samedi 08 octobre 2011
CLERMONTOIS L'hôpital psychiatrique souffre
Manque de moyens financiers, réduction des effectifs, fermeture de lits, personnel à bout de force... Tels sont les maux du CHI.
Le centre hospitalier interdépartemental (CHI) souffre. Il souffre d'abord du manque de moyens financiers. «Depuis des années, nous dénonçons en comité technique d'établissement le manque de dotation par rapport aux besoins de l'établissement. Le conseil d'administration avait informé l'Agence régionale de santé (ARS) du manque de moyens or l'ARS a toujours sous doté l'établissement malgré ça. Les pavillons ont un taux de vétusté de 75 % et on nous dit que les travaux ne sont pas faits. Le problème c'est que la dotation suffit juste à assurer le quotidien, rien de plus. Donc aujourd'hui, c'est facile de dire que les travaux ne sont pas faits ! » assène Alain Mougas, secrétaire général de la CGT au CHI.
Soixante lits fermés en un an
L'investissement s'élèverait autour des 80 millions d'euros. «On nous dit que pour réaliser les travaux, il faut dégager des moyens donc on nous demande de toucher à la masse salariale car 80% des fonds sont pour le personnel », poursuit le syndicaliste.
Il estime que ce seront environ 400 postes qui disparaîtront (non remplacement de départ à la retraite, non renouvellement de contrat temporaire).
Il s'insurge également de la fermeture de lits, une soixantaine en un an (le CHI en compte actuellement environ 1 040). «On est en train de réduire la capacité et dans le même temps, il y a des patients qui, faute de structures, vont en Belgique ».
Il ajoute : «Une des techniques pour fermer des lits c'est de transférer les patients de psychiatrie dans des structures médico-sociales, comme les maisons d'accueil spécialisées. Ce qu'on ne dit pas aux familles, c'est qu'ils devront prendre en charge les frais médicaux ».
«Véritable ras-le-bol des agents »
La souffrance au CHI n'est pas seulement financière, elle est aussi humaine.«On ne respecte pas la vie privée et il y a un déni des droits. Il y a un véritable ras-le-bol des agents », insiste Alain Mougas. Des propos que vient étayer le bilan social de 2010.
Les conclusions des médecins du travail sur les souffrances psychiques vécues par le personnel sont sans appel : «Stress, états anxieux liés à un manque de reconnaissance, un management inadapté, un manque de soutien, une pression excessive (...) ».
Un bilan chiffré montre également que le nombre de journées d'absence pour maladies, tout comme les accidents du travail, augmente. Alain Mougas et Fanny Schotter, secrétaire générale CGT à l'hôpital général, concluent que«Tous les jours, dans les hôpitaux, les gens travaillent en effectif minimum. On les noie sous des projets, dans un tas de charge de travail. Le personnel souffre tellement qu'à un certain niveau de douleur, il n'a plus la force de se rebeller. Les hôpitaux souffrent tellement qu'ils ne crient plus » .
FLORENCE VERGNE
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