Par Nina Jackowski Publié le 13 août 2021
RÉCIT « Amitiés professionnelles » (4/6). On le surnomme « le Guépard blanc ». Mais sans son guide Jeffrey Lami, alias « l’Antilope », Timothée Adolphe, aveugle, ne serait pas champion du 400 m. Le duo vise l’or aux Jeux paralympiques de Tokyo.
Coup de feu. Timothée Adolphe s’élance, ce 11 novembre 2019, aux Mondiaux d’athlétisme, en finale du 400 m, à Dubaï. Les foulées sont lentes, hésitantes. « Je suis à l’ouest : pas de jus, pas de jambes », bouillonne le sportif. L’athlète sent le recordman du monde brésilien Daniel Mendes da Silva le dépasser sur le couloir de gauche. Il pense à son fils de 3 mois. A ses parents qui ont fait le déplacement. Rien n’y fait. « Je me mets en mode survie. Je veux juste finir la course. »
Mais Timothée Adolphe ne court pas seul. Aveugle, il concourt avec son guide, Jeffrey Lami. Voyant qu’ils sont à la peine, ce dernier pourrait le pousser à accélérer, le brusquer. Mais « Jeff » choisit de lui laisser le temps. Le temps de reprendre confiance. Une stratégie gagnante : dans les 30 derniers mètres, le duo fait une remontée exceptionnelle. Comme un seul homme, ils dépassent le quatrième binôme, puis le troisième. Avant de franchir la ligne d’arrivée, quatre centièmes de secondes avant le rival brésilien. Les deux acolytes explosent, s’étreignent. Ils sont champions du monde handisport en catégorie T11, celle des déficients visuels, avec un chrono de 50’91”.