Cela fait 30 ans que cette sociologue va en prison. Et enquête sur l’évolution des relations entre détenus et surveillants, sur la violence carcérale ou encore sur la religion en détention. Aujourd’hui, Corinne Rostaing publie Une institution dégradante, la prison (Gallimard, 2021) : un condensé de toutes ces années de terrain et de milliers de témoignages. Malgré des améliorations des conditions d’incarcération, la prison est trop souvent réduite à un gardiennage humiliant, cassant les corps et les esprits, oubliant une mission fondamentale qui lui donne sa légitimité : la réinsertion. Voici les trois grandes caractéristiques de l’institution carcérale, selon Corinne Rostaing. Suivi d’un passionnant entretien, dans lequel elle nous raconte de l’intérieur cet univers où l’on ne veut surtout pas mettre un pied.
«Ce matin, je cherchais mes bottes. En fait, j’étais droit dedans.» En exergue sur son compte Twitter, cette phrase du docteur Cyrille Canetti résume bien le bonhomme, figure respectée de la psychiatrie en milieu pénitentiaire. C’est d’ailleurs sur le réseau social, le 12 mars, que le chef du service médico-psychologique régional de la prison de la Santé (SMPR) a fait savoir qu’il quittait son poste : «Menacé de ne pas être renouvelé dans mes fonctions, j’ai donné ma démission de la fonction de chef du SMPR.» Un message suscitant une pluie de regrets et de soutiens par un cortège laudateur d’avocats, surveillants pénitentiaires, conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation, soignants en milieu carcéral, patients.