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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 11 février 2010








Radio Citron: écoutez la démence

Radio Citron a été lancée en grande pompe le 26 janvier à la maison de Radio France. Derrière ce label, une équipe de psychologues et leurs patients -des malades psychiques- se démènent pour devenir pro du micro, séduire le grand public et changer le regard sur la maladie.

Le 09 février 2010
par Iris Deroeux


« C’est la loi de l’horoscope, c’est le truc qui s’effiloche, si dans votre vie tout est moche, déménagez de l’avenue Foche », slame Charlie en délivrant son horoscope surréaliste. « Ecoutez-moi sur Radio citron ou c’est mon poing sur la gueule », ajoute-t-il.

Autre rubrique en ligne sur le site de Radio Citron : la critique cinéma d’Eric, 42 ans, atteint de Parkinson et de troubles psychiques depuis 15 ans. « Avant, j’appréhendais ma voix. La radio m’a permis de prendre confiance en moi. » Eric s’est laissé séduire en regardant un documentaire sur la Colifata, une émission de radio argentine animée depuis 1991 dans l’hôpital psychiatrique de Buenos Aires et suivie aujourd’hui par 7 millions d’auditeurs. Manu Chao a même réalisé un album avec ses animateurs. « Je me suis dit, pourquoi pas moi ? »

"Il ne fallait pas attendre le public mais aller vers lui"

La Colifata est bel et bien à l’origine de Radio Citron. Tout commence en 2007 lorsque son fondateur, le psychologue Alfredo Olivera, rencontre l’équipe du service d’accompagnement à la vie sociale (SAVS) Cadet, dans le IXe arrondissement parisien. Ce lieu appartient au réseau de l’association l’Elan Retrouvé dont les 17 établissements accueillent près de 3 000 malades psychiques par an, afin de les aider à se réinsérer.

A l’époque, le SAVS invitent les gens du quartier à venir se mélanger aux patients lors d’atelier photos ou d’écriture. « Mais personne ne venait, se souvient Colette Laury, chef de service à Cadet. La Colifata fut une révélation: il ne fallait pas attendre le public mais aller vers lui. Voilà le média dont on avait besoin pour changer le regard sur la maladie mentale », explique la psychologue, qui ne supporte plus la façon dont la maladie est associée à « des notions meurtrières, à l’homme qui s’enfuit d’un hôpital psychiatrique ». « Il y a une sensibilité, une intelligence supérieure ici », rappelle-t-elle.Deux ans plus tard, les subventions ont permis de s’équiper. Le SAVS s’est muni de micros, d'enregistreurs Nagra et d'ordinateurs à disposition des journalistes en herbe ; trois centres de l’Elan Retrouvé ont rejoint le projet. Alfredo Olivera est venu former les psychologues qui ont aussi appris les bases du montage. Aujourd’hui, ils transmettent aux patients motivés.

Sur les ondes du service public ?

Les centres organisent un atelier radio par semaine et enregistrent une émission commune une fois par mois, ensuite mise en ligne. Le site Internet a ainsi pu être inauguré en septembre 2009. Une radio libre d’un nouveau genre, un beau mélange de reportages, de chroniques poétiques, de débats philosophiques où l’on aborde la situation sociale des handicapés psychiques et tout autre chose.

« Grâce à la radio, on sort de sa solitude, on va vers les autres. On se sent valorisé. Ce que certains d’entre nous avaient complètement mis de côté », résume Sylvie. « Ca me fait un bien fou ! », confie la jeune femme arrivée au SAVS si déprimée qu’elle ne pouvait plus parler.

La suite ? Colette Laury rêve d’un programme Radio Citron diffusé sur les ondes du service public, « juste deux minutes par jour pour toucher le grand public ». Surtout depuis que Jean-Luc Hees, patron de Radio France, a laissé entendre lors de l’inauguration de la radio, le 26 janvier, qu’un programme de qualité pourrait y avoir sa place...

L’équipe cherche donc de l’aide pour que Radio Citron se professionnalise et un lieu pour enregistrer les émissions avec le public. Ingénieur du son, journaliste et autre amoureux de la radio, vous êtes les bienvenus...












Avec Charly « Gros Cerveau Déglingué », dans le studio de Radio Citron

La première radio animée par des handicapés psychiques

Reportage Ambiance Gros Cerveau Déglingué et Baleine-Taxi. Radio Citron, animée par des malades mentaux, a été inaugurée mardi . Le but : montrer que la folie a sa place à la radio.

«Écoutez Radio Citron, ou c’est mon poing sur la gueule»

Derrière le micro jaune, concentré sur sa feuille, Charly annonce la couleur : « Écoutez-moi sur Radio Citron ou c’est mon poing sur la gueule ». Charly, alias « Charly GCD, Gros Cerveau Déglingué. A ne pas confondre avec Charles De Gaulle Étoile » plaisante t-il, est un des chroniqueurs de Radio Citron. Cette radio, animée par des handicapés psychiques, a pour but de faire évoluer l’image de ces malades.

« Ah, vous êtes StreetPress! Street comme à New-York. Je suis fan de Bob Dylan »

L’imprévisibilité : C’est ce qui fait le charme de cette nouvelle radio. En voyant le nom du site, Charly dégaine, avant même qu’on ait enclenché la caméra : « Ah vous êtes StreetPress ! Street comme à New-York. Je suis fan de Bob Dylan. » Charly, rieur et bavard aujourd’hui, a eu une vie difficile. Il a passé 15 ans en HP après le suicide de sa fille de 20 ans. Maintenant il a ses chroniques (dont l’horoscope) sur Radio Citron. Une victoire un brin acidulée mais une victoire quand même sur le destin.

L’exemple de La Colifata et Manu Chao

Le concept vient d’Argentine : La Colifata est une émission créée et animée par Alfredo Oliveira depuis 15 ans avec les patients de l’hôpital psychiatrique de Buenos Aires. Il y a plus d’un an, Colette Rivemale, la directrice de Service d’Accompagnement à la Vie Sociale (SAVS), le rencontre et projette d’adapter le projet à Paris. « On aurait aimé que Manu Chao soit notre parrain, mais il l’est déjà pour La Colifata, explique Anne Tuffelli, psychiatre. C’est une bonne chose d’avoir un nom connu ». Anne encadre les patients pour la réalisation et l’enregistrement de l’émission.

Quelques minutes d’antenne sur Radio France

Un samedi par mois, Charly, Colette et les autres se retrouvent pour une à deux heures d’émission. Pas de direct : Le programme est monté pour éviter les trop gros coups de folie. Et puis le direct, c’est un métier « On espère quand même que Radio France tiendra ses promesses de nous diffuser quelques minutes à l’antenne », confie optimiste Anne Tuffelli. Elle ne craint pas trop les débordements : « On a l’habitude des imprévus. On travaille avec et on aime ça. Si on entend les bruits de chaise pendant l’émission radio parce qu’ils se lèvent, ça n’a pas d’importance. »

« Regardez mon moyen de transport : Je suis venue en baleine ! »

L’émission pilote de ce mardi 26 janvier a donné un avant goût de ce que sera Radio Citron . Des animateurs se lèvent et d’autres se rassoient, pendant que les chroniqueurs prennent la parole pour partir en freestyle. « Je voulais juste que vous regardiez mon moyen de transport. Là dehors. Je suis venue en baleine ! », insiste une jeune femme, micro à la main. Silence. Puis, l’émission reprend son cours.

Radio Citron c’est un joyeux bordel. Mais, l’absurde, ça fait partie du deal. « En plus, on n’a eu aucune formation pour la radio. On fait ça sur le tas, même les thérapeutes », s’amuse la psychiatre. Ce zeste de folie et les pépins feront sans doute le succès de Radio Citron. En attendant le parrainage d’un grand nom de la chanson française.





24heures.ch

Lancement de Radio Citron, animée par des patients atteints de troubles psychiques

PARIS | Une nouvelle radio intitulée "Radio Citron" animée par des patients atteints de troubles psychiques et diffusant ses émissions sur internet, sera officiellement lancée mardi à la maison de Radio France, a annoncé lundi un communiqué de la ville de Paris.

AFP | 25.01.2010

Cette radio, qui existe déjà sur internet depuis septembre 2009, est gérée par l'association "l'Élan Retrouvé", qui accueille des personnes souffrant de maladie psychique.

Les usagers peuvent, sur Radio Citron, "s'exprimer sur ce qu'ils vivent, pensent ou sentent de la société qui les entoure, et sur ce qu'ils ont vécu à travers leur maladie", les animateurs étant encadré par un personnel soignant, a précisé à l'AFP "l'Élan Retrouvé".

Les patients qui enregistrent les émissions proviennent de plusieurs établissements de Paris et sa région, a précisé l'association, ravie de voir sa radio inaugurée à Radio France mardi, en présence du maire de Paris Bertrand Delanoë, de Jean Luc Hees, président-directeur général de Radio France, ainsi que de François Gérault, directeur général de "l'Élan retrouvé".

Radio Citron s'inspire d'une rencontre avec le créateur de "la Colifata", une émission de radio argentine qui émet depuis un hôpital psychiatrique. Née en août 1991, cette radio "connaît un succès grandissant à travers le monde, notamment grâce à l'album que Manu Chao a choisi de faire avec les malades y travaillant. Elle est écoutée par près de sept millions d'Argentins", selon la mairie.

L'association l'Élan retrouvé, qui crée et gère des structures sanitaires et médico-sociales de réadaptation et de réinsertion de malades handicapés psychiques, souhaite ainsi "faire évoluer l'image des maladies psychiques auprès du grand public", et "faire évoluer la perception que les malades psychiques ont d'eux-mêmes".

lundi 8 février 2010

En politique, on est puni par où on a péché




Idées - Tribune libre - Histoire -
Article paru le 28 janvier 2010
tribunes & idées


En politique, on est puni par où on a péché

PAR JEAN-PIERRE DRAPIER, PSYCHANALYSTE.

Une identité nationale qui n’existe pas  ?

L’identité qui n’existe pas. Quand ce titre s’est imposé à moi (construit sur le modèle du fameux syntagme lacanien « la femme qui n’existe pas »), je ne croyais pas si bien dire  : le terme même d’identité est absent du Vocabulaire de la psychanalyse, de Laplanche et Pontalis, du Vocabulaire de psychologie, de Piéron, du Lexique de psychanalyse, de Vanier, aussi bien que de l’imposant Index référentiel des séminaires de Jacques Lacan (1952-1980), de Krutzen. Pour les psychanalystes, le concept même d’identité est inexistant. Alors, celui d’identité nationale a fortiori. Pour Lacan, qui a défini trois registres régissant notre monde (le Symbolique, le Réel et l’Imaginaire), l’existence ne pourrait surgir que par une opération du Symbolique sur le Réel, ce qui implique ces deux registres dans la possibilité même, non pas d’une île, mais de l’existence. Faute d’une ex-sistence (écriture pour souligner le travail de surgissement), nous devons nous contenter de l’Imaginaire pour fonder l’identité. C’est l’Imaginaire qui lui donne sa consistance et, avec elle, sa malléabilité, sa variabilité au gré des idéaux, des modes et des idéologies, au gré des images promues pour servir de base à l’identification la plus basique, l’identification imaginaire, qui, elle, est un concept analytique  : je suis l’autre, je suis semblable à l’autre (et donc, nous sommes différents d’autres autres), car je m’identifie à son image.

On voit bien l’inconsistance théorique de ce processus, dépendant de l’image et de ses mensonges/artifices/artefacts et en quoi l’identification ne peut fonder une identité réelle mais simplement masquer nos failles. Pour le moi, l’identité est une solution faite pour leurrer le sujet, lui masquer sa division, son incomplétude, par la soumission au désir imaginaire d’un autre bon, semblable, et l’instauration d’un autre étranger, mauvais. L’Imaginaire est fondamentalement voué au leurre et, en tant que tel, à manier avec précaution car pouvant déclencher le pire  : diviser les Allemands entre l’aryen et le juif, les Yougoslaves entre le Serbe et le Croate, les Rwandais entre le Hutu et le Tutsi… La suite est connue  : « La guerre éclate / On s’y tient chaud / On s’honore l’un l’autre / Contre l’autre / À ses frais » (Guerre, Words y Plato, Sapho). Comme le montrent ces exemples, ce pire marche au mieux avec les plus proches, les plus apparemment semblables, même langue, même culture, même histoire  : l’imaginaire vient nier les traits symboliques et réels qui rapprochent deux communautés et ne peut alors assurer sa suprématie que dans l’effacement réel (génocide) et/ou symbolique (ethnocide) de l’autre. D’ailleurs, on voit les effets immédiats de l’ouverture de cette boîte de Pandore  : remontée du Front national, qui se repositionne par et dans ce débat, mise au pilori des personnes (issues) de l’immigration avec l’amalgame islamiste/musulman/arabe, décomplexion du racisme latent (Hortefeux et ses « Auvergnats »). C’est donc une initiative politique irresponsable mais de plus inutile et désespérée  : certes, tout comme la « grand-peur » de la grippe A (H1N1) créée de toutes pièces, cela permet d’escamoter les vraies questions (qui ont noms  : chômage, privatisation, crise du système capitaliste, etc.), mais cela reste vain pour ce qui est des dividendes politiques  : le débat sur « l’identité » nationale a été lancé après les élections européennes, présentées comme une grande victoire (imaginaire) par Nicolas Sarkozy, alors que le réel des chiffres est sans appel (un quart des voix pour l’UMP, trois quarts pour les opposants). Il n’est pas difficile de comprendre que les élections régionales, parce qu’à deux tours, s’annonçaient catastrophiques et qu’une diversion appelant à la mobilisation des « mêmes » (ou m’aiment  ?) étaient nécessaires. Ce que n’avait pas vu le grand stratège, c’est qu’en servant la soupe de l’extrême droite, il servait la soupe à l’extrême droite et donc s’affaiblissait dans le même temps où il affaiblissait la solidarité et la démocratie. Comme quoi, même en politique, il y a une moralité  : on est toujours puni par où on a péché  ! Ou plus sérieusement  : le réel se venge toujours.


Mother

La Dépêche du Midi

Mother








Boudé au Festival de Cannes dont les sélectionneurs l'ont casé sans égard dans la grille fourre-tout d'Un Certain Regard, Mother fait partie de ses films qui, une fois programmés sur la Croisette dans une indifférence polie, remontent en grâce. Une rapide réhabilitation pour le quatrième long-métrage de Bong Joon-ho, le réalisateur de Memories of murder et de The Host.

D'ailleurs, de ceux-ci, Mother en partage plusieurs des caractéristiques : le tableau mi-tendre mi-grinçant d'une petite communauté, le mélange heureux des genres, une pointe de satire sociale, des personnages « ordinaires », le goût de l'imprévisible, l'emprunt des sentiers de traverse plutôt que des voies rapides... C'est donc dans un style bien à lui, désormais immédiatement identifiable dans le cinéma sud-coréen, que Bong Joon-ho montre comment une sexagénaire, modeste vendeuse dans une minuscule herboristerie, puise en elle les ressources nécessaires à faire son fils, un gentil demeuré, de prison où il purge une peine pour être le coupable idéal dans le meurtre d'une lycéenne délurée. Non sans avoir soupçonné le meilleur ami de son rejeton, un vaurien plus malin qu'il y paraît, la mère de mener une enquête plus sérieuse que celle des policiers, fonctionnaires qui ne s'appuient sur des évidences sans chercher plus loin. Et, comme il l'a déjà fait dans Memories of murder, le réalisateur de donner de l'institution l'image peu reluisante d'une fraternité d'incapables.

En dépit d'un cadavre, d'une supposée culpabilité et d'une investigation reprise à zéro, Mother sort des ornières d'un polar mené par une sorte de Miss Marple un brin fantasque. D'abord parce que le meurtre n'intervient que relativement tard dans le scénario, ensuite parce que Bong Joon-ho ne fait pas du suspense et de la résolution de l'énigme une priorité. Son principal centre d'intérêt : l'ambivalence des liens entre la mère et son fils, la responsabilité de la première sur la psychologie du second. Une psychanalyse en somme, distillée tout au long d'un récit où l'absurde jouxte la tragédie, où la monstruosité de l'être le moins apte à s'exprimer par la violence s'efface au profit de son humanité la plus vaporeuse.

Les contraires s'attirent dans Mother. Mieux : ils fusionnent et brouillent toute tentative de jugement sur la moralité de ses protagonistes. Une magistrale illustration de la confusion des sentiments.

samedi 6 février 2010

Les Livres de Psychanalyse

La Cause freudienne n° 73 - Décembre 2009


Les surprises du sexe













16 euros

Les surprises du sexe : éditorial, Philippe Hellebois
Le rapport sexuel : Lacan versus Ratzinger, Antonio Di Ciaccia
Le sexe et ses bienfaits, Marco Focchi
Internet, un mode de la perversion, Erminia Macola
Crise d'identité sexuée, Rosa Elena Manzetti
Une porno-dépendance virtuelle ou réelle ?, Maurizio Mazzotti
Clicc @, Massimi Termini
Réalité virtuelle et réalité sexuelle, Carlo Vigano
Le programme de jouissance n'est pas virtuelle, Eric Laurent
Le bruit des talons, Sonia Chiriaco
Le livre des instructions trompeuses, Gustavo Dessal
L'homme aux loups : 2ème partie, Jacques-Alain Miller
Kraepelin, la fragilité d'une œuvre colossale, Guy Briole
De quoi Kretschmer est-il le nom ?, Philippe De Georges
Robert Gaupp et le cas Wagner, Jean-Claude Maleval
Raymond Roussell, René Fiori
La surprise Lacanienne, CarolinaKoretski
L'autorité entre semblant et responsabilité, Alfredo Zenoni
Le peintre résidu, Gérard Garouste
Ni chose ni personne, Jean-François Lebrun
Un souvenir d'enfance silencieux, Clotilde Leguil

Les Livres de Psychanalyse

Transférer, Séparer, Associer : Le savoir du psychanalyste


Psychanalyse n°17 - Janvier 2010










En librairie : 11.02.2010
Editeur : Erès
Directeur de la revue : Laure Thibaudeau
Prix : 20.00 €


Souhaitons qu'en 2010 vous ayez vu le film de Michael Haneke « Le ruban blanc ? Rarement l'écriture cinématographique, dont on sait la parenté avec le rébus, aura su montrer de façon aussi probante que le mauvais exemple vient d'abord d'en bas et comment une collection hétéroclite de pères, dont le trait commun est de penser que la loi et l'ordre doivent venir à bout de la jouissance, fabrique une portée de nazillons. La psychanalyse elle-même, quand elle s'abuse d'une conception totalitaire de la castration, n'est pas à l'abri d'un tel résultat.
« La vraie psychanalyse » pourrait par contre glisser à l'oreille d'Haneke qu'on peut heureusement compter sur les fils et filles pour échapper au destin que leur réserve l'aveuglement paternel, à condition de nommer le point, infiniment variable, où un père n'est jamais à la hauteur. C'est d'ailleurs ce dont témoigne le jeune instituteur qui se fait le passeur de l'histoire.


Les Livres de Psychanalyse

Psyché, visage et masques

Jacques André , Sylvie Dreyfus-Asséo , Anne-Christine Taylor











Paru le : 20/01/2010
Editeur : PUF
Prix : 19 €


Les anthropologues sont-ils seuls à mettre en cause l'opposition classique du masque, comme fausse identité, et du visage nu, comme reflet d'une intériorité qui s'offre au regard d'autrui ? Le dispositif de la cure psychanalytique, sa manière d'absenter les visages en face-à-face et, du coup, de brouiller les identités, ne la questionne-t-il pas aussi ? Pour les anthropologues, la fonction du masque, qui rend matériellement présente une entité normalement invisible, interroge le système des identifications et des différenciations.
Dans la psychanalyse, cette capacité de médiation revient à Eros qui, à la différence de Narcisse, ne se fige pas dans sa propre contemplation mais invente les masques afin d'animer le théâtre intérieur et d'accepter la rencontre avec l'autre. Masque-déformation ? Masque-transformation ? Quel pouvoir conférer à ce qui peut faire passer du visage à l'identité ?

Les Livres de Psychanalyse

Les récits du temps
Jacques André, Sylvie Dreyfus-Asséo, François Hartog











Paru le : 20/01/2010
Editeur : PUF
Prix : 14 €


La façon qu'a l'homme d'être dans le temps est une interrogation commune à l'historien et au psychanalyste.
Au gré des cultures, des époques, des individus, la représentation du temps et l'inscription des êtres collectifs comme des êtres individuels dans le mouvement de la temporalisation varient. Autant de variations qui font éclater notre idée commune du temps, sa fausse naturalité. Il y a une histoire du temps, il y a aussi une psychogenèse de la temporalité. Peut-être faut-il même envisager que l'idée de temps, en elle-même, procède d'une invention, à l'échelle de la culture comme de la vie individuelle.
L'historien et le psychanalyste n'ont ni le même objet, ni la même méthode, leur dialogue n'en est que plus nécessaire.

Les Livres de Psychanalyse
mercredi 27 janvier 2010

Neuroscience et psychanalyse - Une rencontre autour de la singularité

François Ansermet, Pierre Magistretti (dir.)
















Paru le : 21/01/2010
Editeur : Odile Jacob
Prix : 27 €


Quoi de commun entre, d'un côté, les neurosciences et le cerveau, et, de l'autre, la psychanalyse et le sujet ? Une perspective commune, celle du devenir et d'un devenir intégrant à chaque instant du nouveau, du non-programmé, du contingent, du discontinu.Serions-nous donc déterminés pour échapper aux nécessités biologiques et sociales ? Point de rencontre entre neurosciences et psychanalyse, cette ouverture à l'imprévisible et à la créativité est, en tout cas, ce qui permet l'émergence de notre individualité singulière. Ce livre, issu d'un colloque organisé au Collège de France, réunit des psychanalystes, des philosophes, des psychiatres et des neurobiologistes de premier plan.Pour la première fois, tous ensemble, ils engagent une discussion riche et ouverte sur la singularité et le statut de l'inconscient.

mercredi 3 février 2010

Quand les psys mettent les pieds dans le plat




SOCIÉTE
Publié le 02/02/2010 à 10:12 Le Point.fr
RENDEZ-VOUS


Quand les psys mettent les pieds dans le plat






Bernard-Henri Lévy et Jacques-Alain Miller
© MAISONNEUVE / BALTEL / SIPA


"Évaluer tue." C'est l'intitulé du grand meeting organisé par le Forum des psys, le 7 février à La Mutualité, à Paris (1).
Les psychiatres partent en guerre contre la culture de l'évaluation qui, selon eux, "promet la rentabilité et produit la mort". Principal visé : le monde de l'entreprise "où le monstre de l'évaluation s'est répandu comme une traînée de poudre se transformant en management par le stress", explique le psychanalyste Jacques-Alain Miller, à l'origine de ce meeting de protestation et auquel le trimestriel Le nouvel Âne consacre son dernier numéro. Une culture du tout chiffrable "qui exige de l'homme le zéro défaut et ne fait plus de différence entre l'humain et l'objet".
Aux côtés de Jacques-Alain Miller, Bernard-Henri Lévy présidera le forum ouvert à tous. Une façon de montrer qu'intellectuels et psys font cause commune. D'autres têtes d'affiche sont attendues, parmi lesquelles les philosophes Jean-Claude Milner, Cynthia Fleury, Yves Charles Zarka et l'universitaire Roland Gori.

(1) 24 rue Saint-Victor, Paris 5e, de 10 heures à 19 heures. Inscription sur place : 20€







Développement de l’humanité analysante en vue

La république des livres L'actualité littéraire, par Pierre Assouline

Développement de l’humanité analysante en vue

Le psychanalyste Jacques-Alain Millier, lacanien gendre de Lacan, vient de créer officiellement l’université populaire de psychanalyse Jacques-Lacan "pour (re-)prendre en charge l’éducation freudienne du public français et, à terme, en l’étendant sur tous les continents, pour développer une humanité analysante".

Il l’a annoncé dans le dernier numéro de Philosophie magazine (No 36, février) à l’issue d’un long débat conflictuel avec Michel Onfray sur les vérités et légendes qui gravitent autour de Freud. Légèrement sidéré par la nouvelle, le philosophe a conclu avec philosophie : "Eh bien … Après m’être battu pendant dix ans pour mettre sur pied mon université populaire (à Caen), après avoir été d’abord été superbement ignoré par les intellectuels parisiens pour cette démarche, disons que j’accueille cette nouvelle comme un genre d’hommage".

Malaise dans la psychiatrie en Aquitaine




POLITIQUE / SOCIAL - ÉCONOMIE -
Article paru le 30 janvier 2010
FRANCE


Malaise dans la psychiatrie en Aquitaine

Les soignants ont manifesté hier à Pau contre une refonte de leurs horaires de travail.
Nervosité chez les infirmiers de psychiatrie du Sud-Ouest. Devant le centre hospitalier des Pyrénées, à Pau (Pyrénées-Atlantiques), ils étaient 350 hier à l’appel de l’intersyndicale CGT, CFDT et FO, venus de Bayonne, de Mont-de-Marsan, de Bordeaux, de Cadillac, de Montpont et d’Agen, pour exprimer leur colère contre le futur changement de leurs horaires de travail.

À Pau, la direction de l’hôpital psychiatrique tente d’imposer cette mesure depuis juillet afin, selon elle, d’améliorer les conditions de travail et de soins. Elle envisage ainsi de faire travailler les personnels 7 heures et demie ou 12 heures par jour. Pour pousser au maximum la productivité et étaler le temps de travail sur plus de jours. Avec cette nouvelle organisation, 25 emplois seraient menacés. « On fonctionnait très bien en travaillant 8 heures, tout cela est fait pour supprimer des postes alors qu’il manque déjà 30 soignants au centre hospitalier », constate Bernard Laulhé, secrétaire CGT de l’hôpital de Pau. Mais la direction ne jure que par les économies.

En 2008, elle a déjà procédé à des coupes dans les effectifs en supprimant 10 postes de soignants. Et la direction compte réduire le déficit de 1,4 million d’euros de l’hôpital en continuant de rogner chez les personnels. Depuis juillet, l’hôpital de Pau est ponctuellement en grève et organise des actions  : blocages de ronds-points, envahissement du conseil d’administration pour lutter contre l’application de cette mesure. Après le rassemblement, les soignants ont rencontré le préfet pour lui transmettre une motion à destination de la ministre de la Santé. « Rien n’a changé ici depuis l’assassinat de deux infirmières par un ancien patient en 2004, on n’a pas plus de moyens et on travaille toujours dans un climat de violence avec les malades », regrette Bernard Laulhé.

Cécile Rousseau





Le numerus clausus 2010 au « JO »

L’arrêté fixant la répartition par faculté du numerus clausus 2010 est paru au « Journal officiel ». Il confirme la stagnation à 7 400 du nombre d’étudiants qui seront autorisés à passer en deuxième année à l’issue de cette année universitaire. Cet effectif sera toutefois réparti différemment entre les 36 CHU français.

Comme l’an dernier, les facultés parisiennes verront leur numerus claususrégresser. Il en va de même dans plusieurs grandes villes universitaires du sud de la France (Bordeaux, Lyon, Montpellier). Le nombre d’étudiants de PCEM 1 admis à poursuivre leurs études sera en revanche augmenté dans les zones déficitaires en offre de soins, en particulier dans les CHU de la moitié nord du pays (Besançon, Lille, Nancy, Reims…). Plus de détails dans l’ arrêté paru au « Journal officiel » et dans notre édition de jeudi.




samedi 30 janvier 2010




Des bonnes ondes pour les malades mentaux
Sandrine Cabut
28/01/2010 |


Animée par des patients, une radio diffusée sur Internet veut changer les regards sur le handicap psychique.








Pour l'une, participer à cette radio est l'espoir que «les bien portants comprennent notre différence, qu'ils voient aussi la richesse qu'il y a en nous, la grande sensibilité des malades psychiatriques». Pour une autre, c'est «un moyen de rentrer dans la société en ayant une parole propre». Un troisième y voit «un outil qui aidera à nous intégrer, à nous faire admettre, à ne plus être rejetés». Depuis quelques mois, ces trois patients atteints de troubles mentaux, et bien d'autres, animent Radio Citron. Diffusée pour l'instant sur Internet, cette radio «qui n'a pas peur des pépins» aura peut-être bientôt droit de cité sur les ondes de Radio France, qui parraine l'initiative.

«La radio, c'est le contraire de l'enfermement. Ce serait bien si vos productions pouvaient nous alimenter», leur a assuré Jean-Luc Hees, le président de Radio France, en inaugurant officiellement Radio Citron, mardi, à la Maison de la radio, en présence du maire de Paris et de nombreux patients. Permettre à ces derniers d'exprimer leurs différences et de faire évoluer la perception qu'ils ont d'eux-mêmes, et amener leurs auditeurs à changer de regard sur la maladie mentale, c'est le but de ces radios animées par des malades mentaux. En Argentine, où l'aventure a commencé en 1991, avec la Colifata, première radio à émettre depuis un hôpital psychiatrique, 7 millions de personnes écoutent l'émission. D'autres pays, comme le Brésil, l'Espagne, l'Italie, l'Angleterre, se sont lancés dans des aventures similaires. «Nous nous sommes inspirés de la Colifata», précise sur le site de Radio Citron, l'association l'Élan retrouvé, qui encadre les animateurs. Fondée en 1948, cette association crée et gère des structures sanitaires et médico-sociales pour réadapter et réinsérer les malades atteints de troubles psychiques.

Billets d'humeur, météo, horoscope, mais aussi micro-trottoirs… Les animateurs de Radio Citron assurent une ou plusieurs rubriques. Ils sont amenés à «s'exprimer sur ce qu'ils vivent, pensent ou sentent de la société qui les entoure», chacun avec son ton, plus ou moins humoristique et décalé, expliquent les responsables de l'association. Avec un beau brin de voix, Ekaterina raconte les contes qu'elle a inventés, comme «une vie de bouton». Charly, alias GCD, «Gros Cerveau Déglingué, trente ans de psychiatrie», précise-t-il, lit des poèmes et tient une étonnante «loi de l'horoscope». Il y a aussi une rubrique «conflit de canard» (des recettes de cuisine assez particulières) ; un feuilleton intitulé La Voix de l'autre, récit d'une histoire d'amour à travers des échanges par e-mail. Il y a même des débats philosophiques. En pratique, deux à trois heures d'émission sont enregistrées tous les deux mois. Certains sujets sont traités dans les différents services impliqués de l'association, d'autres donnent la parole à des personnes extérieures à l'institution, mais dont les interviews sont réalisées par les patients, d'autres encore sont débattus en direct. «L'échange avec les auditeurs est capital et pourra se faire à deux niveaux, à l'intérieur de l'Élan retrouvé et avec le grand public, insistent les responsables. Ce seront des échanges écrits sur notre site Internet et par téléphone. Lors de l'enregistrement général, des auditeurs pourront être présents et intervenir.» Une invitation à écouter les différences.

Site de Radio Citron : http://www.radiocitron.com/



Critique

"La Méthode Coué. Histoire d'une pratique de guérison au XXe siècle", d'Hervé Guillemain :
Coué, sa méthode et ses couacs


LE MONDE DES LIVRES | 14.01.10 |

Tous les jours, à tous points de vue, tout va de mieux en mieux." La formule est à répéter vingt fois, à voix haute, matin et soir. L'aide d'une cordelette à nœuds est la bienvenue. Quant à la durée de la prescription, toute la vie fera bien l'affaire. Car cette panacée est "préventive autant que curative". Voilà pratiquement tout le contenu de la célébrissime méthode Coué. Elle est devenue synonyme, dans le langage courant, d'illusion risible et de persuasion inefficace. Voulez-vous brocarder une politique ? Faire comprendre qu'elle se contente de psalmodier que son bilan est positif ? Traitez-la simplement de "méthode Coué", version ringarde et ridicule, en France, du wishful thinking.

Le docteur Emile Coué (1857-1926, pharmacien de son état) n'est plus crédible. Ce ne fut pas toujours le cas. Voilà ce qu'on découvre, avec autant d'intérêt que d'amusement, en lisant l'original travail d'historien conduit par Hervé Guillemain. Autour d'un objet mince, diaphane, presque invisible, il parvient à construire une enquête féconde, qui dessine à sa manière un paysage instructif.

Au départ, un fait banal : un pharmacien de province pratique l'hypnose dans son arrière-boutique, avant la première guerre mondiale. Voilà qu'il s'installe à Nancy, suggère avoir des liens avec l'école où s'illustrèrent Bernheim et Liébeault. Dans les années 1920, son succès devient foudroyant. Les patientes affluent du Royaume-Uni. Des sociétés "couéistes" se fondent un peu partout en Europe comme aux Etats-Unis. Dans les cliniques du lac Léman, on propose soudain, au même menu, à une clientèle plutôt lasse, la méthode Coué et la psychanalyse !

Relayée par les sociétés de théosophie, discrètement parée d'oripeaux indo-bouddhistes, la méthode Coué semble rappeler la répétition des mantras orientaux. Après cette courte gloire, la vaine méthode tombe dans l'oubli et ne subsiste qu'à l'état de proverbe. Jusqu'à ce que le retour de l'hypnose et le revival des suggestions en tout genre viennent amorcer des tentatives de réhabilitation. Tout l'attrait de cette belle enquête est finalement de faire comprendre comment la gloire, l'éclipse, puis le retour de Coué sont autant de signes de la composition, de la décomposition et de la recomposition du paysage psychothérapeutique. Evincée par le triomphe de la psychanalyse, la méthode Coué réapparaît. On recommence, dans les années 1990, à célébrer ses vertus, et la gloire de son créateur.

Car cet homme sans intérêt, qui avait sans doute fini par se convaincre lui-même d'avoir inventé quelque chose, est bien l'un des grands précurseurs de cette soupe éclectique qu'on nous sert aujourd'hui à grandes louches sous le nom de "développement personnel". L'idée est toujours la même : positivez, tout va changer. Persuadez-vous que tout va bien, ça finira vite par être le cas. En juillet 1921, le quotidien Le Matin décrétait qu'Emile Coué était "le plus grand optimiste de France". Depuis, il y a de la concurrence. Décidément, tout va de mieux en mieux.

LA MÉTHODE COUÉ. HISTOIRE D'UNE PRATIQUE DE GUÉRISON AU XXE SIÈCLE d'Hervé Guillemain. Seuil, "L'Univers historique", 396 p., 21 €.

Roger-Pol Droit





Phil'Info

En finir avec Freud ? Le débat Onfray-Miller

Michel Onfray a entrepris de déboulonner la statue de Freud. Nous lui avons proposé d'en débattre avec le psychanalyste Jacques-Alain Milller. Le débat paraît dans notre numéro de février, avec un dossier Freud (en kiosque le 21 janvier). En voici un avant-goût.

À lire aussi dans le numéro de février, le dossier Freud, avec un extrait du Malaise dans la civilisation en cahier central, et le dossier de couverture : « Le socialisme peut-il renaître ? »

Pour un avant-goût du débat, cliquer sur le lien suivant : http://philomag.com/fiche-philinfo.php?id=167



Keynes ou l'économistes citoyen

Bernard Maris, Presses de Sciences po, 1999, 104 p., 75 F.
Sylvain Allemand

Dans les manuels d'économie, le nom de Keynes est associé aux politiques de relance par la consommation mises en œuvre dès l'après-guerre dans les pays industrialisés avant d'être contestées à partir du milieu des années 70. Pourtant, l'apport de l'auteur de la Théorie générale est bien plus considérable : Keynes fut l'un des premiers à analyser l'économie en termes de conventions, de prophéties autoréalisatrices, d'anticipations rationnelles... Autant d'intuitions qui ont depuis très largement contribué à lever le voile sur l'énigme des marchés et le comportement des agents économiques.

C'est cette postérité que l'économiste Bernard Maris entend restituer à travers une présentation qui replace le célèbre économiste dans le contexte de son époque. Si la fréquentation par Keynes du cercle des bloomsburiens (Virginia Woolf, Bertrand Russel...) a très largement contribué à sa réputation d'économiste pas comme les autres, on sait moins en revanche qu'il fut un lecteur attentif de Freud, et que sa théorie de la monnaie s'inspire directement de l'interprétation psychanalytique de l'argent. Pour Keynes, rappelle B. Maris, la préférence pour l'épargne n'était rien d'autre que la marque d'un esprit infantile.

Quant aux vertus citoyennes prêtées dans le titre à cet économiste, elles sont à deviner au fil des pages dans sa participation à la vie publique ainsi que dans certaines prises de position, notamment au sujet des réparations infligées à l'Allemagne au lendemain de la Première Guerre mondiale...

Pour B. Maris, elles se sont aussi manifestées dans cette propension, plutôt rare pour un économiste, à vouloir restreindre autant que possible la place de l'économie dans la société


Centre d’études du vivant
Université Paris-Diderot - Paris 7.

Séminaire Deux critiques de la sexualité, deux conceptions du désir et du plaisir : la controverse entre Gilles Deleuze et Michel Foucault

par Monique David-Ménard

Les jeudis 04.02, 11.02, 18.02, 08.04 et 15.04 de 12h à 14h
Salle 238A – Bâtiment Condorcet - 4, rue Elsa Morante – 75013 Paris

Organisé dans le cadre du Centre d’études du vivant ce séminaire s’adresse aussi aux étudiants du Master Recherche et de l’Ecole doctorale « Recherches en psychanalyse ».

Désir ou plaisir ? La controverse entre Gilles Deleuze et Michel Foucault dans leur critique de la psychanalyse

Gilles Deleuze et Michel Foucault renouvellent l’art de poser des problèmes philosophiques sur le mode d’un voisinage paradoxal : critique constante du sujet cartésien ou phénoménologique, pas de côté par rapport à l’insistance sur le sens dans la pensée et par rapport à la structure dans l’abord du langage, mise en valeur de singularités impersonnelles comme caractère du réel, critique de la notion de négativité - qu’elle soit comprise dans la dialectique hégélienne ou dans l’idée lacanienne du manque à être constituant le désir - au profit des « positivités » ; réévaluation de cette organisation du temps qu’on appelle l’Histoire au profit des devenirs chez Deleuze et des ruptures transversales qui traversent les institutions, les savoirs et les pouvoirs chez Foucault ; nouvelle pensée des relations - liaisons disjonctives et rhizomes pour l’un, espaces de dispersion des énoncés pour l’autre -, lecture décisive de Nietzsche pour les deux et compagnonnage critique avec Kant etc…on n’en finirait pas de citer des thèmes qui balisent leur proximité. Pourtant ils font de la philosophie de deux façons peut-être incompatibles et en tout cas exclusives : Foucault évite avec génie toute thèse métaphysique alors que Deleuze produit une métaphysique neuve.

De cette proximité exclusive témoignent au mieux deux termes : agencements des désirs, des concepts et des créations chez Deleuze, dispositifs des savoirs et des pouvoirs chez Foucault. Ces termes indiquent l’un comme l’autre la distance prise par Deleuze et Foucault, par rapport aux oppositions de base de la philosophie : sujet et objet, sensible et intelligible, connaître et agir etc…et aussi les principes de leur critique de la psychanalyse. Pourtant, ils sont tout sauf équivalents, car les agencements dans leurs devenirs ont une affinité avec l’infini alors que les positivités que Foucault nomme dispositifs sont délimités, précis et ne communiquent aucunement les uns avec les autres. Cette différence devient une divergence lorsqu’ils opposèrent deux critiques de la psychanalyse : faut-il garder le terme de désir (Deleuze et Guattari) ou celui de plaisir (Foucault ?). Le séminaire fera le point sur la portée, politique et philosophique de cette controverse.

mercredi 27 janvier 2010

Les Livres de Psychanalyse
vendredi 15 janvier 2010

La Passion évaluative

NOUVELLE REVUE DE PSYCHOSOCIOLOGIE n°8












Éditions Erès
Prix : 25 €
janvier 2010


Ce numéro a comme projet de favoriser une réflexion, la plus approfondie et la plus argumentée possible, sur ce qu’on pourrait appeler la « passion » ou même « la rage » évaluative contemporaine, sur les racines de cette passion qui est sous-jacente aux procédures d’habilitation, d’accréditation, de certification, d’indexation, sur les méthodes d’évaluation en vigueur et sur leur intérêt, leurs limites ou leurs impasses, sur les acteurs du processus, sur les domaines variés de l’évaluation, (l’enseignement, la formation, les organisations industrielles et commerciales, les institutions du secteur sanitaire et social, etc.). En définitive, il a pour but de favoriser une compréhension du devenir de l’évaluation et d’explorer le rapport qu’elle entretient avec le jugement, la sanction ou, au contraire, avec le développement d’individus et d’organisations qui se confrontent avec l’inévaluable.

Coordination : Gilles AMADO - Eugene ENRIQUEZ

Ont participé à ce numéro : Frederic BLONDEL - Marcel BOLLE DE BAL - Valerie BOUSSARD - Xavier BRIFFAULT - Marco BRUNOD - Christophe DEJOURS - Marie-jose DEL VOLGO - Sabine DELZESCAUX - Emmanuel DIET - Elian DJAOUI - Georges GAILLARD - Isabelle GERNET - Roland GORI - Andre LEVY - Jacqueline LORTHIOIS - Jean-pierre PINEL - Gerard REYRE - Jacques RHEAUME - Monica SAVIO - Rachel SIMBU - Daniele WEIS



Quelle liberté pour le sujet à l'époque de la folie quantitative ?
Hervé Castanet (dir.)













Paru le : 02/12/2009
Editeur : Pleins Feux
Collection : L'impensé contemporain
Prix : 25 €


Nous vivons sous le règne de la règle.
Celle-ci ne s'encombre ni de principes ni de généralités. Elle accumule les chiffres, fait série, prétend répondre à chaque cas. Sa logique est de tout intégrer partie après partie. Elle est métonymique et inductive. Prise concrètement, cette règle semble toujours ouverte, illimitée. Elle est souvent illogique (les chiffres ne sont que listes et ne renvoient à aucune réalité). Elle se proclame faussement règle qualitative tout en confondant la partie de la totalité avec la singularité qui y objecte.
Un terme classique la désigne : folie totalitaire - folie quantitative. Utopie insidieuse, elle est principe de mort et asservit les peuples. Comment la contrer ? Une direction est posée par Jacques-Alain Miller :
" C'est une erreur, disait Lacan, que de faire de l'inconscient un dedans. Oui, parfaitement, l'inconscient est au-dehors, il est à penser en extériorité. C'est pourquoi, oui, "l'inconscient, c'est la politique".
Laissée à sa pente naturelle, la politique, nous le voyons tous les jours, est fantasmatique, mégalomaniaque, délirante. Bref : elle a besoin de psychanalystes, et de ceux, cliniciens et intellectuels, que la lecture de Lacan a formés " (Jacques-Alain Miller, Le Nouvel Ane, n° 8, février 2008, p. 3). Notre arme a un nom : c'est " le fer de lance, la pointe avancée de l'enseignement de Lacan appliqué à la guerre de civilisation en cours " (ibid.).
Pour cette guerre, il s'agit pour chacun de se réinventer. Car, bien sûr, " tout est pour le mieux dans le pire des mondes possibles " (Philippe Sollers) ! Hervé Castanet.

Appel des appels

Colloque : la passion évaluative
Samedi 13 mars 2010

http://www.appeldesappels.org/spip.php?article235

ESCP EUROPE
79 avenue de la République,
75011 Paris (Métro Saint‐Maur)

Une demi-journée de rencontres est prévue autour de la sortie du n°8 de la Nouvelle revue de psychosociologie : en première partie, l’idéologie évaluative en question avec une intervention de Roland Gori, et une seconde une réflexion sur les pratiques évaluatives : dérives et perspectives.

Il est de notoriété publique aujourd’hui que les pratiques d’évaluation multiples et variées tendent à envahir tous les niveaux de la société française, évaluations dans l’ensemble plus sommatives que normatives, parfois dans un délire quantophrénique et insidieusement normalisateur. Bien entendu, un refus absolu de l’évaluation serait à la fois suspect et naïf car aucun groupement ne peut s’instituer et durer s’il oublie de mettre au point certains indicateurs témoignant de ses choix. L’évaluation ne peut donc être totalement dissociée d’un jugement, lequel se réfère de près ou de loin à des règles, des valeurs ou des croyances plus ou moins claires. C’est pourquoi en cette période d’activisme évaluatif, il nous paraît important non seulement de faire le point sur les dérives, impasses et perversions actuelles de certaines pratiques et procédures, mais aussi d’explorer les conditions permettant de faire de l’évaluation un processus à la fois dynamique et créateur.


Contre l'uniforme mental. Scientificité de la psychanalyse face au neurocognitivisme
Gérard Pirlot











Pour l’auteur de cet essai engagé, le discours cognitivo-comportemental dans la psychologie clinique et la psychiatrie est une « lobotomisation théorique » et un « prêt-à-porter » intellectuel assorti au « politiquement correct » ambiant qui veut éliminer la réflexion apportée par la psychopathologie psychanalytique.

Or, selon lui, l’épistémologie scientifique de ce quantitativisme est obsolète concernant la vie psychique : du fait du développement des sciences de l'auto-organisation, des théories du chaos déterministe, du connexionnisme neuroscientifique et du darwinisme neuronal, c’est plutôt aujourd’hui l’œuvre théorique de Sigmund Freud et la psychanalyse qui se trouvent être en mesure de se voir reliées au domaine scientifique, en particulier celle des sciences de la complexité.

Après une critique du quantitativisme auquel conduit, dans la clinique, le neurocognitivisme actuel, l’ouvrage cherche à montrer combien nombre d’hypothèses freudiennes (sur l’associationnisme cérébral et psychique, la mémoire, le refoulement, l’inconscient, les liens entre émotion, souvenir et acte moteur, les fonctions du rêve) sont aujourd’hui validées par les neurosciences.

Portraits de femmes en analyste - Lacan et le contre-transfert
Gloria Leff











Sortie le: 26/11/2009
Editeur : Epel
Collection : Essais
Prix : 24 €


Ferenczi le notait déjà en 1924 : « Dans toute analyse normale, l’analyste joue, en effet, tous les rôles possibles, sans exception, pour l’inconscient du patient ; il ne tient qu’à lui de reconnaître ce rôle chaque fois au moment opportun et de s’en servir consciemment selon les circonstances . » Mais quand l’analyste endosse un rôle particulier, qu’est-ce qui se met en marche ? Qu’est-ce qui entre en jeu ? Comment la réussite ou l’échec d’une analyse pourraient-ils dépendre de cette représentation ? Lacan, dans le séminaire L’angoisse, dégage pour ces questions un abord d’une autre veine en relevant qu’une des analyses rapportées par une « femme analyste » avait réussi parce qu’elle avait fait jouer son contre-transfert. Le contre-transfert a toujours été un des thèmes les plus discutés entre analystes et ce, indépendamment de leur appartenance doctrinaire ou du groupe analytique dont ils se réclament. La condamnation de Freud en 1910 n’a pas endigué l’intérêt des analystes pour ce problème ; pas plus que le rejet de Lacan, et des lacaniens – qui eux ont essayé de rabattre l’affaire sur la notion du « désir de l’analyste »-, n’a pu, lui non plus, mettre un terme à cette question. En 1962-1963, la position de Lacan est beaucoup plus nuancée : il s’appuie sur une anecdote sur le Talmud pour circonscrire la spécificité de l’érotique analytique et reconnaître que psychanalyste et psychanalysant ressortent marqués de s’être trouvés « ensemble dans la cheminée ». Il reprend alors la problématique contre-transférentielle et la met dans la bouche (et sous la plume) de quelques « femmes analystes » pour contester le point où Freud a arrêté l’analyse. Avec l’écrit de l’une d’elles il montre que non seulement l’analyse peut être menée « au-delà de l’angoisse de castration », mais aussi de quoi est fait cet « au-delà » et à quelles conditions un analyste a pu y avoir accès.

Traduit par Béatrice Cano

vendredi 22 janvier 2010

PSY cause(s)

Théâtre du marais











Du 14 janvier au 17 avril 2010

Elle est Psy, symbole d’équilibre. Seule. Mère. En analyse … A cause de sa mère ? De son âge ? Ou de ses patientes ? …les névroses c’est contagieux ?... Josiane Pinson déshabille la psyché féminine pour ausculter ses fragilités. Aigre douceur et humour noir foncé, au théâtre du Marais du 14 janvier au 17 avril 2010.

To be or not to be « bankable »...Partant du principe qu'il vaut mieux parler de ce que l'on connaît, je me suis attachée, depuis « La Quarantaine Rugissante », à dépeindre la femme au plus près de ce qu'elle est : ni parfaite, ni débile, ni caricaturale. Entre trouilles, devoirs, fêlures, carcans, angoisses... et tentatives d'épanouissement personnel.

Dans une société où il ne fait pas bon vieillir, il est peu conseillé de le faire seul(e).... Même si l'on est un symbole d'équilibre, détenteur(trice) du savoir. C'est donc une psy qui dérape. Parce que, comme vous et moi, elle n'est pas à l'abri du « No more bankable »... Elle aussi se demande si l'on peut encore séduire à l'approche de la cinquantaine.

Fidèle à mon ton de prédilection, la dérision, j'ai donc choisi, au travers de cette psy et de ses patientes, de vous parler de vous et de moi.
Sans complaisance.
Avec humour.
Mais aussi et surtout avec compassion.

Josiane Pinson

PSYcause(s)
De Josiane Pinson
Mise ne scène Daniel Berlioux
Création lumières jean Claude Rolland

Du 14 janvier au 17 avril 2010
du jeudi au samedi à 19h

Réservations : 01 45 35 75 87
www.theatre-du-marais.com

Théâtre du Marais
37, rue Volta
75003 Paris
Métro Arts et métiers ou temple

du Jeudi au samedi à 19h
réservations : dès maintenant au 01 45 35 75 87

www.theatre-du-marais.com

7ème édition du festival Bobines Sociales



http://www.bobines-sociales.org/



Agriculture, travail, et psychiatrie : points de frictions et lieux de résistances qui intéressent cette septième édition des Bobines Sociales.


Mais comment résister quand l’ennemi avance masqué ? Comment percevoir la mort de nos sols et la toxicité des modes de culture derrière le pain quotidien ? Comment saisir la perversité des modes de management derrière la culture d’entreprise ? Comment comprendre le traitement social et politique de la folie alors que son histoire a été confinée aux marges des sociétés ?

Pour y voir plus clair, des séances associant des films rares et des débats avec des collectifs, des professionnels, des chercheurs, des militants. Parmi les événements de cette édition : une rencontre avec l’économiste Frédéric Lordon autour du documentaire « La Mise à mort du travail » (2009), un débat sur l’industrie de la viande avec le journaliste Fabrice Nicolino, ou encore une séance sur l’autogestion avec Thomas Coutrot nouveau co-président d’Attac après la projection de « Démocratie » de Chris Marker et d’un film sur la belle histoire des « Femmes de la Brukman » en Argentine.

Traditions du festival, les regards hors Europe se focalisent cette année sur l’actualité politique et sociale de la Colombie, avec deux documentaires indépendants. La séance sur l’histoire du cinéma engagé portera sur les foyers de travailleurs immigrés, tels que filmés par Marcel Trillat dans les années 70 et à travers des images d’aujourd’hui.

Enfin, le samedi soir, nous laissons la scène au groupe Eth et à leur son groove et funk inspiré des musiques éthiopiennes.











Vienne 1913

Cie Influenscènes


Théâtre du Lierre, Paris
http://www.letheatredulierre.com/commande/

Publié par Laurent Schteiner dans Théâtre le 11 jan 2010

Le souffle de l'histoire


Alain Didie
r-Weill, médecin psychiatre et membre de l’École freudienne de Paris, a écrit pour le théâtre la rencontre imaginaire entre Adolf Hitler et Sigmund Freud à Vienne en 1913. C’est avec talent que Jean-Luc Paliès a mis en scène cette fresque qui retrace cette époque trouble d’avant guerre au théâtre du Lierre.

Un jeune homme vit pauvrement au cœur de la capitale austro-hongroise où il étudie le dessin à l’école des Beaux Arts de Vienne. Fêtant son vingtième anniversaire, Adolf fait la connaissance d’un héritier de l’aristocratie viennoise, prénommé Hugo. Celui-ci, foncièrement antisémite, se lie d’amitié avec Adolf. Hugo est confié par sa famille aux bons soins du professeur Freud afin de résoudre la pathologie qui le ronge. La rencontre de ces deux jeunes gens va sceller leurs futurs destins. De 1909 à 1913, Adolf, assailli par ses névroses grandissantes, va créer sa propre doctrine antisémite qui le conduira à quitter Vienne et devenir le monstre abject que le monde reconnaitra vingt ans plus tard. Toute la société viennoise défile sous nos yeux de Gustav Jung à Gustav Klimt. Des salons aristocrates aux asiles de sans-abri et aux réunions politiques, nous fréquentons ces lieux où Adolf se forge sa personnalité où sa folie grandit en même temps que ses accès colériques.









crédit photo Patrick Lauret


La Vienne de 1913 sous nos yeux
Jean-Luc Paliès a conçu une mise en scène très originale et très riche qui maintient le spectateur en haleine tout au long de la pièce. En effet, sa mise en scène tient d’une mise en place spatiale où les comédiens prennent place derrière des pupitres. Réunis, au sein d’un chœur d’orchestre imaginaire, les comédiens vont incarner pas moins de vingt-cinq personnages. La présence d’u
ne narratrice, côté cour, intervient pour replacer les dates, les époques, les lieux et les événements. Ce qui permet au public de ressentir toute cette atmosphère de la Vienne de l’époque. Un musicien sur verre assure une musique originale qui permet de jouer sur diverses tonalités des plus légères aux plus inquiétantes. Deux chanteuses lyriques complètent le tableau en fond de scène par des morceaux choisis. Jean-Luc Paliès a réussi le tour de force de véhiculer en une heure quarante les mouvements d’idées et artistiques, les milieux sociaux, et les peurs de cette société viennoise. Outre les pupitres, la présence d’un banc servant tour à tour d’asile pour Adolf ou d’exutoire à sa propre folie, donne ce caractère si particulier à cette scénographie.









crédit photo Patrick Lauret


Une interprétation jubilatoire
La force de cette pièce réside notamment sur l’interprétation brillante de ces artistes. Certains interprètes se détachent grâce à leur implication magnifique dans leur personnage, tel le trio composé de Jean-Luc Paliès (Freud), Miguel-Ange Sarmiento (Adolf Hitler) et Philippe Beheydt (Hugo). Le jeu sobre des comédiens donne une puissance à un texte très bien écrit renforçant d’autant le sujet. Le public est saisi d’effroi lorsqu’Adolf décide de partir pour l’Allemagne en laissant les spectateurs médusés après une énième colère marquée par le coup d’un gendarme frappé au sol. Et c’est avec une musique lancinante et inquiétante que le public se retrouve plongé dans le noir. Si la richesse du théâtre se nourrit de la Création, celle-ci s’appelait, samedi dernier, Vienne 1913 !

Auteur : Alain Didier-Weill
Artistes : Miguel-Ange Sarmiento, Philippe Beheydt, Jean-Luc Paliès, Bagheera Poulin, Stéphanie Boré ou Isabelle Starkier, Katia Dimitrova ou Claudine Fiévet, Alain Guillo - Mezzos|Sopranos (en alternance) Magali Paliès, Estelle Boin, Séverine Étienne, Maquaire Geneviève Bottau - Musique sur verre : Jean-Claude Chapuis
Metteur en scène : Jean-Luc Paliès

Nouvelles psychanalytiques
vendredi 15 janvier 2010

Rencontre avec François Gantheret : "La nostalgie du présent : psychanalyse et écriture












A l’occasion de la parution aux Editions de l’Olivier de "La nostalgie du présent : psychanalyse et écriture" - Une réflexion sur la double pratique d’écrivain et de psychanalyste.

Francois Gantheret est psychanalyste, docteur es lettres, professeur émérite de psychopathologie à université Paris VII, membre de l’Association psychanalytique de France. Il a publie aux éditions Gallimard des ouvrages de psychanalyse, Moi, Monde, Mots (1996), Libido et autres nouvelles du divan (L’Arpenteur, 1998 et Folio, 2001) ainsi que des romans, dans la collection blanche : Les corps perdus (2004), Comme le murmure d’un ruisseau (2006), Ferme les yeux (2007).
Source : http://www.initiales.org/

dimanche 17 janvier 2010

SUR L’ÉLECTROCHOC, LE CAS ANTONIN ARTAUD

vendredi 15 janvier 2010

http://florencedemeredieu.blogspot.com/2010/01/sur-lelectrochoc-le-cas-antonin-artaud.html











Table des matières

Introduction

Mis au point en Italie en 1938, appliqué à l'homme en 1939, héritier des techniques de choc ou “sismothérapies”, l’ électrochoc connaît entre 1939 et 1946 un développement considérable en Psychiatrie. — L’œuvre et la vie d'Antonin Artaud (interné à l'Asile de Rodez de 1943 à 1946) interfèrent avec l'histoire de l'électrochoc. A la toute puissance médicale, susceptible de transformer en profondeur l'ensemble des données neurophysiologiques de l'être humain et de remettre le psychisme “à zéro” Artaud opposera ce cheval de Troie qu'est la littérature.
Au travers d'un formidable travail de la langue et sur la langue. C'est alors d'une véritable surrection et recréation qu'il est question la machinerie littéraire se faisant précisément électrique pour perturber en profondeur les effets du coma de l'électrochoc. — On trouvera dans cet ouvrage une histoire de l'électrochoc ainsi qu'une analyse de ses effets et contre-effets sur l'œuvre de cet écrivain d'exception que fut Artaud.

1 - De l'électrochoc resitué dans l'histoire de la psychiatrie

LES TRAITEMENTS ANTÉRIEURS :
Les thérapies de choc. — Un modèle : l’épilepsie. — Le coma. — Le traitement par l’insuline (1933). — Le cardiazol (1935). — Comparaison des méthodes.

L’ÉLECTROCHOC :
L’électricité dans le traitement des maladies mentales.— Cerletti et la mise au point de l’électrochoc (1938). — La crise et ses effets. — L’électrochoc en France (1940-1945). — L’électrochoc dans le monde.

L'ASPECT TECHNIQUE :
Automatisme de la machine et perfection technique. — Prothèses thérapeutiques. — Appareillage technique et déroulement de la crise. — La position des électrodes. — les cas d’auto-observations. — Accidents et contre-indications. — La conduite de la cure.

LES RÉSERVES :
L’électrochoc, “ monstre du Lochness de la thérapeutique ”. — La position du professeur Baruk.

DE L’INFLUENCE DES TECHNIQUES CONVULSIVANTES SUR L’ÉVOLUTION DE LA PSYCHIATRIE :
Une nouvelle trilogie : l’institution/le malade/le personnel soignant. — Une dimension expérimentale. — De l’usage de la statistique. — Quelques chiffres.

DES ANNÉES D’APRÈS-GUERRE À NOS JOURS :
L’utilisation intensive de l’électrochoc. — Réflexes conditionnés et placebos.

2 - Les aspects théoriques

Organicistes et dynamistes. — Mode d’action de l’électrochoc. — Hughlings Jackson (1835-1911). — Delmas-Marsalet et la théorie de la “ dissolution-reconstruction ”. — Les travaux de Jean Delay. — L’amnésie. — L’aphasie. — Breggin : La thérapeutique par altération mentale. — Un traitement moderne ! — Du fantasme de la machine à “ l’homme-nouveau ” électrique. — De l’électricité cérébrale. — Homme-machine et circuits cybernétiques. — Le traitement du temps.

3 - Le cas Antonin Artaud

L'enfance, le traitement à l'électricité. — Les traitements avant Rodez.
LES TRAITEMENTS À RODEZ :
L’électrochoc à Rodez. — Le cas Antoine A. — Les protestations d’Artaud. — Une formidable dénégation. — Artaud et ses médecins. — La thèse du Dr Latrémolière. — Les justifications ultérieures. — Les effets de l'électrochoc. — Les questions qui restent en suspens. — Le coût de l’électrochoc. —

4 - Littérature et psychiatrie : le choc de deux Titans

La cruauté asilaire. — L’internement d’une œuvre.
SOUVENIRS DE LA MAISON DES MORTS :
L’expérience des comas. — Une vie d’outre-tombe. — Les troubles de la mémoire et l’univers flottant des souvenirs. — Hypermnésie et pullulement des êtres. — Resserrer l’être. — Dédoublement, illusion des sosies et troubles du schéma corporel. — Sommeil, vigilance et syndrome d’influence.

MACHINES AUTOMATES :
Automatismes. — L’Automate personnel (1927). — Le corps-machine. — La machine à inscrire. — Du théâtre de la cruauté à la pantomime convulsive. — L’insurgé.

UNE NOUVELLE COSMOGONIE :
Une machinerie cosmique. — Hors temps, hors espace. — La verticale de l’être.

LE DISPOSITIF ÉLECTRIQUE :
La métaphore électrique. — Deux sortes de fluide. — la loi de l’ “ hom ”. — Une parenté “ électrique. — Le tonique, le clonique, le spasmodique. — Conduire le courant. — Prise de terre. — Faire “ résistance ”.

LA REFONTE DU LANGAGE :
La grande régression aphasique. — Le trouble de la langue. — Une langue organique. — Une langue archaïque. — Les Cahiers de Rodez. — La déliaison des énergies et la question de l’actuelle transcription des Cahiers. — Du dessin ou de la “ bouillabaisse ” des formes. — Les glossolalies. — Le cri, le râle et la syllabe. — Une tentative anti-grammaticale. — Intonations, interjections, fragmentations. — Un laboratoire de la langue. — Éloge de la cacophonie.

5 - Artaud / Bataille : le clos et l'ouvert

Une rencontre placée sous le signe historique du malentendu. — Artaud, ombre ou limite de Bataille ? — L'énergie. — La dépense. — La communication. — Rite du peyotl et pratiques consumatoires. — Une réactivation des pulsions (orales, sexuelles, anales). — Électro-choc et mystique. — "L'Acéphale".

Conclusion

Du statut des internés illustres. — Artaud et l’ethnopsychiatrie. — Le symbolique. — Cruauté technique et “ merveilleux ” asilaire. — Transparence et opacité.

Bibliographie

NOTA BENE : publié au printemps 1996, cet ouvrage se complète de recherches et découvertes, effectuées ultérieurement et qui m’ont permis d’affiner la question :
- “ Les premières années d’asile ” et “ La période de Rodez ”, in C’était Antonin Artaud, Fayard, 2006, pp.. 649 à 863.
- “ Nos amis les psychiatres… ”, in L’Affaire Artaud, Fayard 2009, pp.. 293-373.Livre : Sur l'électrochoc, le cas Antonin Artaud
La République des LIBRES
14 janvier 2010

Sigmund et Théodule - de Morasse.


LE LAID RIBOT LIT « IMAGO »











Théodule Ribot (1839-1916)

Dans le vol. 78 (juillet-décembre 1914) de la « Revue philosophique de France et de l’Etranger », Alcan éditeur [on la trouve sur le site Gallica de la BNF], Théodule Ribot (le pape de la revue) se prononce sur la « psycho-analyse ». Il a lu les résumés de quelques articles du volume 2 de la revue « Imago », nos 1 à 4 de 1913. Le traducteur, N. Kostyleff, détaille les sommaires en les commentant.

À propos de Freud « et de son école », pour comprendre ce qui chiffonnait et continua de chiffonner durant 35 ans – jusqu’en 1950 ? – la science médicale et la « philosophie française » il faut relire Théodule Ribot (1839-1916). Dans le vol. 78 (juillet-décembre 1914) de la « Revue philosophique de France et de l’Etranger », Alcan éditeur [on la trouve sur le site Gallica de la BNF], Théodule Ribot (le pape de la revue) se prononce sur la « psycho-analyse ». Il a lu les résumés de quelques articles du volume 2 de la revue « Imago », nos 1 à 4 de 1913. Le traducteur, N. Kostyleff, détaille les sommaires en les commentant.

THEODULE RIBOT

« Imago » a été créée par Freud en 1912, avec Hanns Sachs et Otto Rank. Elle a pour sous-titre : « Revue pour l’application de la psychanalyse aux sciences de l’esprit ». Jusque là, elle n’était évidemment pas traduite en français.

L’article de Ribot a pour titre : « La mémoire affective et la psycho-analyse ». Ribot définit ainsi celle-ci : « un procédé qui a pour but de plonger dans l’inconscient et d’en ramener des morceaux dans le jour de la conscience ». Il ne faut pas la confondre, prévient-il avec « l’analyse psychologique proprement dite : observation intérieure, introspection ».

Pour Ribot, la « partie faible du freudisme » est l’interprétation des faits. Le grand homme lui reproche de poser « comme cause dernière et unique, l’instinct sexuel qui est censé tout expliquer (…) Dans cette voie, ils (les psycho-analystes) sont allés loin, souvent trop loin. » Et d’expliquer au lecteur que le point de départ erroné de cette thèse est l’importance donnée aux rêves puisque Freud considère que le rêve n’est qu’une apparence, une façade, « derrière laquelle la psycho-analyse découvre une logique régulatrice » ; et de résumer : les moments du rêve sont des symptômes. Ils doivent « servir à pénétrer jusqu’au fond du rêve qui est un complexe affectif enfoui dans l’inconscient, instinct sexuel, ou, sous une forme plus générale, libido, le désir. » Si Ribot voit très bien comment « du rêve à la rêverie et à l’imagination créatrice la transition se fait naturellement », il reproche aux psycho-analystes d’en trouver la source « dans quelque complexe ». Pour Ribot, c’est là l’erreur… « Les psycho-analystes ont (ainsi) pu passer facilement de l’étude médicale des complexes dans leurs rapports avec les névroses et les psychoses, à celle de la création esthétique, mythique, religieuse, métaphysique, etc. Ils s’y sont lancés avec ardeur et témérité ».

Théodule Ribot est un savant posé, mais on devine, bouillonnants, les points d’exclamation quand il énumère les thèmes déroutants : le rapprochement des « primitifs » et des « névrosés » ; le « rôle de l’érotisme dans les religions de toute espèce et chez les mystiques de tous les pays » ; « l’inceste et la déviation sexuelle dans le roman, la poésie, le théâtre (…) toujours attribués à un complexe inconscient datant de la première enfance ». L’insistance sur l’inceste déplaît (elle est « lassante »), comme est grotesque la « fantaisie » qui essaie d’expliquer « la spéculation philosophique » par « la manifestation de tendances psycho-sexuelles datant de l’enfance ». Puis vient le reproche suprême : « Le défaut capital de cette théorie de l’imagination créatrice, c’est la prétention inacceptable de vouloir tout expliquer par la seule action de l’instinct sexuel. » Certes Théodule Ribot crédite la psycho-analyse d’une étude solide de la « logique du sentiment » mais rappelle qu’il ne veut voir dans celle-ci qu’une « étape » dans l’évolution de la « faculté de raisonner ». Rien de plus…

Il reste que, jusqu’à ce que le mouvement surréaliste, Pierre-Jean Jouve et André Breton, pour des raisons littéraires, puis Marie Bonaparte, la princesse, utilisent quelques idées du freudisme, la France demeura hermétiquement close à la « science boche » (et même « juive »). Elisabeth Roudinesco et Michel Plon (« Dictionnaire de la psychanalyse », Fayard) signalent l’existence d’un professeur de médecine de Poitiers, le Pr Morichau-Beauchant (1873-1952) dont Freud dit qu’il fut : « le premier Français qui se reconnut officiellement adepte de la psychanalyse ».




C. Soler, Lacan, l'inconscient réinventé








Lacan, l'inconscient réinventé
Colette Soler


Paru le : 09/09/2009
Editeur : PUF
ISBN : 978-2-13-057635-8
EAN : 9782130576358
Nb. de pages : 243 pages

Prix éditeur : 23,00€


A-t-on bien mesuré l'incidence de Jacques Lacan pour la psychanalyse ? Sa formule de l'inconscient freudien " structuré comme un langage " est fameuse, mais ce n'était qu'une porte d'entrée.

Vient ensuite la thèse de " l'inconscient réel ", inouïe au regard de ce qui précède. Pourquoi ce pas ? Cherchant le fil d'Ariane de la trajectoire dans ce qui restait impensé à chaque étape de cet enseignement toujours en mouvement, ce livre élucide les questions implicites qui, à chaque pas, animent et fondent la démarche ; il dessine les lignes nouvelles qui en résultent avec leurs conséquences pour la clinique du sujet, des symptômes, des affects, et pour la pratique de la cure, sa fin, et sa portée politique.

Si depuis Freud, beaucoup ont rêvé de réinventer la psychanalyse, Colette Soler fait valoir dans cet ouvrage ce que Lacan a réussi de cette réinvention.

Sommaire :

L'INCONSCIENT, RÉEL

Trajectoire
Vers le Réel
Lalangue, traumatique

L'ANALYSE ORIENTE VERS LE RÉEL

Le passe de fin
Le temps, pas logique
L'analyse finie

CLINIQUE RENOUVELEE

Statut des jouissances
Symptôme de l'inconscient réel
Le père et le Réel

PERSPECTIVES POLITIQUES

Dissidence du symptôme ?
La psychanalyse et le capitalisme
Malaise dans la psychanalyse

L'auteur :
Agrégée de l'Université, psychanalyste formée par Jacques Lacan, Colette Soler pratique la psychanalyse et l'enseigne à Paris.
Elle est membre fondateur de l'École de Psychanalyse des Forums du Champ lacanien et a notamment publié Ce que Lacan disait des femmes (2003)






A LA UNE

Édition du vendredi 15 janvier 2010

http://www.midilibre.com/articles/2010/01/15/A-LA-UNE-Malaise-entre-les-murs-de-la-psychiatrie-1072678.php5

Gard, Malaise entre les murs de la psychiatrie

Après 13 jours d’arrêt maladie, cet infirmier en psychiatrie âgé de 40 ans a repris le chemin de l’hôpital. Mais il a le blues. « Je compte partir, quitter le secteur fermé, passer en extra hospitalier, pour intégrer l’équipe des visites à domicile », confesse-t-il.

Le 25 décembre dernier, ce professionnel expérimenté a été frappé violemment par un patient. Un événement qui l’a choqué et agit sur lui « comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase ». Cet infirmier qui travaille depuis 1995 en psychiatrie au CHU de Nîmes, en a assez. « Cela se dégrade d’année en année », estime-t-il.

« Le soir de Noël, un patient d’une vingtaine d’années a été admis en HDT (hospitalisation à la demande d’un tiers), raconte-t-il. A 23 h 15, un collègue aide soignant est allé voir dans sa chambre s’il dormait. Le patient lui a sauté dessus, l’a frappé. Je suis arrivé en renfort et j’ai reçu un coup de poing à la figure qui m’a étalé par terre. » Le jeune homme a pu être maîtrisé. Mais les deux agents hospitaliers agressés ont été mis en arrêt maladie.

L’affaire n’a en soit rien d’extraordinaire dans ce secteur fermé de psychiatrie, où, derrière les grilles, sont hospitalisés des cas susceptibles de constituer un danger pour eux-mêmes ou pour autrui. Mais elle se traduit par un vif ras le bol. Surtout que l’incident succède à un autre, choquant. Le 20 décembre, toujours dans ce secteur fermé qui compte 24 lits, un patient qui était allé fumer dans une cage d’escalier prévue à cet effet, s’est immolé par le feu en enflammant avec son briquet un déodorant aérosol. Très sérieusement blessé, il a été évacué vers le service des grands brûlés de Montpellier. Il est aujourd’hui tiré d’affaire.

Ces deux événements violents, qui font suite à d’autres, suscitent des interrogations sur les conditions de travail, alors que les méthodes psychiatriques ont considérablement évolué, elles sont notamment plus versées dans les droits des patients. Est-il ainsi loisible qu’en secteur fermé les patients puissent avoir un briquet sur eux ou d’autres effets personnels potentiellement dangereux ? « On n’est pas en sécurité », estime carrément l’infirmier agressé le soir de Noël.

Une infirmière et une aide soignante en milieu ouvert, ou encore un agent du secteur fermé, ne disent pas autre chose. Tous incriminent le manque de personnel – « le jour où le patient s’est immolé il manquait un infirmier et un aide soignant » -, le nombre insuffisant d’agents masculins, précieux face aux cas violents. Ou encore l’inexpérience de la plupart des infirmiers en milieu fermé : « Des jeunes diplômés puisque plus personne ne veut désormais travailler en secteur fermé. »

Richard BOUDES