Roxane Curtet
Chaque année, en France 10 000 personnes se suicident et 200 000 font une tentative. Afin de mieux cerner les profils socio-démographiques et cliniques des personnes à risque suicidaire, des équipes du Groupement Hospitalier du Territoire (GHT) Paris Psychiatrie et Neurosciences et du service des urgences de l’hôpital Bichat ont mené une étude pilote. Ces chercheurs ont analysé les caractéristiques des personnes admises dans leurs établissements suite à une tentative de suicide.
Les résultats, publiés dans Psychiatry Research, ont identifié deux groupes de patients à haut risque. Avec d’un côté, les patients récidivistes (51 %), qui ont été comparés aux primo-suicidants. Et de l'autre, les patients dont le motif principal de passage à l’acte était la volonté de mourir (36 %), comparés à ceux invoquant d'autres raisons comme un appel à l’aide, le besoin de repos, ou le désir d’adresser un message à leur entourage.
Des travaux à poursuivre à plus grande échelle
Les données obtenues sur les
168 personnes questionnées par les équipes d’urgences psychiatriques ne mettent pas en évidence de lien entre ces deux groupes et suggèrent même au contraire qu’ils pourraient présenter des profils cliniques et des parcours de prises en charges distincts. De même,
les diagnostics d’épisode dépressif caractérisé ou de symptômes psychotiques ne permettent pas d'identifier ces personnes à haut risque suicidaire. Cependant, si l’on compare les récidivistes aux « primo-suicidants », ils étaient plus nombreux à avoir bénéficié d’une
prise en charge psychologique voire psychiatrique au cours des six derniers mois. En outre, les patients voulant vraiment mourir rapportaient
davantage d’idée suicidaire dans le mois précédant leur tentative.
Les auteurs précisent que ces travaux devraient être répliqués, et ce, à plus grande échelle. Néanmoins, ces observations démontrent déjà que les personnes qui tentent de mettre fin à leur jour ne représentent pas un groupe homogène. Les scientifiques encouragent également à accorder plus d’attention aux trajectoires de soins de patients.
Ce type de recherche est d’autant plus important qu'on estime qu'en France, près de 3 personnes sur 100 ont déjà essayé au moins une fois de mettre fin à leur jour, une prévalence qui demeure l’une des plus élevée d’Europe !