Avec le psychiatre et essayiste Raphaël Gaillard, Le Meilleur des mondes se penche sur les dispositifs technologiques visant à réparer et/ou augmenter notre cerveau. Derrière les fantasmes entretenus par les entrepreneurs de la tech, où en est la recherche ? L'hybridation, mais à quel prix ?
Avec
Raphaël Gaillard Professeur de psychiatrie à l'Université Paris-Descartes et responsable du pôle psychiatrie de l'hôpital Saint-Anne
Les établissements de soins, medico-sociaux, éducatifs, à travers l'intervention d'artistes, deviennent lieux de culture et peuvent être l'occasion de rencontres privilégiées avec la création artistique. Ces instants partagés avec le patient, l'enfant, sa famille, les professionnel·les et les musicien·nes sont des fenêtres ouvertes sur l'extérieur, créant de nouveaux espaces d'expression et de communication.
Ouvert aux musicien·nes, l'hôpital n’est plus synonyme de silence. Il accueille la musique vivante, la "musique en vrai " comme le dira un enfant. Pour mener à bien cette présence musicale à l'hôpital et en toute autre structure, Musique & Santé bâtit ses projets autour d’un même fil conducteur : partenariat, professionnalisme et plaisir partagé.
De 134 000 enfants handicapés scolarisés en milieu dit « ordinaire » en 2004, ils étaient plus de 436 000 en 2022. Faute de formation et d’accompagnement, les professeurs se disent démunis et en souffrance, dans des classes déjà surchargées.
Un enfant autiste avec un AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap) dans une école dotée d’un Pôle inclusif d’accompagnement localisé (PIAL), à Cenon (Gironde), le 2 septembre 2022. PHILIPPE LOPEZ / AFP
A la tête du ministère de l’éducation nationale, on a coutume d’évoquer la scolarisation des enfants en situation de handicap en saluant un « saut quantitatif ». Les courbes d’effectifs attestent en effet de progrès considérables depuis la loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, d’où est né le principe de l’« école inclusive ». Un peu moins de 134 000 enfants handicapés étaient accueillis en milieu dit « ordinaire » en 2004 ; ils étaient plus de 436 000 en 2022. Depuis 2017, et la première élection d’Emmanuel Macron, leur nombre a crû de 35 %.
Le trentenaire, qui a passé un mois et demi en hôpital psychiatrique en raison d’un épisode dépressif lié à sa bipolarité, a tenu à faire de la prévention auprès de son public.
Cela fait 8 ans qu’il apparaît toutes les semaines sur Twitch, jusqu’à cinq jours sur sept, pour décrypter en direct l’actualité liée au monde politique. Mais depuis un mois, le streamer Jean Massiet, âgé de 35 ans, n’avait plus donné de nouvelles à ceux qui le suivent, indiquant seulement et sobrement sur les réseaux sociaux être « hospitalisé pour plusieurs semaines ».
Il est réapparu samedi dans son émission « Backseat », et a tenu à évoquer devant la caméra, puis auprès de Libération dimanche, son état mental et la maladie dont il souffre, la bipolarité.
Quelles postures infirmières et d’équipes pour prévenir et soigner ?
Une crise constitue une épreuve pour la personne qui la traverse, qu’elle se développe insidieusement ou qu’elle éclate au grand jour. En psychiatrie, elle peut générer de l’angoisse autant chez le patient que chez le soignant amené à appréhender ce phénomène complexe, au déroulement et à l’issue incertains. Si les crises sont fréquentes en psychiatrie, et peuvent déstabiliser un quotidien fragile, leur survenue n’est pas une fatalité. Comment les prévenir ? Comment accompagner au mieux les patients qui les vivent ?
Le jour, c’est biberons, devoirs et foot au square. La nuit, c’est spliff, coke et compagnie. «Libé» donne la parole à ceux qui essaient de jongler entre parentalité et vices plus ou moins assumés. Dans le premier épisode de notre série, le témoignage d’Helena, 45 ans, mère d’une fille de 22 ans et longtemps adepte du pétard en cachette.
«A 16 ans, mon premier petit copain était dealer et consommateur d’héroïne, mais je n’en ai jamais pris. Au contraire cette amourette d’été m’a fait l’effet d’un garde-fou, ça m’a vaccinée à vie. Même si c’est aussi à cet âge que j’ai commencé à fumer la cigarette. A 18 ans, je sortais pas mal et j’avais un copain qui dealait de la coke. J’en ai pris quelquefois dans les soirées. Dans les boîtes de nuit de la ville où j’ai grandi, il y a toujours eu beaucoup de drogue, et les riches en prenaient autant que les pauvres. Donc je commence ma vie d’amoureuse et de jeune fille sorteuse» avec des copains un peu plus âgés qui ont tous un penchant pour les drogues. A cette époque, je fais des expériences de shits hallucinogènes, de l’afghan, des produits qu’on ne trouve pas facilement… Mais ça reste festif, occasionnel. Je ne me drogue pas chez mes parents, mais je fume. Il faut dire que je viens d’une famille de fumeurs, mes parents fumaient à la maison et dans la voiture. J’ai aussi connu les cigarettes dans les cafés, je me souviens avoir vu des femmes enceintes fumer… C’était normal, ça faisait partie du paysage. J’ai fumé un paquet par jour pendant plus de vingt ans ; ma tante qui a plus de 80 ans (en pleine forme) fume encore 3 à 5 cigarettes par jour.
Un collectif de chercheurs et d’experts du monde scolaire, comme François Dubet, Pierre Kahn ou Bruno Robbes, et le collectif Osons les territoires invitent, dans une tribune au « Monde », à refonder l’école à partir des réalités locales plutôt que de chercher un consensus uniforme et vain.
Un consensus unit la société : le système éducatif hérité de la IIIe République, du collège unique, de la scolarisation obligatoire de 3 à 16 ans, doit être profondément réformé. Mais le consensus s’arrête là. Les discours de Gabriel Attal et d’Emmanuel Macron [le 16 janvier] fixent un cap : en arrière toute, pour retrouver l’école fantasmée d’hier, au service de la République une et indivisible, laïque, forgeant les citoyens d’une France éternelle de l’ordre et du progrès. Le tout par des mesures improvisées, décrétées par une micro-élite formée dans des écoles privées haut de gamme, devant être immédiatement appliquées par tous les enseignants, dans la plus parfaite ignorance de leurs contraintes. Mesures supposées régénérer une école publique qui aurait failli à fabriquer des vrais petits Français exaltés à l’idée qu’un sang impur abreuve nos sillons.
« Il est temps de choisir le camp de la santé contre toute forme d’obscurantisme ». Le ton est donné. Dans une tribune publiée dans l’Express et signée par des sociétés savantes et syndicats représentant plusieurs milliers de médecins, des médecins alertent sur les dérives constatées sur les réseaux sociaux et dans certains médias à grande audience, qui partagent et diffusent de fausses informations scientifiques et médicales au détriment de la santé publique. Les signataires* appellent les autorités à prendre des mesures pour contrer ces tendances et se font force de propositions.
Exemples à l’appui
Parmi les fausses informations dénoncées dans la tribune, l’inefficacité présumée des vaccins anti-Covid ou leur implication dans la survenue de cancers, de maladies de Creutzfeldt-Jakob, d’accidents vasculaires cérébraux ou d’infarctus du myocarde, « alors qu’aucune donnée épidémiologique ne rapporte une quelconque augmentation de ces maladies en lien avec la vaccination ». Autre fake news, l’idée d’une intégration de brins d’ADN vaccinaux dans le génome humain à partir de vaccins à ARN messager, ce qu’aucune « donnée crédible de biologie moléculaire ne corrobore ».
Les signataires de la tribune insistent également sur le fait que les données concernant les effets indésirables des vaccins n’ont pas été dissimulées, mais au contraire divulguées en toute transparence. « Suite au constat de thromboses graves chez des sujets jeunes avec l’un des vaccins anti-Covid utilisant un vecteur viral, son utilisation a été suspendue, sans que jamais rien ne soit caché au public. Ces cas sont néanmoins demeurés très rares, et illustrent le fait que le système national et international de pharmacovigilance a parfaitement fonctionné ».
En avril, Emmanuel Macron promettait la prise en charge intégrale des fauteuils manuels et électriques. Mais les nouvelles conditions risquent de contraindre les 150 000 Français concernés à se tourner vers des modèles bas de gamme.
«Dès 2024, les fauteuils roulants manuels et électriques seront intégralement remboursés», annonçait Emmanuel Macron en avril. Comme tous ceux qui assistaient alors au discours du Président en clôture de la Conférence nationale du handicap, le député Sébastien Peytavie (EE-LV), lui-même en fauteuil, a halluciné : «Cette belle surprise a tout de suite fait naître des attentes chez beaucoup de personnes.» Une promesse reprise telle quelle mardi par le Premier ministre, Gabriel Attal, lors de son discours de politique générale, réaffirmant devant les députés que son gouvernement «accompagner [a] nos concitoyens en situation de handicap en toutes circonstances. Nous leur simplifierons la vie. Nous prendrons intégralement en charge le remboursement des fauteuils roulants de ceux qui en ont besoin». Depuis le discours d’Emmanuel Macron, les conditions de prises en charge des fauteuils roulants ont été revues et discutées avec les associations. Puis la nouvelle nomenclature a été envoyée par courrier à certaines personnes handicapées, présentée à d’autres, avant son entrée en vigueur prévue au printemps.
En 2021, les pensées suicidaires des 18-24 ans ont été multipliées par deux et plus de 9% d'entre eux ont déclaré une tentative de suicide. Un chiffre bien au-dessus de la moyenne nationale, qui s'élève elle à 6,8%. Comment comprendre les raisons de ce mal-être ?
Avec
Marie Rose Moro Pédopsychiatre, directrice de la maison de Solenn, et professeure à l'université Paris-Descartes.
L’année 2024 commence et elle s’est ouverte par un colloque rassemblant pour la première fois les 2 associations, l’APSEP et l’ASPMP en partenariat avec l’association TransFaire.
Si le colloque a été un moment chaleureux, convivial permettant de faire un travail de mémoire, il a aussi été l’occasion de prendre du recul et de questionner nos pratiques de soin en prison. Et quoi de plus important que ce questionnement pour tenter d’améliorer nos activités quotidiennes tout en tenant compte de nos réalités locales hétérogènes ?
Le colloque a également été l’occasion de mesurer toute la créativité dont les soignants savent faire preuve, à l’image de la population en milieu pénitentiaire. Les difficultés n’ont pas été éludées : surpopulation carcérale, prise en charge de vulnérabilités particulières, dilemmes éthiques. Des solutions évoquées : décarcération, amélioration de l’attractivité, poursuites encore et toujours de nos réflexions éthiques tout en y incluant davantage les personnes détenues.
Le Dr Catherine Paulet nous a rappelé lors de la conclusion du colloque une phrase dite par un de nos patients interrogé dans un des témoignages : « attention, il ne faut pas lâcher l’affaire ».
Alors, c’est promis, nous ne lâcherons rien car nous sommes fiers de défendre tous ensemble une approche inconditionnelle du soin.
Pour continuer à échanger et à réfléchir ensemble, nous vous donnons RDV les 3 et 4 octobre prochain aux journées de Psychiatrie à Marseille et les 27 et 28 Mars 2025 au congrès de l’APSEP à Paris.
Nous vous attendons nombreux le 9 février prochain. Julie Agnaou, Juliette Berthold et Christine Lévêque présenteront leurs travaux de master et de doctorat sur le soin en prison et l'assistance aux personnes sans abri. Leurs exposés seront discutés par des experts du monde académique et professionnel.
Il y a des blagues qui nous font rire, et celles qui nous laissent perplexes. De l'ironie à l'autodérision, comment expliquer l'humour ? Qu'est-ce qui conditionne et limite le rire ? Être drôle, n'est-ce pas avant tout un certain rapport au réel ?
Fondateur de la mythique collection «Terre humaine», figure majeure de l’anthropologie et de la géographie, l’ethnologue mort ce lundi 5 février à 101 ans, devenu Inuit dans l’âme, était un inlassable défricheur de l’Arctique.
A la question que lui posait un journaliste : «Que se passera-t-il lorsque vous mourrez ?»Jean Malaurie, 82 ans, avait répondu : «La vie en décidera, ainsi que les esprits chamaniques du Grand Nord qui m’ont toujours accompagné.» Presque vingt ans après, ce moment est venu pour l’animiste joyeux qui aura mené une quête à la fois scientifique et intérieure : ce lundi 5 février, l’anthropogéographe et éditeur s’est éteint à 101 ans à Dieppe, en Normandie, où l’avaient finalement mené ses semelles de vent. Mouvementée, engagée, l’existence de Malaurie a été faite de plusieurs «hummocks», comme il avait baptisé ses souvenirs d’expéditions parus en 1999 ; les hummocks étant de grands morceaux de glace déchiquetés, comme les éclats de sa mémoire.
Aujourd’hui, « La Matinale » vous propose une sélection de titres de diverses époques à (re)découvrir avec vos (grands) enfants, qui permettront, pourquoi pas, d’échanger sur les relations sentimentales.
Même si les « jeunes d’aujourd’hui » disent s’intéresser de moins en moins à l’amour à l’écran – c’est en tout cas le résultat d’une étude de l’université de Californie à Los Angeles publiée en octobre 2023, largement relayée et commentée –, voici quelques propositions, qui vont de la comédie teenage américaine à la série éducative française, en passant par François Ozon (mais oui) et Sophie Marceau, pour raviver la flamme des petits cœurs engourdis par l’hiver.
« Lolita malgré moi » : un bijou de comédie signé Tina Fey
Plutôt que d’aller en salle voir le remake peu inspiré de Mean Girls (son titre original) de Samantha Jayne et Arturo Perez Jr., faites découvrir à vos ados ce classique, longtemps mésestimé de ce côté-ci de l’Atlantique, de la comédie américaine teenage. Ecrit et produit par deux piliers du « Saturday Night Live », show télévisé cinquantenaire, Tina Fey et Lorne Michaels, ce film réalisé par Mark Waters et sorti en 2004 raconte la douloureuse intégration de Cady (Lindsay Lohan, alors au top de sa popularité), nouvelle élève dans un lycée américain typique, et son embrigadement forcé auprès des « plastiques », un trio de jeunes filles aussi populaires qu’odieuses. Jusqu’au jour où Cady se découvre un béguin pour l’ex-copain de Regina, la meneuse de la bande…
Selon un sondage Ifop révélé par «Libération», les Français font de moins en moins l’amour, en particulier les 18-24 ans. Emancipation, abstinence par choix, asexualité, influence du porno, idées réacs, manque de rencontres… Un moindre appétit pour la chair aux causes multiples.
Voilà qui ne va pas arranger les espoirs d’Emmanuel Macron de voir le pays se remettre vaillamment à faire des bébés à la chaîne : les Français, en particulier les plus jeunes, font de moins en moins l’amour. Leur taux d’activité sexuelle n’a même jamais été aussi bas depuis les années 70. C’est ce qu’affirme une étude Ifop réalisée pour l’entreprise de sex-toys Lelo (1) que nous publions en exclusivité : la proportion de personnes initiées sexuellement (c’est-à-dire ayant déjà couché avec un tiers ne serait-ce qu’une fois dans leur vie) qui déclarent avoir eu au moins un rapport sexuel ces douze derniers mois n’est plus que de 76 %, soit une chute de 15 points par rapport à une enquête similaire conduite en 2006.
C’est surtout chez les moins de 25 ans que la chute est drastique : plus d’un quart des 18-24 ans initiés sexuellement n’ont eu aucun rapport sexuel au cours de l’année écoulée. Soit cinq fois plus qu’en 2006. En outre, quand les Français s’entremêlent au creux d’un lit (ou ailleurs), ils le font moins souvent : 43 % d’entre eux déclarent un rapport sexuel par semaine, alors qu’ils étaient 58 % en 2006 à en dire autant.
ENQUÊTE Longtemps grand absent des scénarios, cet acte sexuel est de plus en plus mis en scène. Au point de devenir une sorte de figure imposée pour qui veut filmer le coït sans passer pour un vieux croûton.
En 1958, Jeanne Moreau n’arrive même pas à prononcer le mot. Interrogée par la journaliste France Roche sur une scène « audacieuse »des Amants,de Louis Malle – vraisemblablement celle dans laquelle la caméra explore son visage, son bras et sa main alors qu’elle est en train de recevoir un cunnilingus hors champ –, l’actrice parle d’« amour », de « pureté », d’une « rencontre ». Mais pas de l’acte en lui-même, considéré comme l’un des premiers cunnilingus représentés, même de façon très suggérée, dans le cinéma français non pornographique.
Cela n’a sans doute pas échappé au téléspectateur : l’acte, autrefois rare en dehors des séries qui ont pour principal sujet la sexualité, est devenu quasi syndical dans les séries récentes – Irrésistible, Alphonse, Tout va bien, Slip et Split,la saison 3 de The Morning Show, rien que pour l’automne 2023. Et c’est sans compter ceux que l’on a vus sur grand écran. Pratique perçue comme féministe du fait de son inversion des codes habituels – femme donnant, homme recevant –, le « cunni » s’est considérablement popularisé, au point de devenir une sorte de figure imposée pour qui veut filmer le coït sans passer pour un vieux croûton.