Le livre de la semaine
L’erreur est utile et nécessaire
Les mondes dans lesquels nous vivons sont « complexes ». Laurent Degos n’est pas le premier à le dire. Mais, quand un grand médecin en charge de graves maladies –l’hématologie à l’hôpital Saint Louis – qui fut président de la Haute Autorité de santé, s’attache à démêler les fils des organisations, ses analyses sont scrutées avec attention. Ainsi, nous dit-il, quand « un médecin fait face à 7200 actes de la nomenclature, doit choisir un médicament parmi 5000 autres, a à sa disposition 50 000 dispositifs médicaux, les choix sont difficiles à faire ». De même, « les chemins parcourus par les patients sont innombrables ». Or un système complexe est soumis à des incidents et accidents potentiellement fréquents. Les événements attendus ne le sont pas toujours et les surprises sont plus fréquentes qu’on ne le souhaiterait. Des erreurs involontaires surviennent dans des pratiques pourtant bien réglées. Aussi, face aux difficultés, les innovateurs ont la tentation de « lâcher ». Par exemple, l’industrie pharmaceutique ne cherche plus car la découverte d’un nouveau médicament devient un « fardeau » qu’elle préfère abandonner aux institutions académiques et aux start-up.