Depuis bien longtemps, de très nombreuses recherches décrivent
l’impact du capitalisme néolibéral sur nos modes de vie, sur la culture, sur
les façons de vivre ensemble, en un mot : sur les sujets. Il est indéniable
qu’aucune société ne saurait se protéger totalement des effets d’une logique
commerciale qui impose sa marque en tant que pratique, mais aussi en tant que
modèle pour penser. Tous ces effets ont été largement commentés, mais il
manquait encore un livre sur les modalités qui les rendent particulièrement
efficients et sur leurs modes d’action. Le présent ouvrage, intitulé La haine
de la parole en hommage à Pascal Quignard, tente de répondre à ces questions en
éclairant l’action du capitalisme illimité sur ce qui fait l’humain : sa
parole.
A partir de 1966, il fréquente le groupe des Cahiers pour l’analyse et, trois ans plus tard, il rencontre Lacan, sans pour autant devenir psychanalyste ni céder au charme du personnage qui devient alors pour lui un « compagnon essentiel autant que malaisé » de son propre itinéraire intellectuel. Vingt-cinq ans plus tard, en 1994-1995, alors qu’il délivre un séminaire très suivi à l’ENS, il revient à l’œuvre de Lacan pour l’inscrire, à la suite de celles de Nietzsche et de Wittgenstein, dans le sillage d’une « antiphilosophie ».