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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 19 janvier 2011

Fonction publique : 100 000 postes supprimés d'ici à 2013
17.01.11

A l'occasion de la présentation de ses vœux à la presse, lundi 17 janvier, le ministre du budget et de la fonction publique, François Baroin, a confirmé que la politique de non-remplacement d'un départ sur deux dans le secteur public se poursuivrait au rythme de 100 000 départs non remplacés en trois ans.

Entre 2011 et 2013, "100 000 emplois ne seront pas remplacés au sein des administrations et des opérateurs", a indiqué le ministre. Cette politique "n'en est pas moins tout à fait équilibrée, elle permet de reverser la moitié des économies réalisées aux fonctionnaires, sous la forme de bonifications", a-t-il rappelé.

M. Baroin a cité en exemple la fusion, emblématique, de "l'ensemble des services" de la nouvelle direction générale des finances publiques (DGFIP), réunissant les administrations du Trésor et des impôts. Il a également vanté la rationalisation des achats des différentes administrations, qui a déjà permis d'économiser 712 millions d'euros sur un périmètre d'achats "d'un peu plus de 5 milliards".

CONTRAT DE PERFORMANCE


M. Baroin a aussi rappelé la feuille de route fixée à la mi-décembre à un demi-millier d'opérateurs de l'État, de Météo France à l'Office national des forêts, qui pèsent, hors universités et agences régionales de santé, 29 milliards d'euros de crédit de l'État et 235 000 emplois, dont une partie de fonctionnaires. "Plus de 85 %" d'entre eux ont déjà signé fin 2010 le "contrat de performance" permettant d'assurer leur "pilotage stratégique", a-t-il souligné.

Le ministre a souhaité que leur soient étendues dès cette année les règles budgétaires des administrations, avec des "gains de productivité, la certification de leurs comptes", "une réduction de 10 % de leurs dépenses de fonctionnement d'ici 2013", et l'interdiction de s'endetter à plus d'un an pour un "grand nombre" d'entre eux.

M. Baroin a par ailleurs rappelé l'attachement du gouvernement à combattre la précarité dans la fonction publique, via un projet de loi en cours de négociation avec les syndicats.
Œdipe en Chine
Documentaire
Durée : 0:55 min

 RÉSUMÉ

Qu'est-ce que Freud ou Lacan ont à dire aux Chinois ? La psychanalyse, nourrie des mythes occidentaux, peut-elle s'adapter à l'une des plus vieilles civilisations du monde ? Dans cette enquête révélatrice d'une ouverture à «l'inconscient», thérapeutes et étudiants chinois s'allongent sur le divan. Un siècle après les découvertes de Freud, la psychanalyse suscite un certain engouement en Chine. Rien de très développé encore, mais dans ce pays où les bouleversements économiques accélérés brouillent les repères traditionnels, où la liberté d'expression n'existe pas et où parler de soi est mal vu, elle apparaît comme un espace privilégié permettant à une parole intime de se déployer

A télécharger ici
Comment résister au diktat de l'urgence
Par
Pascale Senk17/01/2011

Le mal qui nous menace aujourd'hui est un rapport dysfonctionnel à la temporalité. À trop vivre dans l'immédiat, nous perdons peu à peu les bénéfices de la durée.

C'est le dernier sujet qui passionne, inquiète, fait débat: des livres, des conférences et pas moins de deux colloques importants explorent la relation de l'homme contemporain au temps et s'inquiètent de la tyrannie de l'immédiateté dans nos vies. Le premier, celui de l'association GyPsy (gynécologie psychanalyse), s'est tenu au début du mois de décembre à Paris et réunissait pendant trois jours des psychanalystes, mais aussi des philo sophes, des historiens ou des écrivains. Le second, qui se prépare actuellement, réunira, à Grenoble, en octobre prochain, sociologues, scientifiques et psychologues.

Que se passe-t-il donc? Y a-t-il péril en la demeure? On pourrait dire que justement «rien ne demeure: tout passe trop vite et nous ne nous y retrouvons pas. Les nouvelles technologies nous ayant désormais plongés dans le règne de l'instantanéité, nous avons perdu un certain sens de la temporalité et sommes souvent déchirés entre deux instances: le temps social, extérieur, celui de nos contraintes organisationnelles pour nous adapter au monde pressé dans lequel nous vivons, et le temps intérieur, appelé aussi temps psychologique, qui nous invite à goûter ce qui se passe dans nos vies à notre propre rythme, cette fois-ci subjectif. Il semble qu'actuellement beaucoup d'entre nous soient comme déphasés dans leur perception de ces différents temps (lire ci-dessous). Jacques André, psychanalyste et auteur notamment des Désordres du temps (Éd. PUF), observe certaines contradictions contemporaines: «Nous avons gagné en allongement de vie, et pourtant, la préoccupation du vieillissement semble arriver chez certains dès l'âge de 30 ans. Très tôt, ils souffrent de leur première ride alors qu'ils ont beaucoup d'années devant eux.»

Autre contrainte déstabilisante : le diktat de l'urgence s'est imposé dans le temps social. «Avant, celui-ci était rythmé par les saisons, rappelle le psychanalyste. Aujourd'hui, beaucoup semblent poussés par l'envie de brûler les étapes: ils vivent dans la précipitation, la suroccupation, se retrouvent à sortir tous les soirs, à multiplier les relations éphémères.» Ainsi le règne du non-durable en vient-il à colorer nos existences.

Or cette «sommation cumulative d'instants» que les médias notamment diffusent à profusion (cf. la culture du «scoop») ne s'accorde pas avec nos besoins profonds d'élaboration psychique. Car on peut remarquer que toutes les grandes initiations dans nos vies: grandir, apprendre, aimer, éduquer, traverser un deuil par exemple demandent du temps. «Aujourd'hui, nous n'avons plus le temps d'incuber les événements et de les élever au statut d'événements psychiques , regrette le psychanalyste Roland Gori. Alors, bien sûr, nous pouvons nous adapter en développant un “faux-self”, un moi d'emprunt, mais que deviennent nos rêves, nos mémoires, les mythes dans cette société qui matérialise le temps à ce point?» Et de citer Winnicott : «Pour pouvoir être et avoir le sentiment que l'on est, il faut que le faire-par-impulsion l'emporte sur le faire-par-réaction.» Réflexion, anticipation et intégration nous sont donc aussi nécessaires que l'air et l'eau.

Jardin secret

Mais alors, comment s'en sortir ? Pour le philosophe Marcel Gauchet, tel est le nouveau défi qui nous incombe: réconcilier ces deux temps qui rythment nos vies, le temps de la construction sociale, qui est artificiel mais auquel nous obéissons, et notre temps intérieur, qui nous fait traverser les événements d'une manière irrémédiablement solitaire. «Nous ne pouvons nous passer d'aucun de ces temps, précise le philosophe, et nous ne cessons d'osciller de l'un à l'autre. Mais il est possible de vivre au mieux cette dualité: en prenant conscience notamment que le temps “objectif” ne se réduit pas à la contrainte sociale et au conformisme.» On peut ainsi l'envisager comme «le temps de l'action en commun, du travail réfléchi de construction partageable avec les autres et en mesure de produire des effets durables au-delà des limites de nos vies».

De manière plus pragmatique, le psychiatre Laurent Schmitt recommande dans son livre Du temps pour soi (Éd. Odile Jacob) de multiplier les occasions de se mettre en contact avec sa propre temporalité: micropauses d'environ une minute nous permettant d'interrompre nos activités trois ou quatre fois par jour, aménagement de nos activités et de nos loisirs en fonction de notre rythme individuel, culture d'un jardin secret… Des propositions qui deviendront peu à peu incontournables pour tous ceux qui ne veulent plus perdre leur temps.
Tous médecins généralistes !
15.01.11

La médecine exerce une emprise grandissante sur nos vies. Et la santé n'échappe pas au grand chambardement de nos démocraties. L'autorité du médecin ne va plus de soi, patient docile ou pas. Le brutal et pertinent Dr House a remplacé l'inquiétant et charlatan docteur Knock. L'automédication triomphe, la consultation numérique est autorisée et les internautes se livrent à de savants ou hasardeux autodiagnostics. Nos attitudes ont changé. Patients impatients, nous serions tous devenus des généralistes, des experts patentés. Pour ces raisons, la revue Médium, dirigée par l'écrivain et philosophe Régis Debray, s'est emparée de ce passionnant sujet.

Le constat est partagé par tous les rédacteurs de cette publication trimestrielle : la médecine est partout. Pas un hebdo sans son palmarès des hôpitaux, pas une télé sans son émission de santé. Et le Mediator est d'abord un drame, mais également un feuilleton. Alors, que peut nous apprendre sur ce moment d'emballement sanitaire la "médiologie" (terme combiné du latin - medium, le véhicule - et du grec - logos, le discours), qui désigne une discipline qui s'attache au moyen de communication plutôt qu'au contenu que celle-ci véhicule et s'intéresse aux effets produits par l'innovation technique sur l'espace public ?

Tout d'abord un "effet jogging". De même que le progrès des moyens de transport développe paradoxalement la marche et la course à pied dans un monde fortement urbanisé, de même l'hyper-technicité médicale provoque des retours aux médecines traditionnelles, expliquent Monique Sicard, coordinatrice du numéro, et Paul Soriano, rédacteur en chef de Médium. Ensuite un "effet wiki" : blog, forum, réseaux sociaux ou experts "on line" font que le savoir médical est participatif et interactif. Au point que Dominique Dupagne, médecin généraliste, célèbre l'avènement d'une "médecine 2.0". Car le Web permettrait de contourner les intérêts financiers et d'inventer un nouvel art de soigner. "Estompement des frontières du savoir et du pouvoir", du sachant et de l'ignorant, du médecin et du patient, le Net met une déterminante expérience en partage, celle du vécu de la maladie.

Directeur des ressources humaines du centre hospitalier de Senlis, Lucien Gérardin n'y voit pas qu'un progrès. Un "mouvement de consumérisme médical" est en marche, dit-il. Et les prescriptions des médecins sont souvent vérifiées sur des sites spécialisés par des patients inquiets des effets secondaires d'un médicament, ou dubitatifs sur le diagnostic établi par leur médecin traitant. Ainsi cette "hypochondrie généralisée" de la société où chaque citoyen se transforme en petit médecin a, selon lui, "un côté orwellien". Il faut dire que les crises sanitaires (vache folle, vaccin H1N1, Mediator, etc.) ont inauguré une ère de la méfiance et de la défiance.

Mais attention à ne pas oublier que l'espérance de vie, dans les pays dits "développés", ne cesse d'augmenter, rappelle Jean de Kervasdoué, titulaire de la chaire d'économie et de gestion des services de santé du CNAM. Et que le système de santé français demeure l'un des plus performants. Inutile, pourtant, de dépenser plus. Car "plus de médecine ne veut pas dire plus de santé". Ainsi le Japon, pays qui dépense le moins pour ses soins, à l'exception de la Corée, est aussi celui où l'on vit le plus longtemps, écrit-il.

Gardons-nous donc de donner raison à Aldous Huxley, l'auteur du Meilleur des mondes (1931), qui disait que "la médecine a fait tellement de progrès que plus personne n'est en bonne santé" !
Quand la technologie remplace la discussion…
Par Xavier de la Porte
17/01/11

La lecture de la semaine, il s’agit d’un article de USA Today publié le 30 décembre dernier, sous la plume de Sharon Jayson. Il m’est arrivé par un auditeur de Montréal, que je remercie au passage. Et il s’intitule : “2010, l’année où la technologie a remplacé la discussion”.

L’article commence par constater que les Américains sont connectés à un  niveau sans précédent. 93 % d’entre eux utilisent des téléphones portables ou des outils de connexion sans fil… Les avantages sont évidents : on peut rester en contact avec ses amis et sa famille, et utiliser à  bon escient les moments d’attente, par exemple, pour discuter avec eux. L’inconvénient : on se déconnecte de fait des gens qui sont dans la même pièce que nous. C’est pourquoi, malgré toutes ces technologies qui nous permettent de communiquer plus facilement, 2010 est l’année où l’on a arrêté de se parler les uns aux autres. [...]


[...] Sherry Turkle, qui dirige l’Initiative sur la technologie et l’autonomie au MIT, à Cambridge, Massachusetts (et qui vient de faire paraître un livre sur le sujet intitulé Seuls ensemble), s’inquiète de ce qu’elle voit aujourd’hui : “Nous sommes dans une confusion entre la connexion continue et le fait d’avoir de vraies connexions, explique Sherry Tuckle. On est toujours disponible pour tous. Mais, quand on y regarde de plus près, on ne se donne plus le temps pour avoir des conversations qui comptent vraiment.

Dans son dernier livre Still Connected : Family and Friends in America Since 1970 (Toujours connectés : famille et amis en Amérique depuis 1970), il explique que le temps passé en contact avec les amis et la famille n’a pas beaucoup changé depuis 40 ans, malgré l’explosion du mobile ; il y a eu une légère baisse du contact en face à face, mais une hausse substantielle des autres manières de communiquer, comme le téléphone ou le mail. Le changement majeur, ajoute-t-il, c’est “l’idée que vous êtes disponible à tous les membres de votre environnement social à tous les instants, et qu’ils le sont pour vous. Quant aux conséquences et aux implications, nous les ignorons.

Lire la suite ici
Maxisciences

L’aire cérébrale du mensonge dévoilée

14 janvier 2011
Une zone du cerveau serait potentiellement activée lorsque les personnes mentent. C’est du moins ce qu’une équipe de neurologues britanniques pense avoir repéré.

L’Agence Science Presse rapporte qu’un neurologue anglais, Matthew Rushworth, et son équipe ont réussi à identifier la zone du cerveau qui s’activerait en cas de mensonge. Des volontaires ont été soumis à un test pour permettre cette étude.
Les participants devaient choisir entre deux boîtes en fonction des informations, vraies ou fausses, données par un autre candidat. En fonction de ce que croyait le participant chargé de choisir la boîte à ouvrir, différentes zones du cerveau étaient activées. Ainsi, s’il pensait l’information juste, la zone activée n’était pas la même que s’il pensait qu’on lui mentait. De même, en leur montrant qu’ils s’étaient trompés, l’activité cérébrale changeait à nouveau.
Si cette étude a bien été menée, elle pourrait être utile pour mieux appréhender les problèmes de schizophrénie et de paranoïa, indiquent les auteurs de l’étude. En effet, les schizophrènes développent une paranoïa importante en étant contraints de faire face à leurs estimations fausses de la réalité

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dimanche 16 janvier 2011




NE LAISSEZ PAS FAIRE !

L’HÔPITAL PUBLIC EST VOTRE HÔPITAL

DÉFENDEZ-LE AVEC NOUS !

- Défendez-le parce qu’il assure des soins de qualité pour tous quels que soient les moyens de chacun.

- Défendez-le parce que c’est là que se font les grandes recherches d’aujourd’hui qui permettront les progrès de demain.


- Défendez-le parce que c’est lui qui assure 80% des urgences, c’est lui qui a fait face hier à l’épidémie de SIDA et à la canicule et qui pourra faire face à une pandémie grippale.


- Défendez-le parce que c’est lui qui prend en charge les cas les plus graves ou les plus complexes à tous les âges de la vie.


- Défendez-le parce que les autres pays nous l’envient.


La loi HPST dite loi Bachelot a supprimé l’appellation de « Service Public Hospitalier ». Elle ne parle plus que d’ « Établissement de Santé ». Elle cherche à transformer l’hôpital public en entreprise.

Pour être rentable l’hôpital devra sélectionner les pathologies et les patients, et diminuer le nombre de personnels : moins d’infirmières, moins d’aides soignantes, moins de médecins, moins de secrétaires, moins d’assistantes sociales.
Il est prévu de supprimer 20 000 emplois dans l’ensemble des hôpitaux.

NE LAISSEZ PAS FAIRE
POUR DÉFENDRE VOTRE HÔPITAL PUBLIC ASSURANT
L’ACCÈS ÉGAL POUR TOUS À DES SOINS DE QUALITÉ,
SIGNEZ LA PÉTITION NATIONALE QUI SERA ADRESSÉE
AU PARLEMENT ET AU GOUVERNEMENT :

« Je défends l’Hôpital Public, lieu de formation des professions médicales et paramédicales, de l’innovation et des progrès thérapeutiques, qui offre à tous, sans discrimination, des soins de qualité.

Je m’oppose à son démantèlement qu’annoncent d’une part un nouveau mode de direction qui aura pour souci principal la rentabilité, d’autre part des suppressions d’emplois non justifiées qui altèreront la qualité des soins. L'Hôpital Public doit avoir un financement lui permettant de remplir ses missions.»
Psychanalyse et Non-Psychanalyse

Que peut la psychanalyse pour les pratiques sociales ?

On peut voir les sciences humaines se donner couramment des "airs" psychanalytiques dans la mesure où, bien souvent, elles utilisent la thèse d'un "inconscient structuré comme un langage" sans toujours reconnaître leur dette à l'égard de la doctrine analytique. Hypothèse : l'"analycité" serait la condition de possibilité des sciences humaines comme le langage est la condition de l'inconscient. Par-delà les prétentions objectivistes (plus ou moins légitimes, ce n'est pas notre problème) de la sociologie et des sciences sociales en général, par-delà l'écriture ambiguë de l'Histoire "entre science et fiction", il reste à établir la dette contractée par les "pratiques sociales" à l'endroit de la psychanalyse, d'autant qu'elles sont directement confrontées à la réalité éthique et politique du sujet. Ces pratiques d'aide sociale, d'éducation, de formation, etc., se fondent toutes sur une forme de transfert mais ne peuvent ni en produire la théorie, ni évidemment se contenter d'importer la technique inventée par Freud (l'association libre et son écoute flottante) dans le cadre de la pratique analytique. Comme la cure, elles font intervenir acte et structure (de langage) mais sans viser les mêmes finalités puisqu'elles ne s'adressent pas au "même" : l'une parle exclusivement au sujet en tant que tel, alors que les autres ont affaire à l'individu socialement aliéné, soit l'assujet.

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Fondantion Maison des sciences de l'homme

La psychanalyse vaut-elle aujourd’hui d’être défendue ?

Table ronde animée par Jacques Munier (France Culture)

Avec José Morel Cinq-Mars (érès ; PUF), Heitor O’Dwyer de Macedo (Stock), Patrick Chemla (érès), Erik Porge (La Fabrique), Isabelle Blondiaux (Le Félin)

La psychanalyse suscite souvent méfiance et rejet. La montée en puissance des sciences cognitives, des thérapies comportementalistes, de l’idéologie de l’évaluation accentue encore cette marginalisation et vaut que soit posée la question de l’importance et des enjeux de cette discipline.

Salle Margaret Mead, Samedi 5 février 16h30-18h

Normativité, créativité, transmission dans la psychanalyse


Colloque du Comité de Liaison Française CLF De la CONVERGENCIA

29 et le 30 janvier 2011
A l'Institut de théologie protestante
83 bd Arago, 75014 Paris

“Par la grâce de l'analysant…”, nous disait Lacan à propos du transfert.
Nos associations, qui s'attachent aujourd'hui à maintenir la psychanalyse dans le fil d'une transmission qui ne dénature ni le propos de Freud ni l'enseignement de Lacan, devraient en venir à instaurer cette norme inédite que la psychanalyse elle-même advienne, en ce troisième temps, comme discours renouvelé, grâce à l'intervention des analysants qu'elle se rendrait à même d'intégrer en son sein, de même que ceux-ci ne feraient aucune difficulté à faire savoir au dehors que c'est à la psychanalyse qu'ils doivent la renaissance d'une subjectivité non entravée.
La création du sujet, enfin écouté et reconnu par la voix qui s'en écoute dans le cadre d'une cure, déboucherait ainsi sur la possibilité que soit forgé, lors d'un tel travail, un sujet de la création, celle-ci ne se limitant plus à celle d'un nouveau psychanalyste, simple moyen de reproduction de son discours, mais à celle d'une oeuvre, que ce soit dans les domaine de l'art ou de la science, puisque sa possibilité ferait passer le sujet en question de la déchéance du nom réduit au rang de “signifiant quelconque” dont on peut se passer, à la signature d'un nom qui fait acte, voire tournant dans l'histoire.

Dispositif
Les textes de chaque association seront mis en discussion par deux autres associations de Convergencia.

Samedi 29 janvier 2011
matin 10h-12h30 :

Invitation adressée aux auteurs du « Manifeste pour la psychanalyse » dont l'ouvrage sera mis en discussion par :

Le Cercle Freudien (C.F.) France ; Cartels Constituants de l'Analyse Freudienne (C.C.A.F.), Psychanalyse Actuelle , Dimensions de la Psychanalyse

après-midi 14h30 – 17h30

1. Le texte d'Analyse freudienne sera discuté par :
1. Dimension de la Psychanalyse
2. Fedepsy
2. Le texte d'Espace analytique sera discuté par :
1. Analyse Freudienne
2. Psychanalyse-Actuelle
3. Le texte d'Insistance sera discuté par :
1. Dimensions de la Psychanalyse
2. Fedepsy

Dimanche 30 Janvier 2011
matin : 10h30 -12h30

4. Le texte de Dimensions de la Psychanalyse sera discuté par :
1. Cercle Freudien
2. Espace Analytique
5. Le texte du Cercle Freudien sera discuté par :
1. Cartels Constituants (C.C.A.F.)
2. Insistance

Dimanche après-midi : 14h30 – 17h30

6 Le texte des Cartels Constituants (C.C.A.F.) sera discuté par
1. Analyse freudienne
2. Insistance
7. Le texte de Psychanalyse-Actuelle sera discuté par :
1. Espace Analytique
2. Cartels Constituants (C.C.A.F.)
8. Le texte de Fedepsy sera discuté par :
1. Psychanalyse Actuelle
2. Cercle freudien

17h30-18h30 Ouvertures, relances

Une participation de 60 euros par personne a été décidée pour l'ensemble du colloque, de 40 euros pour chaque journée ou pour une demi-journée.
Une participation de 10 euros sera demandée aux étudiants.

Colloque Organisé par Le CLF :
Analyse Freudienne (A.F)
Cercle Freudien (C.F.) France
Espace Analytique (E.A.) France
Insistance (I) France
Cartels Constituants de l'Analyse Freudienne (C.C.A.F.)
Psychanalyse Actuelle (P.A.) Dimensions de la Psychanalyse (D.P.) Fedepsy (F.P.)
Pour le CLF-Convergencia
Barbara Didier-Hazan, Fabienne Ankaoua, Nabile Farès, Paolo Lollo
Le Livres de Psychanalyse
Les Paradoxes du délire. Wittgenstein, Schreber, et l'esprit schizophrénique
Louis A. Sass

Décembre 2010
Les Éditions d'Ithaque

Voici un essai sur la philosophie et sur la folie sur la folie comme parente proche de la philosophie ; sur la philosophie comme espèce de la folie. Être « fou », tant pour le spécialiste de clinique mentale que pour n'importe lequel d'entre nous, c'est croire des choses absolument fausses, ou en percevoir certaines qui n'existent tout simplement pas. Mais bien des schizophrènes, ces fous par excellence, n'agissent nullement comme s'ils prenaient leur délire pour la réalité. Dans ce travail, d'une pénétration et d'une sensibilité exceptionnelles, Louis Sass fait voler en éclat nos idées reçues sur le délire et la réalité. Comment ? En mettant en regard l'autobiographie du « fou » le plus célèbre de l'histoire de la psychiatrie et de la psychanalyse, le Président Daniel Paul Schreber, et les textes du philosophe ou de l'antiphilosophe Ludwig Wittgenstein. Car quantité de « maladies intellectuelles » que Wittgenstein a détectées en philosophie le détachement à l'égard de la vie sociale, l'indifférence aux enjeux pratiques, la pente à l'abstraction et à la concentration de la conscience sur elle-même présentent de troublantes affinités avec les symptômes classiques de la schizophrénie. La schizophrénie, montre ainsi Louis Sass, pourrait bien être, à cet égard, non la perte définitive de la raison, mais le point d involution ultime sur la trajectoire d'une conscience livrée aux savants paradoxes d'un solipsisme vécu.

Louis Arnorsson Sass, psychologue formé à la phénoménologie, est professeur de psychologie clinique à l'université Rutgers (New Jersey). Il y est chercheur au Centre de sciences cognitives et il y enseigne également en littérature comparée. Ses travaux, toujours marqués par l'interdisciplinarité, se situent à la croisée de la psychologie clinique, de la philosophie, de l'histoire des sciences, des arts et de la littérature. On y trouve des études phénoménologiques sur la schizophrénie, sur les notions de vérité et de soi en psychanalyse, sur l'herméneutique en philosophie, ou sur l'articulation modernité / post-modernité
Ergothérapie en psychiatrie : De la souffrance psychique à la réadaptation
Hélène Hernandez , Laurent Berges , Muriel Mutis , Philippe Vaur
12 janvier 2011
L’ambition de cet ouvrage réside dans l’écriture de pratiques liée à l’exposition de choix conceptuels et théoriques. A l’heure où les étudiants en ergothérapie réalisent un mémoire de fin d’études nourri d’une initiation à la recherche, la profession se devait de disposer d’écrits référencés dans lesquels la théorie éclaire la pratique et la féconde.

jeudi 13 janvier 2011

La Non-philosophie

LES PRINCIPES DE LA PENSÉE.
La philosophie immanentale.

De Sylvain Tousseul


Le bâtiment dans lequel vous vous trouvez a été construit avec certaines connaissances qui relèvent des sciences exactes, comme la géométrie ou la physique, et en fonction de certaines conditions qui relèvent des sciences humaines, comme l’économie ou l’esthétique. Ainsi, le monde dans lequel nous vivons est construit à l’aide des sciences dont nous disposons, c’est-à-dire que la légitimité de notre monde repose sur celle de nos sciences. Or, nos sciences n’ont aucune légitimité, car les logiques avec lesquelles elles sont élaborées n’ont jamais pu être justifiées depuis qu’Aristote les a découvertes, et tant que les logiques ne sont pas justifiées, les sciences et le monde qu’elles permettent de construire ne le sont pas davantage. C’est pourquoi le présent ouvrage se donne pour tâche de résoudre l’énigme millénaire des logiques : comment pense-t-on ? Pourquoi pense-t-on ? Et quelles sont les idéologies que Ça entraîne ?

Castres. Le cercle du Pastel invite Dark Vador sur son divan
Comment, depuis 1977, une musique, une respiration et une silhouette noire peuvent parvenir à représenter la terreur pour deux générations ? Dark Vador, personnage central de Star Wars, sera aussi au centre d'une conférence menée par le psychiatre et psychanaliste Hubert Stoecklin sur le thème «psychanalyse, art et cinéma» proposée par l'association «le cercle du Pastel» à l'auditorium de la bibliothèque municipale, 2 avenue du Sidobre, le mardi 7 décembre à 20h30.

Hubert Stoecklin parlera notamment de sa rencontre avec Anakin Skywalker, devenu Dark Vador: «Il fallait un regard analytique pour entendre ce que nous dit Dark Vador à travers son terrible masque. Dark Vador à beaucoup à dire sur son passage du côté obscure.»
Le psychiatre va ainsi s'appuyer sur le moment central de la saga, c'est à dire la transformation de Anakin en Vador pour étayer une conférence forcément très psychanalytique.

Bachelot opposée aux assistants sexuels pour les handicapés

Une proposition de loi visant à créer un statut d’aidant sexuel devrait être déposée dans le courant de l'année.

La ministre de la Solidarité et de la Cohésion sociale, Roselyne Bachelot, s’est déclarée jeudi «rigoureusement opposée» au recours à des assistants sexuels pour les personnes handicapées.

Interrogée lors d’une conférence de presse pour savoir si elle soutiendrait une proposition de loi qui devrait être déposée en 2011 pour rendre possible le recours à des assistants sexuel pour des personnes handicapées, Mme Bachelot a répondu: «J’y suis rigoureusement, formellement, totalement opposée». «Vous pensez que la ministre en charge du droit des femmes va soutenir un truc pareil ?», a-t-elle demandé.

Le député UMP Jean-François Chossy, qui a été missionné par le Premier ministre pour réfléchir à «l’évolution des mentalités et le changement du regard de la société sur les personnes handicapées», prépare une proposition de loi visant à créer un statut d’aidant sexuel.
Jamais sans mon génome
Par ANNE DIATKINE


L’année 2011 s’annonce sous les meilleurs auspices. Les nouveau-nés ou plutôt leurs parents vont enfin savoir où leur vie va les mener et comment obéir dès le premier jour à leur destin, sans stupidement résister ou s’imaginer qu’ils usent de leur libre arbitre et produisent leur histoire. Portable Genomics, conçu par le chercheur Patrick Merel, est une application qui permet de transporter avec soi tout son génome dans son iPhone ou iPad. Grâce à elle, Dieu n’est plus caché et le jansénisme est de nouveau tendance.

Mais la prédestination a pris une forme scientifique. Désormais, un bébé pourra dormir et grandir en compagnie de toutes les informations possibles concernant ses gènes, comme autant de doudous. S’il se révèle virtuellement hypertendu, cardiaque, diabétique, ou si son père n’est pas son père, il pourra dire à la manière de Jacques le Fataliste : «Tout ce qui nous arrive de bien ou de mal est écrit là-dedans.» S’il est colérique, mauvais en math, dépressif, schizophrène, atteint de «phobie sociale», sans doute, en cherchant bien pourra-t-on trouver la cause dans son génome, plutôt que de s’intéresser à ce qu’il est. Et s’il n’est rien de tout cela, ce sera probablement que la combinaison génétique ou le gène ne se sont pas encore exprimés.

Comment offrir un tel cadeau à un bébé ? Il faut d’abord recueillir sa bave, ce qui n’est pas trop compliqué, l’action de baver étant une disposition commune à tous les nouveaux humains. Puis, la mauvaise fée prévoyante envoie la salive du bébé dans une boîte en plastique, à un laboratoire américain avec quelques centaines de dollars, lequel en extrait l’ADN, et séquence et analyse son génome. Le résultat sera renvoyé grâce à l’application qui en analysera les informations, sur l’ordinateur portable ou le téléphone. Selon l’inventeur de Portable Genomics, toutes sortes de nouveaux diagnostics seront intégrés et affinés à mesure des progrès de la recherche. Grâce au GPS incorporé dans le smartphone, on pourra se rendre n’importe où en sachant quel spécialiste consulter en fonction de ses prédispositions. Un code couleur simplissime (vert, c’est bien ; rouge c’est mal) nous indiquera la maladie qui peut nous tomber dessus. Portable Genomics est à la fois le rêve des hypocondriaques, des parents abusivement anxieux, d’une société qui contrôle, évalue et ne laisse rien au hasard, et un paradis financier pour des laboratoires qui souhaiteraient court-circuiter les intermédiaires et vendre directement au consommateur le remède idoine, d’un simple clic. Sans compter les usages détournés des hackers ou des directeurs des ressources humaines, qui, au moment d’un entretien d’embauche, jetteront un œil sur la page Facebook et l’autre sur le capital génétique. Est-ce le cauchemar d’un paranoïaque, une utopie négative, ou notre avenir proche ? Pour l’instant, la législation française interdit de faire séquencer son génome sans nécessité ni prescription médicale. Qu’à cela ne tienne : la Californie ouvre ses portes à Patrick Merel et à sa société.

mercredi 12 janvier 2011

Les psychiatres ne suivraient pas la règle d’or
Publié le 12/01/2011

Selon les éditorialistes du British Journal of Psychiatry, les psychiatres ne respecteraient pas toujours ce principe éthique universel, connu sous le nom de   ‘‘Règle d’or’’ (The Golden Rule). Principe résumant et supplantant, par sa simplicité exemplaire, la masse des lois et autres réglementations : « Traitons les autres comme on accepterait d’être traité par eux. »

Or les auteurs commentent une étude allemande indiquant que les psychiatres « ne veulent généralement pas être traités comme ils traitent souvent leurs patients. » Dans cette étude, 500 psychiatres (recrutés lors d’un congrès annuel) ont été interrogés sur leurs pratiques professionnelles, sur la façon dont ils préfèreraient eux-mêmes être traités s’ils se trouvaient à la place du malade, et sur ce qu’ils répondraient à un patient leur demandant ‘‘Que feriez-vous à ma place, Docteur ?’’ Et les résultats de cette enquête sont édifiants ! Car les psychiatres semblent pratiquer la politique du ‘‘Fais comme je dis, et non comme je fais !’’
 
Par exemple, alors que près de la moitié des psychiatres proposent des injections de neuroleptiques retard (depot antipsychotic medication) à leurs patients ayant une mauvaise observance à l’égard des traitements per os, seulement 15 % d’entre eux s’appliqueraient à eux-mêmes, le cas échéant, cette stratégie thérapeutique ! Et encore, il est possible qu’un biais entache ces statistiques déjà éloquentes, car les réponses données par les professionnels ne sont peut-être pas tout à fait sincères, dans la mesure où certains psychiatres ne répondraient pas franchement ce qu’ils pensent, mais ce qu’ils estimeraient ‘‘socialement acceptable’’ de répondre. En clair, ils minimiseraient les réponses ‘‘choquantes’’ (du type ‘‘Ce qui vaut pour autrui ne vaut pas pour moi’’ et vice-versa) quand ils repèreraient une entorse flagrante à la logique ou à l’éthique ! Enfin, pour exercer la psychiatrie, on n’en reste pas moins pusillanime : en effet, cette étude allemande montre que les psychiatres sont plus volontiers enclins à s’appesantir sur les effets latéraux des médicaments, quand ces traitements les concernent personnellement que s’ils sont destinés à leurs patients !
Dr Alain Cohen

Crawford MJ et Dunlea E : Providing patients with information about treatment choices : do unto others ? Br J Psychiatry 2010; 197: 429-430.

mardi 11 janvier 2011

Nouvelles psychanalytiques

La question de l'identité aujourd'hui, entre amnésie et hypermnésie


Journée de l'EPhEP - Organisateur(s) : École Pratique des Hautes Études en Psychopathologies - Le samedi 29 janvier 2011 de 9h30 à 13h30 et de 14h30 à 17h30 - Lieu de déroulement : Paris Faculté de médecine Paris-Descartes.





Argument :


L’identité ne figure habituellement pas parmi les troubles ou les symptômes isolés en psychopathologie. Chacun est couramment persuadé d’en avoir une, et sauf si elle prend la forme d’un délire constitué, personne ne s’en étonne : elle relève de notre psychologie spontanée, individuelle ou collective. Elle peut ainsi répondre de façon automatique à toute altérité qui viendrait menacer ou seulement questionner notre être : à commencer évidemment par celle du corps et du sexe, dont les symptômes, la jouissance ou le désir nous sont inévitablement autres, et fréquemment étranges.

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Passage à l’acte et responsabilité

2ème Après-midi d’Étude de l’atelier de lecture de textes Jacques Lacan (ACF IDF et Envers de Paris)









le Samedi 26 mars 2011 à 14h à l’Université de Chicago à Paris, sur le thème Passage à l’acte et responsabilité, avec la participation de François Leguil

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Une pragmatique de la désinsertion en psychanalyse
Laura Sokolowsky
- Membre de l'ECF

Dans le langage commun et administratif, la désinsertion sociale correspond à la situation d’un individu qui a rompu plus ou moins brutalement ses attaches avec sa famille, son travail, ses amis. Cette notion met l’accent sur le vécu de celui qui s’exclut. Du point de vue sociologique, on étudie alors ce phénomène de déclassement social, la façon dont quelqu’un peut devenir Rmiste ou SDF.
La désinsertion n’est donc pas sans lien avec l’exclusion. L’exclusion est le nom de ce qui n’a pas de nom : c’est le nom d’un réel. Cette notion est apparue dans le contexte précis de la montée du chômage, au cours des années 70. Elle correspond à l’émergence d’une nouvelle pauvreté, plus exactement, à la réapparition de la pauvreté dans les grands centres urbains.
Ce terme, qui signifie « être fermé dehors », est une notion négative qui recouvre le monde des sans abri, sans travail, sans domicile, sans famille, sans attaches. La rupture avec l’Autre apparaît accomplie. Rejeté à la marge de la société, l’exclu subsiste grâce à la charité publique. Il déploie des stratégies de survie. Ce phénomène est-il réversible ? C’est une question. Peut-on l’endiguer ? Peut-on intervenir avant que cette rupture, ce lâchage complet avec le social ne s’accomplisse ? L’exclusion serait dès lors le dernier degré de la désinsertion sociale qui renverrait, elle, à l’idée d’un processus, d’une progression, d’une transformation.
Comment se déprend-on du social ? Est-il indifférent, du point de vue psychanalytique, que cette déprise soit ancienne ou bien récente ? Existe-t-il plusieurs types de déprises, impliquant diverses modalités de se réinsérer dans le lien social ? Les personnes qui s’adressent à nous ont-elles l’idée qu’elles y sont pour quelque chose ?
En psychanalyse, nous nous réglons sur d’autres paramètres que l’évaluation de la capacité à tenir ou non un travail dans le système salarial actuel. Nous tenons compte de la position subjective, c’est-à-dire, fondamentalement, du choix du sujet qui décide ou non de se déprendre de l’Autre. Il convient de ne pas confondre la désinsertion telle que peut l'envisager la psychanalyse et la précarité au sens économique du terme, au sens de pauvreté, du manque de ressources financières. Il s'agit là d'un point décisif.

Je me réfère ici au terme employé par Lacan dans son commentaire de 1953 sur l’Homme aux loups. Paradoxalement, ce célèbre patient de Freud n’était pas un homme pauvre, bien au contraire. Au départ, lorsqu'il fit appel à Freud, l'Homme aux loups avait une position de riche. Cette fortune avait grandement participé à sa désinsertion dans la société. Une partie du drame de ce patient était sa désinsertion comme riche, en tant que riche. Très précocement, en effet, l'Homme aux loups fut séparé de tout ce qui, sur le plan social, pouvait constituer pour lui un modèle. A la suite de Freud, Lacan fit valoir que l'Homme aux loups était désinséré car sans modèle social, qu'il était isolé par sa position de riche. Son isolement était corrélé à la défaillance de l'idéal-du-moi.
Par ailleurs, Freud indiquait que son patient se sentait séparé de l’univers par un voile. Ce voile ne se déchirait qu’à un seul moment quand, sous l’influence du lavement, le contenu intestinal sortait de l’intestin. Alors, il se sentait de nouveau bien portant et normal. Dans les rêves de l'Homme aux loups, en effet, il est question d'une femme qui se dévoile, à laquelle lui-même arracherait le voile, dénudant son corps. Le symptôme du vidage brutal du contenu intestinal, où le voile se déchirait brutalement, correspondait à la satisfaction d'un fantasme d'accouchement, de procréation anale, indiquait Freud. Ce fantasme de féminisation isolait ce sujet du monde. Cette position féminine dans l'inconscient était aussi responsable de sa désinsertion.

Le rapport du sujet à la jouissance oriente ainsi l’abord psychanalytique de la désinsertion.  Le sujet peut s’être séparé d’une jouissance insupportable localisée dans l’Autre, dans un mouvement d’autodéfense. Il a démissionné, il a divorcé, déménagé, changé de pays. Il s’est dépris du social pour se protéger.
Mais, la déprise peut aussi correspondre au laisser en plan, au lâchage par l’Autre. Ici, le sujet se laisse tomber, il n’oppose plus de résistance à la jouissance mortifère, à la pulsion de mort. La déprise n’a pas une fonction protectrice et l’autodestruction domine. Le recours massif aux toxiques et à l’alcool se rencontre davantage dans ce type de cas.
La déprise peut encore se manifester au moment où un événement social et un événement subjectif coïncident. Par exemple, un licenciement survient alors que le sujet a perdu l’appui d’un partenaire. Il faut avoir les deux conditions simultanées. Le sujet n’arrive alors plus à rebondir. L’isolement et le mutisme sont les marques distinctives de la déprise.

En psychanalyse, la définition de ce que serait une insertion réussie selon les normes sociales n’est guère utilisable. Les modalités de reprise sont, en effet, diverses : il peut s’agir d’un raccrochage par le branchement sur l’inconscient et le rêve, de la restauration partielle d’une invention signifiante protégeant le sujet d’une persécution fondamentale, d’un rebranchement centré sur une séparation d’avec l’objet. Il convient de mentionner aussi la récurrence de l’isolement et de la prévalence de ce que Lacan définissait comme l'appui sur l’ego dans le séminaire qu'il consacra au sinthome. Si nous croyons savoir à l’avance ce qui convient au sujet en matière d’insertion, nous rejoignons dès lors le bataillon de ceux qui s’efforcent de normaliser le sujet. C’est une erreur non seulement éthique, mais aussi clinique, dans la mesure où les sujets qui s’adressent à la psychanalyse ne s’aliènent pas dans les signifiants maîtres contemporains. Les idéaux de réussite professionnelle, d’accumulation de capital, de rentabilité ne sont pas parvenus, en effet, à les captiver.

Bibliographie :


Freud S., Cinq psychanalyses, PUF, Paris, 2007.
Furtos J. et al, Les cliniques de la précarité. Contexte social, psychopathologie et dispositifs, Masson, Paris, 2008.
Lacan J., Le séminaire, Livre XXIII, Le sinthome, Seuil, Paris, 2005.
Oberholzer K., Entretiens avec l'homme aux loups. Une psychanalyse et ses suites, Gallimard, Paris, 1981.
Rilke R. M., Le livre de la pauvreté et de la mort, Actes Sud, Paris, 1982.
La place essentielle des documentalistes
28.12.2010

Pour le réseau Ascodocpsy, la documentation a un rôle crucial dans le management de l'information, nécessaire à l'ensemble des soignants et des cadres administratifs des établissements de santé.


Le réseau de documentation d'hôpitaux psychiatriques Ascodocpsy a célébré le 9 décembre 2010 le dixième anniversaire de sa constitution en groupement d'intérêt public (GIP). Il existe de façon informelle depuis 1993. Il rassemble 90 hôpitaux adhérents (majoritairement des centres hospitaliers spécialisés) comptant 100 centres de documentation ou services d'archives.

"On nous voit souvent comme des gestionnaires d'abonnements à des revues, notre travail est beaucoup plus riche que cela", remarque Nathalie Berriau, sa coordinatrice. "Nous faisons du management de l'information" qui sert aux médecins, aux soignants et aux cadres administratifs. Elle souligne l'importance du travail de veille en matière de littérature scientifique et de réglementation et de l'accès à l'information pour tous les professionnels. Le réseau a permis de développer les échanges entre les services et a constitué une base de données en psychiatrie francophone, SantéPsy. Il a aussi développé un logiciel libre (ascoweb) en partenariat notamment avec la banque de données en santé publique (BDSP) et l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP).

Inquiétude sur les budgets documentation

Les documentalistes hospitalières en psychiatrie s'inquiètent d'une diminution de leur budget et d'un mouvement de déqualification des personnels affectés aux centres de documentation, alors que la documentation et la gestion de l'information sont des "éléments déterminants" au regard des exigences de qualité et d'évaluation attendues des établissements de santé.

Selon deux enquêtes menées en 2010 par Ascodocpsy, l'une auprès des documentalistes (107 répondants) et l'autre auprès des directions d'établissements (46 établissements répondants), les budgets des services de documentation sont globalement stables en volume. 55% des établissements déclarent reconduire le budget de la documentation d'une année sur l'autre, tandis que 21% déclarent un budget en baisse et pour 18% un budget en hausse. Mais, en raison des coûts croissants des abonnements aux revues spécialisées, les moyens sont plutôt en baisse.

Augmentation de la proportion des personnels non qualifiés

56% des documentalistes répondants déclarent avoir "une activité complémentaire aux tâches documentaires" (département d'information médicale/DIM, qualité, communication, culture, archives, Maison des usagers, gestion budgétaire) ou un mi-temps dans un autre service (cafétéria, reprographie, vaguemestre). Des charges de travail en plus sont attribuées sans attribution de personnels supplémentaires. Le recrutement des personnels non qualifiés est en nette augmentation puisque le personnel qualifié (diplôme de documentaliste ou validation des acquis de l'expérience VAE) représente 40% du personnel en 2010, contre 43 % en 2008. Inversement, la proportion de personnel non qualifié est passée de 28% en 2008 à 36% en 2010.

La tendance à la non-qualification inquiète les documentalistes. Des personnels non qualifiés peuvent être formés à l'utilisation d'outils de documentation -le réseau assure d'ailleurs cette formation, mais "ils ne peuvent pas créer de nouveaux outils de documentation", comme le thésaurus d'Ascodocpsy. "Il faut que les établissements pensent à la suite".

Documentation : un rôle dans la stratégie des établissements

Nathalie Berriau estime que les documentalistes "ont leur place dans les réunions de direction" pour "caler leur recherche sur les orientations stratégiques de l'établissement". Il faut "expliquer, faire connaître et convaincre les établissements de la nécessité de recruter des documentalistes professionnels et qu'ils puissent intégrer les réunions de direction". Elle fait remarquer que la version 2010 du manuel de certification des établissements de santé "met en avant la place de l'information et de la documentation" et souligne que les professionnels doivent avoir accès à des ressources documentaires. Ascodocpsy a décidé de solliciter la Haute autorité de santé (HAS) pour intégrer sa conception de la fonction Info-Doc dans le prochain manuel de certification.

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La psychiatrie pour enfants et adolescents manque toujours de moyens
29.12.2010

En 2005, ils évoquaient leurs consultations saturées, les délais d’attente de trois mois à parfois près d’un an infligés aux patients pour une première consultation, la difficulté de leur garantir un suivi psychologique régulier, la pénurie des lits d’hospitalisation…Aujourd’hui, cinq ans après leurs premiers états généraux et le cri d’alarme et de colère lancé aux pouvoirs publics, les pédopsychiatres de Seine-Saint-Denis font un nouvel état des lieux.

« Des choses ont été faites depuis 2005, reconnaissent-ils. Il y a eu des investissements, 3,5millions d’euros dans le secteur hospitalier, 8 millions dans le médico-social… Des efforts ont notamment été faits pour le développement des centres d’accueil thérapeutiques à temps partiel, pour celui de l’hospitalisation des adolescents et pour l’hospitalisation de jour. Mais en cinq ans, 90 postes seulement ont été créés, quand nous avions chiffré les besoins à 300…Et aucune nouvelle mesure n’a été annoncée en 2010. »

71 jours d’attente avant un premier rendez-vous

« Mener une psychothérapie avec des enfants ne doit pas être un luxe », souligne le professeur Marie-Rose Moro, chef du service psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital Avicenne, fondatrice de la maison des adolescents Casita de Bobigny, et désormais à la tête de la Maison de Solenn de l’hôpital Cochin à Paris. «Une société qui ne prend pas soin de ses enfants est vouée à la faillite. Or, la pédopsychiatrie fait partie de ces politiques et curseurs sociaux auquel le conseil général est vigilant », s’engage son président (PS), Claude Bartolone, en s’associant au collectif Pédopsy 93.
Car en Seine-Saint-Denis, les besoins explosent, en même temps que grimpe toujours la courbe démographique du département . Quinze mille patients (bébés, enfants et adolescents) ont fréquenté l’an dernier des consultations de pédopsychiatrie, dont 4 800 nouveaux, accueillis dans 46 lieux. Or, comme il y a cinq ans, les professionnels pointent l’une des grandes carences du département : les délais d’attente. « Plus de 13 % des patients sont en liste d’attente, souligne ainsi le docteur Welniarz, responsable du pôle 93 de l’établissement spécialisé de Ville-Evrard. Au 1er juin, pour l’accueil des bébés et enfants, nous avions 1 867 patients en attente, et un délai moyen est de 71 jours, mais qui peut atteindre 172 jours. »Quant aux adolescents, les professionnels estiment qu’un tiers des nouvelles demandes de consultation ne peut être reçu. C’était déjà le cas il y a cinq ans.

Quelle place pour la psychiatrie ?
Jean-Claude Comorassamy
Saint-Leu
13/12/10

« La psychiatrie est un des secteurs primordiaux de la santé publique dans notre pays », a toujours affirmé Mme Roselyne Bachelot, après avoir rappelé que la psychiatrie « c’est 73 000 lits, 63 000 infirmiers, plus de 13 000 médecins ».

Aujourd’hui, l’Agence régionale de santé (ARS) a eu pour chantier de redéfinir des Territoires santé pertinents dans le cadre de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST). Cela lui donne mission de (re) construire un système de soins plus cohérent, plus coordonné. Qui réponde mieux aux attentes et aux besoins des usagers, que nul ne peut contester.

Mais on doit aussi s’interroger sur la place de la psychiatrie dans ces nouveaux territoires ou de sa place dans le cadre d’un regroupement hospitalier ! Pourquoi cette inquiétude soudaine, me direz-vous ? Chacun sait que notre psychiatrie date d’un peu plus de deux siècles. Que Saint-Paul a été le berceau de la psychiatrie et que c’est fin 1977 que l’hôpital psychiatrie de Saint-Paul a perdu son entité régionale.

A cette date, deux des secteurs de Saint-Paul ont été transférés et intégrés à l’hôpital général de Saint-Pierre.

C’est le premier vécu d’un hôpital général « englobant » des services psychiatries à La Réunion. De mon regard d’observateur et à partir de mon propre éclairage, je peux dire que l’hôpital général semble beaucoup plus « privilégié » que la psychiatrie. A partir de là, je pense que la question mérite réflexion puisqu’un territoire a été défini pour l’Ouest. Qu’un rattachement dans un dispositif intégré est prévu pour les deux hôpitaux (..)

Nous ne voulons pas en tant qu’usager, demain, être noyés dans un concept de santé et de territoire où la psychiatrie n’a plus sa place. Nous voulons bâtir sur des soubassements solides, pour ne pas dire demain que notre psychiatrie a été « maltraitée » budgétairement ou non « respectée » dans son histoire. D’où cette question, quelle place pour la psychiatrie dans ces nouveaux territoires ?

Critique
"Abel" : portrait sensible d'une famille sans père
11.01.11

C'est un drôle de petit garçon. On dirait qu'il a lu le poème de Rudyard Kipling en commençant par la fin, qu'il sera un homme sans se soucier de remplir toutes les conditions que pose la vie. A 9 ans, Abel (Christopher Ruiz-Esparza) sort de l'hôpital où il était suivi en psychiatrie pour un mutisme tenace. Dans une grande maison, perdue en une vague banlieue, il retrouve sa mère, Cecilia (Karina Gidi), sa grande soeur, Selena (Geraldine Alejandra), et son petit frère, Paul (Gerardo Ruiz-Esparza).

Les familiers du jeu des sept familles auront à peine eu le temps de noter l'absence d'un père qu'Abel retrouve la parole et se met à dire la loi dans la maisonnée. Au cinéma, il est facile de faire peur avec des enfants. Abel inquiète comme aucun autre. Il n'a pas besoin de tourner la tête à 360 degrés ou de pousser sa soeur du haut d'une falaise, il lui suffit de prendre une place qui n'est pas la sienne, celle du père.

Parce que sa mère est trop heureuse d'entendre à nouveau la voix de son fils, la famille tolère ce délire qui s'installe peu à peu dans la vie quotidienne. Pour son premier long-métrage, l'acteur Diego Luna( Y tu mama tambien, Harvey Milk, etc.) a inventé cette histoire étrange qui est aussi bien une fable évoquant un pays à la dérive que la chronique intime d'une enfance.

Le scénario, que Luna a cosigné avec Augusto Mendoza, envisage avec obstination toutes les conséquences de la conduite d'Abel. Il en est de comiques, quand il jauge le petit ami de Selena. D'autres suscitent délibérément le malaise, lorsqu'il veut partager le lit conjugal avec sa mère. Il n'est pas seulement question ici de mécanique, d'absurdité. La folie du petit garçon agit aussi comme un révélateur sur les autres personnages, tous traités avec attention et respect.

L'absence du père


La mère, en premier lieu. Elevant seule ses trois enfants, courtisée par le médecin qui suit Abel, Diego Luna en fait une femme forte et désirable, qui se débat dans le chaos provoqué par l'absence du père. Sur la raison de cette dernière, le doute pèse assez longtemps, jusqu'à ce qu'Anselmo (José Maria Yazpik) fasse son apparition, au volant d'un pick-up, qu'il est censé avoir acheté au nord du Rio Bravo.

Ce n'est pas tout à fait un méchant, c'est quand même contre cette figure de père défaillant que se construit le film. L'interprète lui prête une veulerie doublée de violence, qui en fait un peu une figure de proue du machisme local. Sa mollesse incertaine s'oppose à la résolution de marbre de son petit garçon, dont la présence impressionne.

La mise en scène de Diego Luna met en valeur les tensions, utilisant à peine le potentiel comique des situations (mais assez pour que l'on rie de temps en temps), se concentrant sur les émotions et - surtout - les souffrances de sa petite famille. La crise finale utilise l'un des procédés les plus ordinaires lorsqu'il s'agit de raconter des histoires d'enfants : la mise en danger des petits personnages.

Mais, en sortant longuement de cette belle et triste maison pour se promener dans les espaces incertains d'une grande ville du Mexique, Diego Luna donne à son film une nouvelle ampleur au moment où l'asphyxie le menaçait.

Toujours sur le fil entre l'affabulation perverse et le réalisme, Abel se tient à l'écart des deux influences qui dominent aujourd'hui le cinéma mexicain, Robert Bresson (Carlos Reygadas, Amat Escalante, Fernando Eimbcke) et Hollywood (Alejandro Gonzalez Iñarritu, Alfonso Cuaron). Entre les deux, Diego Luna a commencé à tracer un chemin prometteur.

Voir la bande-annonce ici

Film mexicain de Diego Luna avec Christopher et Gerardo Ruiz-Esparza, Karina Gidi, José-Maria Yazpik. (1 h 23.)
Thomas Sotinel
DNA   Frissons et jonquilles

« Schizophrénie, claustrophobie et paranoïa... et autres petites joies de l'existence ». Pour sa 18e édition, le Festival du film fantastique de Gérardmer propose d'explorer cette thématique « qui pourrait incarner le reflet de nos angoisses les plus profondes ». Nouveauté pour les ogres de cinéma : des nuits blanches du fantastique au cinéma du casino, soit des projections 24h/24 du jeudi matin au dimanche soir. Deux Zombie walk dans les rues sont programmées les 29 et 30 janvier. C'est aussi ...
La psychiatrie regarde vers l'aval

Une unité d'hospitalisation vient d'être transférée de Cadillac à Lormont. Plus de proximité pour préparer l'avenir.
 En septembre dernier, à quelques dizaines de mètres de l'arrêt de tram Buttinière et de l'avenue Carnot, à un jet de pierre de la clinique des Quatre pavillons, entouré d'immeubles d'habitation, s'est ouvert le Centre psychothérapeutique (CP) de Lormont. Un centre de soins dans l'ancien château des Gravières, parfaitement intégré dans la cité, connecté à son environnement.

« L'ouverture de ce centre psychothérapeutique à Lormont confirme notre volonté de proximité, d'abord dans la prise en charge des patients, mais également avec tout ce qui fait la vie d'une cité : sa population, ses associations, ses activités », explique Jacques Laffore, directeur du Centre hospitalier (CH) de Cadillac, dont dépend la nouvelle structure lormontaise.

Décentralisation


Le CH de Cadillac, établissement public spécialisé dans la prise en charge de la maladie mentale, c'est la maison mère. À Cadillac même, à 40 km au sud de Bordeaux, en bord de Garonne, se trouve l'hôpital historique. Mais la maison mère, au fil des ans et des politiques de rapprochement avec les patients, a fait des petits. Pas moins de 50 structures de soins ambulatoires et d'unités d'hospitalisation délocalisées, de la pointe d'Ambès à Bazas, de La Réole à Belin-Béliet. Il s'agit de toujours plus décentraliser, par secteur de 70 000 habitants. L'ouverture récente du CP de Lormont en est l'exemple-type. Une ouverture qui a d'ailleurs entraîné la fermeture d'une unité à Cadillac.

Doté de 30 lits de psychiatrie générale adulte, le centre comprend une aile ouverte pour les hospitalisations libres et une aile fermée pour les cas les plus aigus, dans le cadre d'une hospitalisation sous contrainte. Et les 30 lits sont occupés… « C'est un secteur qui ne manque jamais d'activités », dit en souriant Jacques Laffore.

Des activités, les patients lormontais n'en manqueront pas. Le bâtiment tout neuf abrite deux salles pour les ateliers création, le sport, la relaxation. Ces ateliers se pratiquent avec les infirmiers, les éducateurs et les psychologues, mais aussi avec des artistes et des professeurs de sport qui viennent de l'extérieur et qui emmènent régulièrement les patients hors les murs. Un partenariat avec le Rocher de Palmer va bientôt se concrétiser (lire aussi ci-dessous).

Par ici la sortie


Le but est de « préparer la réintégration des patients dans la cité et la société, en respectant leur citoyenneté et en développant leurs capacités d'expression », précise le docteur Frédéric Ducos. Ce retour à la cité - au sens de « ville » et de « collectivité » - Nicolas le souhaite et s'y prépare. Ce patient de 41 ans, présent depuis l'ouverture en septembre, considère sa chambre un peu vide, aux tons blanc, gris clair et bleu ardoise, comme « un lieu de vie, un lieu de transition avant un studio indépendant ».

L'après-hospitalisation… Tout aussi importante que l'hospitalisation en elle-même. « Non, la psychiatrie publique n'est pas un secteur sinistré. Oui, les besoins sont toujours là, très importants. Mais le plus urgent, c'est d'apporter des solutions en aval de l'hospitalisation : maisons d'accueil spécialisées, foyers, bailleurs plus confiants vis-à-vis des patients », souligne avec force Jacques Laffore.

De Cadillac à Lormont, de la chambre d'hôpital au studio indépendant, décidément, l'aval, c'est l'avenir.
Dépendance : la guerre des cliniques est lancée
09 janvier 2011

La réforme annoncée par Nicolas Sarkozy ouvre un marché juteux
Chantier prioritaire du gouvernement, la réforme de la dépendance ouvre un marché énorme.

C'est le nouveau "chantier prioritaire" de Nicolas Sarkozy, et même si l'on ne connaît pas encore le financement de la réforme, une chose est sûre : la prise en charge de la dépendance des personnes âgées (12% de la population en 2030) ouvre un marché énorme pour les établissements de santé. Les grandes manœuvres ont-elles commencé à Marseille pour se tailler la part du gâteau ?

C'est ce que soupçonnent les salariés des cliniques les Trois Lucs et Mon Repos (psychiatrie), La Provençale et Valmante (rééducation cardiologique) qui ont découvert, presque par inadvertance, que leurs établissements changeaient de propriétaire au 1er janvier. "On nous a annoncé le 6 décembre, lors d'un comité d'entreprise extraordinaire que ces 4 établissements rachetés en 2007-2008 par Clinea-Orpea étaient repris en location-gérance par une filiale du groupe, la société Massilia Gestion Santé", rapporte Jocelyn Duval, déléguée CGT, qui essaie d'obtenir plus d'informations sur cette opération. En vain.

"Nous ignorons tout de ce repreneur, qui ne figure même pas au registre du commerce. Nous ne savons pas s'il est solvable, ni ce qu'il veut faire de ces 481 lits et de ses 422 salariés." La direction parisienne du groupe que nous avons contactée hier a beau affirmer que "cette location-gérance ne change rien au projet d'établissements des cliniques", les salariés voient poindre une reconversion de l'activité de leurs établissements. "Tout laisse penser que ces 4 cliniques vont être réorientées vers les soins de suite, beaucoup plus rentables, et qui nécessitent moins de personnel qualifié que la psychiatrie et la cardiologie", estime la CGT.

Opinion étayée par des projets de reconversion déjà à l'ordre du jour, comme le transfert de 50 lits de psychiatrie en soins de suite à Mon Repos, ou celui de 42 lits de cardiologue de Valmante sur la clinique Bouchard. Que va devenir le personnel et comment seront assurés les besoins en psychiatrie et en cardiologie? Inquiets, les salariés des 4 établissements ont signé massivement une pétition réclamant le gel des opérations.

L'ARS, qui assure ne pas connaître le projet du repreneur, rappelle qu'elle n'a "pas de droit de regard sur l'achat ou la vente d'établissements". Quant au type d'activité pratiqué, "il faudra qu'il réponde au schéma régional d'organisation sanitaire (SROS)". Un document dont la partie relative aux soins de suite vient tout juste d'être élaborée.

dimanche 9 janvier 2011

Paris Tribune

20 janvier 2011 : Séminaire "Hôpitaux psychiatriques et prisons pendant la seconde guerre mondiale"

Des travaux sur la psychiatrie, dans le 6e arrondissement de Paris.

Suite du séminaire de recherche "Justice et psychiatrie, de la Seconde Guerre mondiale à nos jours".


Dans le cadre du projet de recherche collectif ANR "Sciences, savoirs et exécutions des peines 1911-2011", le séminaire de recherche "Justice et psychiatrie, de la Seconde Guerre mondiale à nos jours", organisé par les chercheurs Hélène Ballanger, chercheure au Centre d'histoire de Sciences Po, et Marc Renneville, chercheur associé au Centre Alexandre-Koyré se poursuit en 2011.
Proposé par le groupe "Corpus justice" du centre d’histoire de Sciences Po dans le cadre du programme de recherche "Sciencepeine" "Sciences, savoirs et exécutions des peines 1911-2011" (financement ANR), le séminaire de recherches est ouvert aux étudiants de master (Sciences Po et EHESS) et à toute personne intéressée.

"L’expertise psychiatrique, l’irresponsabilité pénale des malades mentaux, la prise en charge des détenus souffrant de troubles psychiques, l’articulation du soin et de la peine, la possibilité d’une criminologie sont autant de questions mises en débat dans notre société. Elles sont aujourd’hui au cœur des politiques pénales occidentales et fortement médiatisées. Alors que la genèse de cette configuration médico-judiciaire au XIXe fait l’objet d’une historiographie fournie, il existe encore peu de travaux sur la période récente. Ce séminaire entend contribuer à combler cette lacune en croisant l’apport de nouvelles recherches avec les pratiques et les mémoires des acteurs de cette histoire."-

- "Hôpitaux psychiatriques et prisons pendant la seconde guerre mondiale".
Intervenantes : Isabelle von Bueltzingsloewen (Université de Lyon 2) et (sous réserve), Corinne Jaladieu (Musée virtuel de la Résistance).
Jeudi 20 janvier 2011 de 14h à 17h au Centre d'histoire de Sciences Po, 56 rue Jacob 75006 Paris.

Suite du programme en 2011 :

- "La psychiatrie en réformes : la psychothérapie institutionnelle et la sectorisation".
Intervenant : Nicolas Henckes (Centre M. Halbwachs, CNRS).
Jeudi 10 février 2011.

- "La genèse du secteur de psychiatrie en milieu pénitentiaire (1945-1994)."
Jeudi 17 mars 2011.

- "Pratiques de l’expertise psychiatrique pénale. Des années trente à nos jours."
Jeudi 7 avril 2011.

- Journée d’étude thématique comprenant une table-ronde praticiens /chercheurs.
Octobre 2011 : Biographies professionnelles et histoire de la psychiatrie en milieu pénitentiaire.

Contact mail :- Hélène Renneville.- Marc Renneville Marc Renneville.

Dimanche 9 janvier 2011
Psychiatrie : contre l'installation de juges d'application des soins

Non à l’instauration de juges d’application des soins !
Par Collectif des 39


La décision du Conseil Constitutionnel a eu un effet de sidération et de confusion sur les soignants en psychiatrie pour la raison qu'elle soulève un paradoxe qui n'est certes pas nouveau, mais qui était tant bien que mal traité au cas par cas jusqu'à présent dans la confiance relative aussi bien envers la justice qu'envers les psychiatres.

Cette décision a immédiatement comme corollaire que les placements sont avant tout des privations de liberté.

Là il nous faut réfléchir ensemble à la différence qu'il y a entre protection sociale discutable et qui doit être discutée et privation de liberté qui serait de fait reconnue par le contrôle judiciaire.

Cette décision veut dire que l'acte de protection sociale par HO et l’acte de protection d'une personne par HDT ne seraient plus assumés par la civilisation, mais par un "état objectivable dans son écart par rapport à une norme" puisque ce serait le trouble en lui-même, expertise à l'appui, qui orienterait la vérité judiciaire chargée de relier nature du trouble et privation de liberté.

Les personnes atteintes de troubles mentaux seraient ainsi, au nom du contradictoire, condamnées ou relaxées, en ce qui concerne leur placement. L'hôpital psychiatrique fonctionnerait alors comme un lieu de privation de liberté c'est-à-dire une prison et la folie comme une faute punissable!

Avec les mesures d’HO ou d’HDT, nous ne privons pas les patients de liberté, nous les écartons de la société pour nous protéger de leurs actes ou pour les protéger d’eux-mêmes et cela doit rester l'absolue exception.

Qu'une personne ainsi placée considère qu'on la prive de liberté c'est son droit le plus strict, et elle doit pouvoir obtenir un droit de recours juridictionnel qui doit lui être offert quel que soit son état, et cela, sans délai, c'est un principe de séparation du soin et du droit qui ne doit souffrir aucune exception.

Nous ne pouvons qu'être inquiets par la prise en compte dans nos démocraties de la question posée par l'accueil et les soins à dispenser auprès des personnes présentant des troubles mentaux quand nous constatons que ces derniers sont essentiellement proposés à la discussion sous l'angle sécuritaire ou judiciaire.

L'idée de perfectionner la loi de 1990 focalise la réflexion sur le temps de la contrainte, alors qu'elle devrait principalement porter sur les traitements, les prises en charge, l'accueil de la folie. Cela risque d'amplifier ce qui s'est produit dans la suite de la loi de 1990 qui n'a en rien amélioré les pratiques psychiatriques. Bien au contraire elle n'a fait qu'augmenter pour une part sensible le nombre de recours au placement en même temps qu'elle a, par effet d'aspiration, diminué les investissements de prévention, de club thérapeutique, de suivi, avec l'accroissement scandaleux du nombre de patients mis en errance, SDF, ou se retrouvant en prison.

Toute la psychiatrie moderne depuis la symbolique de l'acte Pinelien libérant le fou de ses chaînes, très précisément la symbolique qui initie la soustraction de la conception de l’acte soignant d’une contrainte des corps, n’a cessé de s'en départir contre le retour cyclique d’une psychiatrie hygiéniste, dégénérescence incluse, visant à établir une Raison comme norme avec les procédures de rejet et de traitement obligatoire qui en découlent, contre une fiction politique de la Raison, politique partageable parce que discutable et qui doit en permanence s’enrichir par la confrontation à ses limites, en particulier, avec ce que la folie interroge en nous.

C’est en ce sens que nous refusons de faire des moments exceptionnels de la contrainte le noyau organisateur de la psychiatrie. Le recours judiciaire doit être du côté des patients et non du côté d’un perfectionnisme procédural qui ne ferait que déplacer la question de la folie vers une vérité judiciaire de son traitement.

C’est en ce sens que nous refusons de voir les pratiques soignantes organisées sous le modèle de l’enquête judiciaire et de la peine. La folie n’est pas en soi un délit ou un crime.

Nous refusons les centres de rétention de 72 heures construits sur le modèle de la garde à vue.

Nous refusons la mise en place d’un juge d’application des soins sur le modèle du juge d’application des peines.

Nous refusons les traitements ambulatoires obligatoires construits sur le modèle de la liberté conditionnelle.Bref nous refusons de participer à l'organisation « contrôlitaire du soin ».

Le Collectif des 39 Contre la Nuit Sécuritaire

Surveiller et jouir. Anthropologie politique du sexe
Gayle Rubin


Extraits de la préface de David Halperin et Rostom Mesli
« Notre amie Gayle Rubin »

Gayle Rubin est une légende vivante des études sur la sexualité et de la queer theory. Le Marché aux femmes, qu’elle écrivit lorsqu’elle était étudiante de premier cycle, devint très vite l’article d’anthropologie sociale le plus cité ; on considère qu’il a fondé les champs de la théorie féministe et des études de genre, et qu’il est à la base de tous les travaux ultérieurs sur la construction sociale du genre. En fait, Rubin semble avoir été la première anthropologue féministe à employer le mot de « gender » dans un texte imprimé. À « Penser le sexe », autre article qu’elle écrivit dix ans plus tard, on attribue la fondation des études sur la sexualité, des études gaies et lesbiennes, et de la queer theory. Par la suite, Rubin publia une série d’articles qui l’ont confirmée dans son statut de représentante la plus éminente de ce qu’elle a elle-même appelé « une théorie radicale de la politique de la sexualité ».
Au cœur de cette théorie, l’idée que voici : ce qui, dans nos sociétés, passe pour la morale sexuelle dissimule l’opération sous-jacente d’un système illégitime de stratification sexuelle que l’on accepte sans l’interroger ; cette morale sexuelle recouvre une façon d’organiser la vie sexuelle en fonction d’une hiérarchie de privilèges et de prestige qui veut que certaines formes de comportement sexuel soient approuvées et promues comme allant de soi, tandis que les autres, aussi bien que les personnes qui les pratiquent, sont considérées comme problématiques, mauvaises, inacceptables, et sont non seulement critiquées, mais aussi persécutées, pénalisées et vouées à l’élimination au nom de l’hygiène morale et sociale.

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