Avec Charly « Gros Cerveau Déglingué », dans le studio de Radio Citron
La première radio animée par des handicapés psychiques
Reportage Ambiance Gros Cerveau Déglingué et Baleine-Taxi. Radio Citron, animée par des malades mentaux, a été inaugurée mardi . Le but : montrer que la folie a sa place à la radio.
«Écoutez Radio Citron, ou c’est mon poing sur la gueule»
Derrière le micro jaune, concentré sur sa feuille, Charly annonce la couleur : « Écoutez-moi sur Radio Citron ou c’est mon poing sur la gueule ». Charly, alias « Charly GCD, Gros Cerveau Déglingué. A ne pas confondre avec Charles De Gaulle Étoile » plaisante t-il, est un des chroniqueurs de Radio Citron. Cette radio, animée par des handicapés psychiques, a pour but de faire évoluer l’image de ces malades.
« Ah, vous êtes StreetPress! Street comme à New-York. Je suis fan de Bob Dylan »
L’imprévisibilité : C’est ce qui fait le charme de cette nouvelle radio. En voyant le nom du site, Charly dégaine, avant même qu’on ait enclenché la caméra : « Ah vous êtes StreetPress ! Street comme à New-York. Je suis fan de Bob Dylan. » Charly, rieur et bavard aujourd’hui, a eu une vie difficile. Il a passé 15 ans en HP après le suicide de sa fille de 20 ans. Maintenant il a ses chroniques (dont l’horoscope) sur Radio Citron. Une victoire un brin acidulée mais une victoire quand même sur le destin.
L’exemple de La Colifata et Manu Chao
Le concept vient d’Argentine : La Colifata est une émission créée et animée par Alfredo Oliveira depuis 15 ans avec les patients de l’hôpital psychiatrique de Buenos Aires. Il y a plus d’un an, Colette Rivemale, la directrice de Service d’Accompagnement à la Vie Sociale (SAVS), le rencontre et projette d’adapter le projet à Paris. « On aurait aimé que Manu Chao soit notre parrain, mais il l’est déjà pour La Colifata, explique Anne Tuffelli, psychiatre. C’est une bonne chose d’avoir un nom connu ». Anne encadre les patients pour la réalisation et l’enregistrement de l’émission.
Quelques minutes d’antenne sur Radio France
Un samedi par mois, Charly, Colette et les autres se retrouvent pour une à deux heures d’émission. Pas de direct : Le programme est monté pour éviter les trop gros coups de folie. Et puis le direct, c’est un métier « On espère quand même que Radio France tiendra ses promesses de nous diffuser quelques minutes à l’antenne », confie optimiste Anne Tuffelli. Elle ne craint pas trop les débordements : « On a l’habitude des imprévus. On travaille avec et on aime ça. Si on entend les bruits de chaise pendant l’émission radio parce qu’ils se lèvent, ça n’a pas d’importance. »
« Regardez mon moyen de transport : Je suis venue en baleine ! »
L’émission pilote de ce mardi 26 janvier a donné un avant goût de ce que sera Radio Citron . Des animateurs se lèvent et d’autres se rassoient, pendant que les chroniqueurs prennent la parole pour partir en freestyle. « Je voulais juste que vous regardiez mon moyen de transport. Là dehors. Je suis venue en baleine ! », insiste une jeune femme, micro à la main. Silence. Puis, l’émission reprend son cours.
Radio Citron c’est un joyeux bordel. Mais, l’absurde, ça fait partie du deal. « En plus, on n’a eu aucune formation pour la radio. On fait ça sur le tas, même les thérapeutes », s’amuse la psychiatre. Ce zeste de folie et les pépins feront sans doute le succès de Radio Citron. En attendant le parrainage d’un grand nom de la chanson française.
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