Seuls 72% des actes médicaux sont « pleinement justifiés », selon les médecins
Interrogés sur les raisons de ces actes superflus, les avis des médecins sont plus partagés.
« la demande des patients » est la raison la plus souvent évoquée par 93% des généralistes, puis vient « la peur du risque judiciaire » pour 58% de l’ensemble des médecins.
D'autres motifs font l'objet de réponses plus divergentes: « problème de formation des médecins » (39%), « absence de référentiels partagés par les professionnels » (37%, mais 49% parmi les médecins exerçant depuis moins de 10 ans), « absence de contrôle des pratiques » (27%, mais 42% parmi les hospitaliers et 15% chez les généralistes).
Le sondage a été commandé par la Fédération hospitalière de France (FHF), son président Frédéric Valletoux estimant mercredi dans Le Figaro que cette enquête « montre la maturité des acteurs du système de santé ». Mais, poursuit-il, « il ne faut pas imaginer que les 28% d'actes dont les médecins doutent de l'utilité puissent tous être supprimés. Sinon, nous aurions une médecine froide, mécanique, sans humanité ».
Mais, a conclu le président de la FHF, « il vaut mieux lutter contre ces actes que de décider leur déremboursement ».
28 % d’actes injustifiés : les médecins évoquent d’abord la pression des patients
De l’aveu même du corps médical, tous les actes médicaux pratiqués ne seraient pas justifiés. Un sondage* TNS commandé par la Fédération hospitalière de France (FHF) et disponible en ligne (formatPDF), livre d’intéressantes statistiques. Les médecins interrogés considèrent que 72 actes sur 100 sont pleinement justifiés (76 % selon les spécialistes libéraux, 68 % selon les généralistes libéraux et 74 % selon les médecins hospitaliers).
Les généralistes se font plus sévères s’agissant de leur propre discipline : ils sont 27 % à estimer que plus d’un acte sur cinq n’est pas justifié en médecine générale.
Pour les généralistes (MGL), la demande des patients est à l'origine des actes injustifiés dans 93% des cas (sondage TNS).
La demande des patients est la première raison avancée (85 % des sondés y font référence ; chez les généralistes, le taux grimpe à 93 %). Suivent la peur du risque judiciaire (58 % des 803 médecins interrogés), un problème lié à la formation médicale (39 %), l’absence de contrôle des pratiques (27 %), les incitations économiques (20 %). L’absence deréférentiels partagés par les professionnels est citée par la moitié des jeunes médecins (exerçant depuis moins de dix ans).
Pas de sanction contre les médecins trop enclins à prescrire
La FHF a fait de la pertinence des actes l’un de ses chevaux de bataille. La lutte contre les actes superflus est un enjeu de santé publique autant qu’un enjeu économique, fait-elle valoir. Son président, interrogé ce 4 juillet par « Le Figaro », précise ne pas réclamer de sanctions contre les médecins qui prescrivent trop.
« Ce n’est pas notre logique, observe Frédéric Valletoux. La première chose à faire, c’est de rendre l’information disponible. Dans les mois qui ont suivi notre campagne de communication sur les radiographies du crâne inutiles, leur nombre a reculé de 9 %. Il y a encore trop peu deréférentiels qui, sur la base d’études scientifiques incontestées, indiquent aux médecins quels actes prescrire dans quels cas - même si la Haute autorité de santé a commencé ce travail, sur la cataracte ou les césariennes. Mais on doit aussi modifier les modes de rémunération pour que les revenus des professionnels de santé libéraux et des hôpitaux dépendent moins des volumes d’actes ».
› D. CH.
* L’enquête a été réalisée du 27 avril au 4 mai 2012 auprès d’un échantillon national de 803 médecins (402 médecins hospitaliers, 201 spécialistes libéraux, 200 généralistes libéraux).
lequotidiendumedecin.fr 04/07/2012
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