Mêlant théorie et récit, mythes et anecdotes, l’essai du psychanalyste milanais Luigi Zoja consacré à la «folie lucide» dans l’histoire, qui vient d’être publié en français, se lit comme une saga ou un thriller.
![Un homme marche, observé par des dizaines de yeux, photomontages, 2015](http://md1.libe.com/photo/1135097-les-fabuleux-animaux-06.jpg?modified_at=1530125391&width=975)
La pensée n’est pas la raison. Elle n’est pas tenue à l’observance des règles de logique, ni au respect de ce que les faits imposent. Aussi peut-elle vagabonder à sa guise, passer sans souci du coq à l’âne, et même, poussée par la «folle du logis» qu’est l’imagination, construire des univers qui n’existent nulle part. Mais parfois, elle se prend pour la raison, et pose comme réelles, efficientes, déterminantes, des causes qui ne sont qu’en elle. Elle fait alors un «pas de côté», et, au lieu de seulement s’évader, vrille et se met à délirer. Quand la pensée (nóos) déborde, va au-delà (para) d’elle-même, arrive la paranoïa.