Alors que les écoles, collèges et lycées devraient rouvrir « progressivement » leurs portes le 11 mai, les professeurs craignent un retour prématuré.
Les demandes du ministre de l’éducation nationale auront finalement été entendues. Selon un proche de Jean-Michel Blanquer, ce dernier plaidait pour un retour en classe avant les congés d’été, soucieux des conséquences sociales, scolaires et psychologiques du confinement. Au-delà de sa volonté de remettre le pays au travail – donc de prendre en charge ses enfants –, Emmanuel Macron semble avoir pris acte de ces inquiétudes, lorsqu’il déclare que « la situation actuelle creuse les inégalités » entre les élèves, en particulier « dans les quartiers populaires et les campagnes ».
« Sacrifier un peu vite les enseignants »
Sitôt annoncée, la perspective de reprendre le chemin de l’école dès le 11 mai a néanmoins soulevé de nombreuses questions. Comment expliquer la réouverture des établissements scolaires alors que les cafés, les restaurants, les cinémas et les théâtres resteront fermés ? « Dans mon lycée, avec 1 300 élèves, on dépasse largement la jauge d’un restaurant », dit, grinçante, une enseignante. « Nous étions pour la réouverture des écoles, si la situation sanitaire le permet, rappelle Francette Popineau, du SNUipp-FSU, majoritaire dans le premier degré. Mais les conditions ne sont pas réunies, puisque les cinémas restent fermés ! On rouvre les écoles pour relancer l’activité économique, en sacrifiant un peu vite les enseignants. » Le SNES, majoritaire dans le second degré, prévient d’emblée qu’« en l’état les personnels ne sont pas prêts » à reprendre le chemin des collèges et des lycées, indique Sophie Venetitay.