A un moment ou à un autre, ils sont tous passés pour des originaux, des types un peu bizarres. De fait, ils sont très peu nombreux. Le congé parental, qui permet de s'arrêter entre six mois et trois ans pour s'occuper de ses enfants et concerne 523 000 personnes, est pris à 97 % par les mères. Ils font partie des 3 % restants, de ces pères paternants que la ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, souhaite de plus en plus nombreux. Son projet de loi "pour l'égalité entre les femmes et les hommes", présenté mercredi 3 juillet en conseil des ministres, réforme dans cet objectif le congé parental : six mois devront obligatoirement être pris par le "deuxième parent", sinon ils seront perdus.
Eux n'ont pas attendu la loi. "Mon épouse venait de réussir le concours d'infirmière et nous n'avions pas de places de garde pour nos deux filles,raconte Ruben Gomba, un militaire de 35 ans basé dans le Cher, qui s'est arrêté six mois. Je voulais qu'elle réussisse cette école et s'épanouisse. J'ai vu ma mère galérer pour élever ses cinq enfants. Elle avait des regrets. Je ne voulais pas que ma femme en ait aussi." De leur côté, Florian Bricogne, 37 ans, et sa compagne Dominique, des informaticiens installés en Seine-et-Marne, redoutaient de confier leur fils âgé de 6 mois à des mains étrangères. Elle gagnait plus que lui, Florian s'est arrêté. "Quand on est père, le lien avec l'enfant est difficile à établir, ajoute-t-il. J'avais envie de créer quelque chose de fort."