Il est des vies qui semblent n’être qu’une vallée de larmes. A chaque épreuve succède une autre. A de nombreux égards, celle qui fait partie de la promotion du 1er janvier de la Légion d’honneur a traversé une telle existence. Pourtant, ce n’est pas le sentiment de tragédie qui nous étreint d’abord en lisant les articles qui lui ont été consacrés ces dernières années. Ce que l’on retient avant tout c’est un rire, énergique, obsédant, presque rageur. Et puis, tout de suite après, quelque chose qui n’a pas vraiment de nom et qui pourrait s’appeler le courage, la revanche sur la vie ou plus simplement la force.
Au-delà des nuages gris
Dès la naissance, Béatrice Idiard-Chamois souffre d’une amblyopie très sévère. Sa mère refuse qu’elle fréquente les institutions pour jeunes aveugles et la petite fille est sans cesse l’objet de brimades de la part de ses camarades et professeurs. Ce handicap et d’autres symptômes ne trouvent leur explication que lorsqu’elle est âgée d’une douzaine d’années : les médecins diagnostiquent un syndrome de Marfan. La discrimination, la peur, la maladie auraient pu pousser Béatrice Idiard-Chamois à la prostration. Au contraire, elle va s’ingénier à tenter tout ce que sa pathologie semble lui interdire. Après avoir bénéficié d’une intervention de la cataracte (qui ne lui permet cependant d’acquérir qu’un niveau d’acuité visuelle très faible) elle cherche la carrière interdite. «Je voulais être météorologiste dans la marine !... Je ne sais pas pourquoi. Par provocation.