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(Photos de Marc Buchy)
(Photos de Marc Buchy)
Rencontre avec Julie Gayet, productrice de Fix Me
Programmé cette année à Cannes par l'ACID, Fix Me est un savoureux documentaire à la première personne, signé par le cinéaste palestinien Raed Andoni. Le réalisateur y filme sa psychanalyse à Ramallah, explorant ses névroses et son sentiment de solitude. Avec douceur et causticité, Raed Andoni offre un point de vue inédit sur la vie en Palestine.
Productrice de Fix Me avec sa société Rouge International (qui a récemment produit Huit fois debout), la comédienne Julie Gayet nous parle de son amour pour ce film, de son nouveau rôle de productrice et de sa vision du Festival de Cannes.
- Désir de produire
J'ai déjà tourné dans plusieurs films difficiles, comme Select Hotel, pour lesquels j'avais mis mon salaire en participation, aidé le réalisateur à faire les ventes et mis beaucoup de gens en contact. Pour poursuivre dans cette voie, on a monté Rouge International il y a 3 ans. Et, en 2007, on avait vu Raed Andoni pitcher son projet Fix Me au Festival de Locarno. On a été séduit par ce ton assez cynique et en même temps drôle, avec de l'humour. Raed est une sorte de Woody Allen palestinien, on n'avait jamais vu ça. Une fois le film terminé, on est d'abord allé à Sundance en sélection officielle, puis nous voici à l'ACID à Cannes, qui est une sélection très importante pour nous, car vue par tous les exploitants de France, c'est à dire toutes les salles de cinéma. On va tout donner pour faire parler du film, pour le soutenir et le porter jusqu'au bout du bout.
- Quelle est la part de scénarisation dans Fix Me ?
Avant le tournage, Raed Andoni a travaillé avec Olivier Lorelle, scénariste reconnu en France. Plusieurs thématiques se dégagaient, comme le fait de se sentir différent des autres dans un pays où l'on est obligé d'intégrer un groupe et de prendre position pour ou contre Israël. Il y avait aussi cette réflexion sur la position de l'artiste et sur le sentiment de faiblesse, dans une région où l'homme se doit d'être fort.
Ensuite, une équipe européenne (Fix Me est une production France/Palestine/Suisse, ndlr) est allée filmer la thérapie de Raed en Palestine; l'équipe ne parlait pas arabe et il était important qu'ils ne comprennent pas, car il s'agit d'une réelle thérapie. Malgré l'écriture, Raed ne savait pas ce qui allait se passer, c'était son premier contact avec la thérapie, car ce n'est vraiment pas quelque chose qui se fait à Ramallah. La psychanalyse n'est pas ancrée en Palestine, comme elle peut l'être à New York ou en Argentine. Au final, le film est plus émouvant que ce à quoi on s'attendait : il y a une vraie sincérité qui s'en dégage, Raed ne joue pas, il ne triche pas.
- Le film parle à un moment de la créativité, qui serait "liée à l'ennui". Quelle est votre définition de la créativité ?
Dans Huit fois debout, qu'on a produit, il y a une grande tirade de Denis Podalydès qui parle du doute et de la nécessité d'avoir des gens qui doutent dans la société. Alors je dirais que la créativité c'est le doute, c'est se remettre en question et douter sans cesse, car il est parfois nécessaire de regarder le plafond sans bouger. Mais c'est une position très fragile à défendre; c'est pourquoi je suis très fière qu'on ait aidé Fix Me. J'aime beaucoup le doute, et particulièrement le doute de Raed Andoni. Après Cannes, je pense qu'on va monter le syndicat du doute avec Rouge International.
- Le Festival de Cannes et ses paradoxes
Il y a tellement d'aspects. Il y a d'abord le côté boîte de nuit/soirées avec des gens qui ne sont même pas dans le cinéma. Il y a ensuite le côté paillettes/glamour/protocolaire, que je continue à adorer, car j'aime les stars et j'aime les voir. Et puis il y a, sous l'iceberg, tout le marché, qui est la véritable âme du Festival. C'est là que sont les gros bosseurs, les vendeurs du monde entier, qui permettent au cinéma d'exister partout. Comme comédienne, j'ai toujours fait des gros films qui ont payé les petits films. Et donc tant mieux s'il y a de l'argent dans le cinéma et si les gens vont voir de grandes stars, qui permettent aussi de faire des films comme Fix Me. Et puis c'est vraiment essentiel que l'ACID existe, ils offrent une superbe visibilité aux films fragiles.
- Distribution de Fix Me en France
Le film a déjà un distributeur en France, Sophie Dulac. Il devrait sortir à la fin de l'année. J'espère qu'on arrivera à en parler, que tout le monde en parlera; on va faire un boulot de fond et essayer de toucher les gens partout.
Productrice de Fix Me avec sa société Rouge International (qui a récemment produit Huit fois debout), la comédienne Julie Gayet nous parle de son amour pour ce film, de son nouveau rôle de productrice et de sa vision du Festival de Cannes.
- Désir de produire
J'ai déjà tourné dans plusieurs films difficiles, comme Select Hotel, pour lesquels j'avais mis mon salaire en participation, aidé le réalisateur à faire les ventes et mis beaucoup de gens en contact. Pour poursuivre dans cette voie, on a monté Rouge International il y a 3 ans. Et, en 2007, on avait vu Raed Andoni pitcher son projet Fix Me au Festival de Locarno. On a été séduit par ce ton assez cynique et en même temps drôle, avec de l'humour. Raed est une sorte de Woody Allen palestinien, on n'avait jamais vu ça. Une fois le film terminé, on est d'abord allé à Sundance en sélection officielle, puis nous voici à l'ACID à Cannes, qui est une sélection très importante pour nous, car vue par tous les exploitants de France, c'est à dire toutes les salles de cinéma. On va tout donner pour faire parler du film, pour le soutenir et le porter jusqu'au bout du bout.
- Quelle est la part de scénarisation dans Fix Me ?
Avant le tournage, Raed Andoni a travaillé avec Olivier Lorelle, scénariste reconnu en France. Plusieurs thématiques se dégagaient, comme le fait de se sentir différent des autres dans un pays où l'on est obligé d'intégrer un groupe et de prendre position pour ou contre Israël. Il y avait aussi cette réflexion sur la position de l'artiste et sur le sentiment de faiblesse, dans une région où l'homme se doit d'être fort.
Ensuite, une équipe européenne (Fix Me est une production France/Palestine/Suisse, ndlr) est allée filmer la thérapie de Raed en Palestine; l'équipe ne parlait pas arabe et il était important qu'ils ne comprennent pas, car il s'agit d'une réelle thérapie. Malgré l'écriture, Raed ne savait pas ce qui allait se passer, c'était son premier contact avec la thérapie, car ce n'est vraiment pas quelque chose qui se fait à Ramallah. La psychanalyse n'est pas ancrée en Palestine, comme elle peut l'être à New York ou en Argentine. Au final, le film est plus émouvant que ce à quoi on s'attendait : il y a une vraie sincérité qui s'en dégage, Raed ne joue pas, il ne triche pas.
- Le film parle à un moment de la créativité, qui serait "liée à l'ennui". Quelle est votre définition de la créativité ?
Dans Huit fois debout, qu'on a produit, il y a une grande tirade de Denis Podalydès qui parle du doute et de la nécessité d'avoir des gens qui doutent dans la société. Alors je dirais que la créativité c'est le doute, c'est se remettre en question et douter sans cesse, car il est parfois nécessaire de regarder le plafond sans bouger. Mais c'est une position très fragile à défendre; c'est pourquoi je suis très fière qu'on ait aidé Fix Me. J'aime beaucoup le doute, et particulièrement le doute de Raed Andoni. Après Cannes, je pense qu'on va monter le syndicat du doute avec Rouge International.
- Le Festival de Cannes et ses paradoxes
Il y a tellement d'aspects. Il y a d'abord le côté boîte de nuit/soirées avec des gens qui ne sont même pas dans le cinéma. Il y a ensuite le côté paillettes/glamour/protocolaire, que je continue à adorer, car j'aime les stars et j'aime les voir. Et puis il y a, sous l'iceberg, tout le marché, qui est la véritable âme du Festival. C'est là que sont les gros bosseurs, les vendeurs du monde entier, qui permettent au cinéma d'exister partout. Comme comédienne, j'ai toujours fait des gros films qui ont payé les petits films. Et donc tant mieux s'il y a de l'argent dans le cinéma et si les gens vont voir de grandes stars, qui permettent aussi de faire des films comme Fix Me. Et puis c'est vraiment essentiel que l'ACID existe, ils offrent une superbe visibilité aux films fragiles.
- Distribution de Fix Me en France
Le film a déjà un distributeur en France, Sophie Dulac. Il devrait sortir à la fin de l'année. J'espère qu'on arrivera à en parler, que tout le monde en parlera; on va faire un boulot de fond et essayer de toucher les gens partout.