"Il est plus facile de pirater un ordinateur qu'un cerveau"
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO |
Le professeur Steven Laureys, neurologue et chercheur, dirige le Coma Science Group à Liège (Belgique). Les travaux de son équipe portent principalement sur l'étude de la conscience et de ses altérations.
Vous utilisez des interfaces cerveau-machine avec électroencéphalogramme (EEG) chez vos patients atteints de lésions cérébrales. Dans quelles indications ? Ces dispositifs, qui sont étudiés depuis longtemps par les neuroscientifiques, peuvent être utiles pour démontrer l'existence de signes de conscience chez certains individus et pour communiquer avec eux. C'est par exemple le cas lors de troubles moteurs majeurs comme le locked-in syndrome[pseudocoma par atteinte du tronc cérébral] ou la sclérose latérale amyotrophique évoluée, où les patients sont incapables de réaliser le moindre mouvement alors qu'ils ont toutes leurs facultés cognitives.
En fait, l'électroencéphalogramme est l'une des méthodes, parmi les moins invasives, qui nous aident à décoder l'activité neuronale. Celle-ci peut être alors enregistrée, analysée, puis traduite en une commande. Avec ces systèmes, qui permettent de court-circuiter leurs lésions cérébrales, des malades peuvent ainsi retrouver un moyen de communiquer avec les médecins et leurs proches ; ils peuvent aussi contrôler un appareil - ordinateur ou fauteuil par exemple - par la pensée.
Décoder l'activité neuronale par électroencéphalogramme pourrait-il permettre de voler les pensées de quelqu'un ? C'est un grand fantasme, mais il est plus facile de pirater un ordinateur qu'un cerveau.