent de l'empêcher de fuir de l'édifice.

"La trame narrative d'Ico est inspirée du conte, explique Yann Leroux. L'abandon et la mise au ban du personnage principal permettent une identification facile pour l'enfant." Lors d'une séance, un jeune patient de Yann Leroux, qui souffre de troubles de l'apprentissage dus à de l'inhibition intellectuelle et affective, essaiera par tous les moyens de jeter dans le vide Yorda, qu'il ne supporte plus de devoir protéger tout le temps. En discutant avec lui après la séance de jeu, l'enfant évoque son petit frère et sa petite sœur dont il doit s'occuper. "Il m'explique alors qu'il a mieux à faire que de jouer au parent avec eux…" Yann Leroux met cependant en garde : "Ce n'est pas parce qu'on donne un jeu que l'on lit dans l'inconscient à livre ouvert. L'usage du jeu vidéo ne facilite pas forcément les choses."

LE JEU VIDÉO NE GUÉRIT PAS À LUI SEUL


Les professionnels qui utilisent ce média posent plusieurs garde-fous à l'utilisation du jeu vidéo en thérapie. Le premier, et probablement le plus important, est de casser l'idée selon laquelle le jeu vidéo va guérir à lui seul. Il fait partie d'un panel de supports thérapeutiques, dont l'ensemble va permettre au patient d'aller mieux. "Ce n'est pas le jeu vidéo tout seul qui va soigner, c'est un tout, affirme Philippe Gérard, infirmier en hôpital psychiatrique. Le jeu vidéo aide à la confiance, il permet de vivre des choses extraordinaires sans rien risquer."

Contrairement à ses confrères psychologues, Philippe Gérard a lancé un atelier jeux vidéo pour adultes dans un grand hôpital psychiatrique parisien. L'objectif premier est de "sortir les patients de l'isolement et les occuper car les journées sont longues". Mais le jeu vidéo permet également de créer une relation de confiance entre le soignant et des personnes abîmées, dépressives ou handicapées. "La confiance va 100 % plus vite qu'avec des médicaments. On leur a tellement menti, on les a tellement violentés… ils ne peuvent pas faire confiance facilement. Avec le jeu, on partage." Si les patients peuvent jouer entre eux, l'infirmier participe également aux parties de jeux de tennis, de foot ou de course…

Philippe Gérard n'hésite pas à parler de "nourriture spirituelle positive" dans le cadre de ces ateliers. "C'est très important de les féliciter lorsqu'ils réussissent, car ces patients n'ont aucune confiance en eux, le plus souvent car ils ont manqué d'amour enfant." Pas question pour autant de les laisser gagner  : "Ils n'ont pas envie qu'on leur mente et qu'on se fiche d'eux. Néanmoins, si le patient fait beaucoup d'efforts et que ça ne marche pas, je peux perdre volontairement."

CADRES ET RÈGLES

L'infirmier insiste sur le besoin de cadres et de limites pour que l'exercice soit efficace. "Le jeu peut être un anxiolytique, à condition que ça ne soit pas fait n'importe comment. Si tout le monde peut participer, il faut néanmoins discuter avant pour voir si la personne peut gérer une activité de trente à quarante-cinq minutes." Les ateliers ont également lieu un jour précis de la semaine, à une heure fixée. Le jeu vidéo n'est pas en libre service.

Ces règles sont également utilisées dans les thérapies pour enfants. L'atelier a lieu un jour dans la semaine – souvent le mercredi pour les hôpitaux de jour – et dure rarement plus d'une heure. Chaque séance est toujours accompagnée d'un moment de parole, avant ou après le jeu, selon les thérapeutes. Et pendant le jeu, les enfants, souvent en petits groupes de trois ou quatre, ne sont pas livrés à eux-mêmes. Un médiateur est là pour fixer un cadre, faire passer la manette si l'un des enfants refuse d'arrêter sa partie, aider en cas de difficulté…

Pour cela, "il est essentiel que l'animateur soit à l'aise avec les jeux vidéo, sinon cela ne sert à rien !" prévient François Lespinasse. Ce dernier précise qu'il n'aurait pas pu mener son atelier pendant dix ans sans l'aide de José Perez, infirmier et féru de jeux vidéo. "José avait plaisir à y jouer, et il faut avoir du plaisir à jouer avec les enfants."

RÉSISTANCE DES COLLÈGUES

Cette nécessité d'être soi-même joueur de jeu vidéo explique peut-être en partie l'isolement de cet outil de soin dans le paysage médical. En ouvrant le premier atelier jeu vidéo en 1995, François Lespinasse pensait que "les José Perez étaient nombreux, mais en fait, pas du tout !" La retraite du psychologue et le changement d'affectation de l'infirmier ont conduit à la fermeture de l'atelier de Bordeaux. Celui de Philippe Gérard, qui aura duré cinq ans, n'a pas non plus survécu à son départ dans un autre hôpital psychiatrique de la région parisienne. Et si Michael Stora se targue d'un taux de réussite de plus de 80 % lors des sept années durant lesquelles il a utilisé le jeu vidéo auprès d'enfants au centre médico-psycho-pédagogique de Pantin, il estime avoir été poussé vers la sortie après avoir été copieusement sifflé par des collègues alors qu'il expliquait le but de sa thérapie avec Ico. Aujourd'hui, il exerce en libéral.

Bien souvent, la première source de résistance à l'instauration d'ateliers jeux vidéo provient des confrères, et pas des parents. "En 1995, les jeux vidéo étaient assez neufs, et on n'avait pas beaucoup de recul dessus, se remémore François Lespinasse. Il y avait beaucoup de défiance au sein des collègues, qui avaient peur que le jeu vidéo ne devienne une source d'angoisse pour les enfants. Avec l'accord du médecin, nous avons commencé avec des enfants souffrant de pathologies moins lourdes, et ils ont vu que cela marchait."

Pourtant, près de quinze ans plus tard, les professionnels rencontrent toujours les mêmes difficultés. "Cela a été très dur au niveau des collègues et de la hiérarchie, soupire Philippe Gérard. Il y avait beaucoup de réticences et d'idées reçues : ça n'apporte rien, vous faites ça juste pour vous amuser, vous n'allez quand même pas leur faire tuer des gens…" L'infirmier insiste sur "l'énorme investissement" personnel que demande un tel atelier, qui se réalise en hôpital psychiatrique en sus des horaires de travail classiques à l'initiative de quelques soignants. "Tout le monde n'a pas forcément l'énergie nécessaire."

Philippe Gérard a renoncé à l'idée de monter un autre atelier jeux vidéo dans son nouvel hôpital, estimant que le personnel n'est pas assez motivé. Les choses changeront-elles avec la nouvelle génération, biberonnée au jeu vidéo ? Michael Stora n'est pas très optimiste : "Lors des stages en formation continue que j'anime sur le sujet, je constate que ce sont les jeunes praticiens qui sont les plus frileux."

Pour en savoir plus :

Un atelier thérapeutique jeu vidéo en hôpital de jour pour jeunes enfants, par François Lespinasse et José Perez.
Histoire d'un atelier jeu vidéo : Ico, un conte de fée interactif pour des enfants en manque d'interactions, par Michael Stora.
Le jeu vidéo comme support d'une relation thérapeutique, par Yann Leroux.
Chloé Woitier


Le jeu vidéo c'est bon pour la santé.
16 Février 2011



Allez hop, 2 liens balancés comme ça, fort intéressants, qui explique que le jeu vidéo peut être bénéfique pour la santé mentale:

Le premier est un article paru le 11/02/11, sur le site internet du Monde, célèbre journal français, qui raconte l'utilisation du média jeu vidéo en psychiatrie, autant chez les enfants que chez les adultes, et cela dans un but thérapeutique, en lisant ces lignes vous aurez une idée de l'atelier jeu vidéo que j'anime moi-même dans le centre médico-psycho-thérapeutique où je travaille.

Le second, est paru sur Kotaku, il parle d'une étude de l'Est Carolina University's Psychophysiology, où ils ont fait jouer 60 sujets présentant des symptômes de dépressions, à des Puzzle game de Popcaps games, des jeux comme par exemple : Bejelewed 2, Peggle entre autres. Un des résultats de cette étude est qu'ils ont pu noter une réduction de 57% des symptômes de dépression chez les sujets ayant joués à ces jeux. Pour relativiser, il faut savoir que l'étude a été menée par l'université, mais aussi avec le "soutien" de PopCap games, quoiqu'il en soit vous pouvez télécharger le powerpoint de l'étude directement depuis Kotaku.

 
Par contre, il est encore loin le temps, où votre psychiatre vous prescrira 2 heures de call of Duty pour vous défouler et évitez de trucider votre famille après une petite déprime, mais pour redevenir sérieux et pour revenir à mon expérience personnelle, il est vrai que la pratique du jeu vidéo en atelier thérapeutique peut être bénéfique pour le patient et cela sur plusieurs points....
Mais c'est une autre histoire.... 


Le centre de psychanalyse et de psychothérapie Évelyne et Jean Kestemberg

Le Centre de psychanalyse et de psychothérapie, fondé en 1974 par Jean Kestemberg est un centre de consultations et de traitements psychanalytiques pour adultes. Il a une autonomie théorique, clinique et pratique à l’intérieur du Centre Philippe Paumelle, du fait de l’orientation spécifiquement psychanalytique des psychothérapeutes qui y travaillent avec des patients fonctionnant majoritairement sur un mode psychotique ou présentant des troubles graves de la personnalité.

Le choix a été fait dès sa fondation de créer le Centre dans un lieu distinct, qui offre au patient, si nécessaire, la possibilité de bien différencier la fonction psychiatrique de la fonction psychothérapique et ainsi de mieux se protéger de la menace anéantissante d’être englobé par un objet unique, souvent caractéristique de ces patients. La fonction tierce de l’institution s’appuie également sur ce personnage tiers représenté par la fonction du Directeur, conformément à l’approche définie par Évelyne Kestemberg, directrice du Centre de 1975 à 1989. Différentes modalités de travail psychanalytique sont possibles, en fonction des indications : cure-type sur le divan pour certains patients pouvant en bénéficier ; plus souvent, travail psychanalytique en face à face, psychodrame analytique, travail psychanalytique à médiation corporelle, prise en charge analytique par un couple de psychothérapeutes.

L’articulation avec les intervenants en psychiatrie qui ont également en charge ces patients permet à la fois coexistence d’espaces distincts et interactions. Le personnel est constitué d’un directeur psychanalyste, M. Alain Gibeault, d’une cinquantaine de psychanalystes qui travaillent tous à temps partiel et d’une secrétaire à temps plein, Mme Madiha Mioui. Les psychanalystes sont pour un tiers médecins psychiatres et pour deux tiers psychologues cliniciens.

Le Centre de psychanalyse et de psychothérapie est non sectorisé. Toutefois la priorité est réservée aux habitants du 13e arrondissement qui nous sont adressés soit par les équipes psychiatriques sectorisées du 13e arrondissement, soit par d’autres centres de soins, soit par des collègues exerçant en libéral.

Le Centre de psychanalyse et de psychothérapie E. et J. Kestemberg n’est pas seulement un centre de traitement pilote en France pour le traitement des patients psychotiques mais également un centre de formation et de recherche :

   * La formation de jeunes analystes à la spécificité du travail avec des patients psychotiques est l’un des axes majeurs. Ainsi, des supervisions de groupe ou individuelles sont mises en place. Des séminaires cliniques et théoriques sont également proposés, soit aux psychanalystes du centre, soit en interaction avec les psychiatres de l’ASM 13, soit ouverts à des thérapeutes extérieurs.
  
* La recherche théorico-clinique constitue une autre priorité. Le Centre est maintenant un lieu internationalement reconnu d’étude sur l’abord psychanalytique de la psychose. Trois journées scientifiques (les Samedis du Centre) sont organisées chaque année autour d’un thème choisi dans cette direction. Des analystes de différents pays (Russie, Iran, Maghreb, Italie, Turquie, etc.) visitent le Centre et s’informent sur son fonctionnement. Enfin Le Centre a publié, dès les années 1980, " Les Cahiers du Centre de psychanalyse du 13e", revue scientifique fondée par E. Kestemberg, témoignant d’une réflexion sur le travail clinique et théorique réalisé au Centre, et depuis 2001, "Psychanalyse et Psychose", publication annuelle devenue une référence dans le domaine de la recherche sur la psychose.

Le Centre de psychanalyse et de psychothérapie Évelyne et Jean Kestemberg
11, rue Albert-Bayet, 75013 Paris
01 40 77 44 68
 LABORATOIRES EXPANSCIENCE
16-02-2011

FONDATION MUSTELA - BOURSES ET PRIX RECHERCHE-ACTION : Appel à projets 2011


Nous vous informons du lancement des appels à candidature pour les Bourses et Prix de Recherche-Action de la Fondation Mustela.

Pour cette nouvelle édition, la Fondation Mustela attribuera :

> Une ou plusieurs Bourses doctorales ou post-doctorales pour une dotation totale de 12 000 €
à des étudiants ou à des chercheurs qui ont rédigé ou ont en projet une thèse de doctorat ou des travaux de recherche post-doctorale correspondant aux objectifs de la Fondation Mustela.

> Un Prix de Recherche-Action pour une dotation de 8 000 € pour financer un projet mené par des praticiens de terrain et/ou des chercheurs sur le thème « Être parents aujourd’hui ».

Les dossiers de candidatures sont accessibles sur le site de la Fondation Mustela : www.fondationmustela.com

Ils devront être complétés en ligne ou déposés au plus tard le 3 juin 2011 auprès de la Fondation Mustela.

Un Comité scientifique sélectionne et pilote les projets. Il est composé de professionnels représentant la psychiatrie et la neuro-psychiatrie, la psychanalyse, la pédiatrie, la psychologie, la sociologie et la linguistique (sic !)

mercredi 16 février 2011

Algérie : Face au nombre important de malades à l’hôpital psychiatrique de Frantz fanon : De plus en plus d’infirmiers abandonnent la profession
Visiter les services de l’hôpital de psychiatrie Frantz fanon à Blida c’est franchir un pas dans le monde de la folie. Cet hôpital forteresse de plus de 1000 lits est surchargé. Il n’arrive plus à contenir le grand nombre de malades mentaux transférés chaque jour sur décision de justice ou du wali.

Il est 11 heures. A l’entrée de cette grande structure de santé, un fleuriste. En fait c’est un patient qui est devenu au fil du temps un locataire de l’hôpital. Il occupe une petite échoppe pour vendre des fleurs qu’il cultive lui-même dans des parties du terrain réservé à l’ergothérapie.

Dans la cours et les couloirs de l’établissement, les malades mentaux errent en demandant, sans agressivité aucune, aux passants une pièce de 10 dinars « pour prendre un café ou acheter une boite de chique ». Face à leur grand nombre, les infirmiers qui s’occupent de leur prise en charge n’arrivent plus à assumer leur mission. Ici ce sont de cinq à six infirmiers qui s’occupent de plus de 80 patients par service.

«Nous n’avons ni la patience ni l’envie de continuer à assumer notre travail. A force de trop côtoyer les malades nous devenons malades comme eux», explique un des rares techniciens supérieurs de santé (TSS), spécialisé dans la psychiatrie. Il exhibe un certificat signé par un psychiatre l’autorisant à changer de service. «J’avoue qu’après avoir passé plus de vingt ans dans cet hôpital, je suis devenu moi-même coléreux et agressif. Je suis à la limite d’une dépression. Ici, c’est la porte de la folie.

Je ne peux plus continuer. Imaginez la souffrance de quelqu’un qui gère un handicapé chez lui et vous pouvez avoir une idée de notre travail, nous qui gérons plus de 80 patients avec chacun sa propre infirmité», explique l’infirmier qui évoque le suicide de son collègue l’infirmier, Bachir Silmi, 43 ans, TSS avec 20 ans d’expérience. L’homme a décidé, il y a une semaine de mettre fin à sa vie en s’ouvrant la carotide à l’aide d’un bistouri. Cet acte fatidique, dont la cause reste à déterminer par les enquêteurs, a ébranlé tout l’hôpital.

Il a aussi suscité la colère des paramédicaux notamment ceux qui assurent les services de psychiatrie sans la moindre prise en charge psychologique ou motivation pécuniaire. Le chef du service psychiatrie Ibn El-Djezzar, se souvient très bien des deux dernières heures précédant le drame. Selon lui, Bachir Silmi était très serein et lucide ce jour là. « Il a même pris en charge le dossier d’un malade qui venait d’être admis à l’hôpital.

Nous étions ensemble avant qu’il ne rejoigne un autre pavillon pour faire un travail », se souvient-il. En une heure, c’est-à-dire, entre 15h00 et 16h00, l’homme a décidé de passer à l’acte. « Nous l’avons trouvé, le pauvre dans une mare de sang », raconte le responsable du service. Un autre infirmier, explique que le comportement du suicidaire a changé ces derniers mois.

«Il a commencé par s’absenter puis à s’isoler et à vouloir toujours travailler seul mais son dévouement envers les malades était sans faille. Probablement il avait un problème familial, mais je reste aussi convaincu que ce métier peut mener au suicide aussi», explique l’infirmier en évoquant les mauvaises conditions de travail et les risques du métier. Des risques qui peuvent aller jusqu’à l’assassinat.

Ainsi l’infirmier Moussaoui a été tué par un malade mental. «On a même baptisé un service à son nom», fait savoir l’infirmier pour qui il est temps de changer de service pour « éviter le suicide ou la dépression ». Cette situation est également vécue par les psychiatres. Pour ces professeurs le vrai problème réside dans la faiblesse de l’encadrement des malades.

UNE FORMATION INEXISTANTE


A défaut d’une formation au métier d’infirmier spécialiste en psychiatrie qui a disparu après une seule session dans les années 80. Et c’est cette promotion qui s’est chargée de former des infirmiers à la prise en charge psychiatrique. Ils sont devenus des TSS sans titre. « Ils sont là, ils ont appris le métier sur le tas et sont devenus des paramédicaux spécialistes en psychiatrie.

Alors pourquoi ne pas les régulariser puisqu’il n’y a pas cette politique de formation ou de recrutement ?», s’interroge l’infirmier. Pour lui, beaucoup ignorent le danger, quand il y a une agitation dans le groupe des malades mentaux.

«Un malade qui devient hystérique vaut l’agitation de dix personnes. En plus, dès qu’il commence à crier, les autres patients s’agitent à leur tour », explique l’infirmier qui signale que l’hôpital accueille des pensionnaires qui ont une ancienneté de plus de 40 ans. «La folie est une chronicité qui ne tue pas. Donc, pour les travailleurs qui prennent soin de ces malades, c’est l’enfer, sinon c’est la contagion».


Le sexe sous antidépresseur : un médicament bouscule le tabou
Par Charlotte Chabas

15/02/2011

Dès le premier rendez-vous, son médecin lui a prescrit un antidépresseur. Depuis, sa vie sexuelle s'est « comme fanée », raconte Nathalie : « Je ne jouis plus. J'essaie de ressentir cette partie de mon corps, mais elle ne répond plus. »

Une nouvelle molécule bientôt commercialisée aux États-Unis redonne toutefois espoir à ceux qui ont le sentiment de payer au prix fort le traitement de la dépression : plus envie de sexe, plus de sensation, des problèmes nouveaux avec leurs partenaires, et pas d'avertissement, le plus souvent, de la part des prescripteurs.

« Je l'ai découvert tout seul, aucun des médecins que j'ai consultés ne m'avait prévenu », dit Christian, 33 ans, qui doit choisir entre une vie sociale supportable ou une vie de couple. Ce nouvel antidépresseur, « c'est peut-être la fin de [son] calvaire ».

En janvier, la FDA (Food and drug administration, équivalent américain de l'Afssaps), a donné son accord pour la commercialisation du Viibryd, le premier antidépresseur « sex-friendly ». D'après les tests, ce traitement n'aurait aucun effet secondaire sur la sexualité des patients. Contrairement à la majorité des antidépresseurs actuels.

Un phénomène « encore sous-évalué »


« Conserver sa libido malgré les médicaments », un argument commercial de poids pour le laboratoire à l'origine de la molécule, qui espère conquérir le marché très lucratif de l'antidépresseur. Un moyen aussi de lever le tabou sur ce sujet délicat, qui toucherait pourtant près d'un dépressif sur deux.

Le phénomène est difficile à chiffrer. Selon les études, il concerne entre 40% et 50% des personnes sous antidépresseurs. Pourtant, Patrick Blachère, psychiatre et enseignant en sexologie, l'estime « encore sous-évalué » :

« Les études sur les antidépresseurs se concentrent sur le début du traitement, soit les huit premières semaines. Pendant cette période, l'état du patient s'améliore et les effets positifs du médicament l'emportent sur les effets secondaires. Ce n'est que dans un second temps, quand le patient va mieux, qu'il réalise ses troubles sexuels, et que la souffrance se fait sentir. »

En France, le tabou dès la prescription

Le psychiatre espagnol Angel Luis Montejo s'est penché sur la question. D'après lui, cet effet secondaire serait le motif d'arrêt invoqué par un patient sur deux. Après analyse, il a aussi montré du doigt le comportement des médecins qui prescrivent les antidépresseurs.

Si en Grèce, en Italie et en Espagne, la sexualité est librement abordée avec les patients pendant les rendez-vous, ce n'est pas le cas dans les pays plus au nord. En France, tous les témoignages concordent en ce sens. Pour Nathalie, le dialogue est impossible :

« Je n'osais pas parler à mon médecin. Lui-même ne m'avait jamais prévenue que ça arrivait souvent aux malades sous antidépresseurs. Quand on est dépressif, on se dit toujours que le problème vient de nous. J'ai été soulagée quand j'ai découvert que ce n'était pas ma faute. »

En France, plus de 80% des antidépresseurs sont prescrits par les médecins généralistes. Les docteurs « de famille » sont donc les premiers confrontés à la souffrance des patients dépressifs. Mais les effets secondaires sont passés sous silence selon Marc Soussan, médecin à Paris :

« Spontanément, on ne parle pas de cet effet secondaire. La pudeur des patients joue beaucoup, même si de plus en plus d'hommes parlent de leurs difficultés. C'est sûr, ce n'est pas la bonne solution de laisser les patients lire les notices, mais pour en parler, il faudrait du temps. Beaucoup de temps. »

Manque de temps ou stratégie médicale


Une consultation de quinze minutes en moyenne, ce n'est pas suffisant pour évoquer tous les problèmes liés à la dépression. Mais dans la revue Impact Santé, le professeur Hélène Verdoux, chef de service en psychiatrie au CHU de Bordeaux, minimise la responsabilité des médecins :

« Il est facile d'accabler les généralistes en dénonçant le fait qu'ils prescrivent trop d'antidépresseurs, mais quelle autre solution ont-ils et quels moyens leur donne-t-on pour répondre à des gens présentant des symptômes dépressifs ? Qui va réaliser les psychothérapies : les psychologues non remboursés ? Les psychiatres souvent inaccessibles ? »

Taire les effets secondaire entre aussi dans une stratégie médicale, pour certains docteurs. Car le premier organe sexuel, c'est le cerveau, rappelle le psychiatre Patrick Blachère :

« En parler de but en blanc, c'est aussi prendre le risque d'induire des symptômes. C'est difficile dans un traitement de faire la différence entre ce qui relève du physique et ce qui révèle du psychosomatique. »

« Bricoler » avec les produits disponibles

Devant le mutisme du corps médical, beaucoup de dépressifs cherchent leurs réponses ailleurs. Sur les forums, les appels à l'aide se multiplient. Olivier y délivre des avis, donne ses « petits trucs » pour palier les effets des antidépresseurs.

Comme beaucoup d'hommes dépressifs, il prend en complément de son antidépresseur du Cialis. Un comprimé comparable au Viagra, qui agit pendant trente heures contre cinq pour le célèbre pilule bleue. Mais à 75 euros la boîte de huit comprimés, la sexualité n'est pas donnée à tout le monde :

« J'en avais besoin parce que ça touchait à l'image que j'avais de moi. Ce n'est pas la panacée, mais ça me rend à peu près présentable. »

Un « bricolage » que connaît bien le psychiatre Bertrand Gilot. Régulièrement, ses patients lui parlent de leurs difficultés à éprouver plaisir et désir. Ensemble, ils
cherchent le meilleur moyen de réduire cette souffrance tout en poursuivant
leur traitement.

Des solutions encore rares


Changement de médicament ou compléments stimulants, les solutions ne sont pas nombreuses. Mais l'enjeu est important : éviter » la mauvaise observance » des patients, c'est-à-dire leur tendance à ne pas respecter les consignes du traitement. Et le risque de les voir retomber dans la dépression.

Auteur du livre « Antidépresseurs : faut-il en prendre ou pas ? », Bertrand Gilot résume :

« Le corps médical considère que les antidépresseurs actuels sont très bien tolérés, par rapport à ceux prescrits il y a vingt ans. D'autant plus que le sexe, chez un dépressif, ce n'est pas vraiment une priorité. Il y a plus urgent. A tort ou à raison, on s'imagine que ce n'est toujours que secondaire. »

Aujourd'hui, l'espoir suscité par cette nouvelle molécule américaine est minimisé par la plupart du corps médical. Le psychiatre Patrick Blachère reste prudent. Il évite le terme de « remède miracle » :

« Rien n'assure que ce médicament sera vraiment efficace. Il existe déjà des antidépresseurs qui ont un effet moindre, voire nul sur la libido. Mais ce ne sont pas les plus prescrits parce que leur effet sur la dépression est insuffisant. »

Parmi les dépressifs, beaucoup préfèrent rester optimistes. Ils espèrent pouvoir mettre fin à « la douleur de l'érection » ou « au silence d'un rapport sans jouissance ». Un premier pas vers la guérison.