Il faut dire la vérité aux enfants. Surtout ne pas sous-estimer leur capacité à entendre des choses dérangeantes et horribles. Non qu’ils soient plus forts que les adultes, mais leur sensibilité peut être mise à l’épreuve sans que cela ait des conséquences désastreuses sur leur développement. Le mensonge et le déni peuvent laisser chez eux des séquelles et des complexes. Enjoliver le monde, mentir sur la gravité des faits, soit en les niant soit en les enrobant dans de la ouate ou du papier cadeau, risquerait de les isoler de la vie, qui est faite aussi bien de beauté que de violence.
Les contes de Charles Perrault sont pleins de cruauté. Ceux des Mille et Une Nuits sont encore plus terribles. C’est sans doute pour cela qu’on les aime. C’est ce qui fait leur universalité et leur modernité. C’est une illustration de la lutte du bien contre le mal.
Cela, les enfants le comprennent bien et, peut-être, en saisissent la complexité. Aujourd’hui, quelles que soient les précautions prises par les parents, leurs enfants ne sont pas tout à fait à l’abri de la violence et de la grande brutalité que véhiculent des jeux électroniques ou des clips musicaux, ou autres. Le cinéma lui-même participe de cette vision où les meurtres à la tronçonneuse sont choses banales. Sans parler de la pornographie à la portée d’un clic dès que les parents ont le dos tourné.
Le traumatisme vécu par les familles qui ont perdu un des leurs dans les attentats du 13 novembre est aussi dévastateur chez les adultes que chez les enfants. Ils ont besoin d’explication et de consolation. Le deuil est une affaire cruelle. Le temps est son allié.