ERIC DESSONS / SIPA
RÉCIT Dans un texte écrit pour « Le Monde », le lauréat du prix Renaudot 2019 plonge dans les coulisses du grand hôpital parisien où s’active, en soutien des soignants, toute une « armée des ombres », composée d’employés et de bénévoles, auxquels il rend hommage.
« Vous n’êtes pas un rouage essentiel. » Le premier jour du confinement, Bertrand Pivert, jardinier en chef de la Pitié-Salpêtrière, s’est entendu signifier qu’il pouvait remiser ses râteaux dans la serre, au nord du terrain de l’hôpital, le long de la voie de chemin de fer de la gare d’Austerlitz. C’est la mi-mars, la peste gagne, le monde entier se replie, la France n’a pas besoin de pivoines. Tout juste quelques-uns des dix jardiniers de l’équipe sont-ils requis pour participer à l’immense chambardement de la Pitié.
Les malades affluent, les premiers morts tombent. Le Covid fait sa moisson. En quelques heures, des unités médicales destinées à d’autres soins sont transformées en « zones Covid ». Il faut des bras pour réaménager les lieux car le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, a fixé la stratégie d’« ouverture de lits partout où on le pourra ».