Par Audrey Fournier Publié le 03 février 2024
ENQUÊTE Longtemps grand absent des scénarios, cet acte sexuel est de plus en plus mis en scène. Au point de devenir une sorte de figure imposée pour qui veut filmer le coït sans passer pour un vieux croûton.
En 1958, Jeanne Moreau n’arrive même pas à prononcer le mot. Interrogée par la journaliste France Roche sur une scène « audacieuse » des Amants, de Louis Malle – vraisemblablement celle dans laquelle la caméra explore son visage, son bras et sa main alors qu’elle est en train de recevoir un cunnilingus hors champ –, l’actrice parle d’« amour », de « pureté », d’une « rencontre ». Mais pas de l’acte en lui-même, considéré comme l’un des premiers cunnilingus représentés, même de façon très suggérée, dans le cinéma français non pornographique.
Cela n’a sans doute pas échappé au téléspectateur : l’acte, autrefois rare en dehors des séries qui ont pour principal sujet la sexualité, est devenu quasi syndical dans les séries récentes – Irrésistible, Alphonse, Tout va bien, Slip et Split, la saison 3 de The Morning Show, rien que pour l’automne 2023. Et c’est sans compter ceux que l’on a vus sur grand écran. Pratique perçue comme féministe du fait de son inversion des codes habituels – femme donnant, homme recevant –, le « cunni » s’est considérablement popularisé, au point de devenir une sorte de figure imposée pour qui veut filmer le coït sans passer pour un vieux croûton.