Les origines de cette phobie sont multiples, la prise en charge longue, la reprise de la scolarité très graduelle. Reportage à la Maison de Solenn, à Paris.
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | | Par Florence Rosier
« Les folies sont les seules choses qu’on ne regrette jamais. » Provocatrice, la phrase nous cueille au troisième étage d’un vaste bâtiment de verre. De quoi séduire tout esprit frondeur, tout adolescent. Elle nous vient d’un génie esthète et excentrique, Oscar Wilde (Portrait de Dorian Gray, 1890). Ici, la maxime trône en lettres multicolores collées sur un panneau. « C’est une jeune fille souffrant de phobie scolaire qui l’a créé. Elle a été suivie ici deux ans », indique Valérie Saada, psychologue clinicienne.
Nous sommes à la Maison de Solenn - Maison des adolescents, une entité de l’hôpital Cochin (Assistance publique-Hôpitaux de Paris, AP-HP) à Paris. En face, la coupole du Val-de-Grâce. Une merveille. Elle veille sur ce lieu et ses locataires. Ici, ils sont dans un cocon. Un espace extraordinairement amical, baigné de lumière et de bienveillance.
Ce mercredi, la Maison de Solenn reçoit Rose, Alex et Claire (les prénoms ont été changés). Depuis un à deux ans, le trio est suivi ici. Ils ont 16 ou 17 ans. Tous trois souffrent d’une phobie scolaire. Boule au ventre, nausées, vomissements, migraines, sueurs froides, cœur qui bat la chamade : un beau matin, à la seule idée de devoir se rendre à l’école, ils ont été saisis d’une crise d’angoisse, d’un accès de larmes, d’une attaque de panique. Leur mal-être, insidieux, couvait sans doute depuis longtemps.