Publié dans le magazine Books n° 28 , décembre 2011 - janvier 2012. Par Rebecca Mead.
L’hyperérotisation de nos sociétés, qui fait de l’appétit sexuel le nouvel emblème de la femme libérée, est une aubaine pour celles qu’on disait autrefois « nymphomanes ». Mais c’est une source de désarroi pour les autres, qui s’inquiètent de leur « normalité ». En rupture de ban, certaines cherchent le salut dans la chasteté.
Six cents médecins et psychologues se sont récemment réunis pendant trois jours, à Boston, pour discuter de l’orgasme féminin. Ce fut sans doute le plus vaste groupe de professionnels à s’être jamais retrouvé pour évoquer ce sujet. Des scientifiques et des sexologues sont venus du monde entier présenter leurs travaux à propos des effets du Viagra sur le tissu vaginal des rates, ou les conséquences d’une stimulation pornographique sur les parties intimes des femmes. « Éros », une pompe clitoridienne aspirante aujourd’hui disponible dans le commerce, figurait parmi les innovations dévoilées à cette occasion. Même ces scientifiques blasés n’ont pu s’empêcher de rire lors de certaines présentations, comme celle d’une équipe française ayant introduit un couple en train de copuler dans un appareil à résonance magnétique, histoire de soumettre la bête à deux dos à des mesures anatomiques.