« Sages comme une image », de Théa Rojzman. Les Enfants Rouges. Collection Isturiale.
Théa Rojzman, auteur de « La réconciliation » (Lattès), ouvrage cosigné de son père Charles Rojzman, psychologue inventeur du principe de thérapie sociale, et du « Carnet de rêves » (La Boîte à Bulles), nous revient avec « Sages comme une image », paru cette fois aux « Enfants Rouges », jeune maison d’édition créée par Nathalie Meulemans. Un titre singulier, comme les précédents, très caractéristique de l’œuvre de la jeune femme, marquée par la psychanalyse et l’art contemporain. L’auteur délaisse cette fois l’autofiction pour s’attacher au destin de Jordan et Dion, deux frères qui, confrontés à la violence intrinsèque d’un placement en foyer, choisissent de se réfugier dans un univers onirique. Un réflexe de défense, face aux agressions extérieures, qu’elles soient physiques, verbales ou psychologiques. Ce qui semblait n'être qu’un jeu, une manière d'embellir la réalité, finit cependant par virer à la psychose.
L’imaginaire finit par prendre le pas, les isolant chaque fois un peu plus. Théa Rojzman nous présente des enfants livrés à eux-mêmes, des parents absents, des institutions parfois dépassées, hésitantes sur la stratégie à aborder. L’auteur prenant pour principe de s’exprimer du point de vue de l’enfant, « Sages comme une image » prend des allures de plongée dans les enfers de la pédopsychiatrie, avec de trop rares apparitions de cet amour dont les enfants ont pourtant viscéralement besoin. Le trait de Théa Rojzman est à l’unisson, pleinement en phase avec l’imaginaire des Jordan et Dion – dessins d’enfants compris - tout en restant fidèle à sa ligne graphique. Un bel album, difficile et impliquant et finalement optimiste. Plus resserré dans sa structure, plus directement accessible que « Le carnet de rêves », sans doute moins cérébral mais aussi plus distancié, il devrait contribuer à faire connaître plus largement le travail de Théa Rojzman.
104 pages. 17 euros.
Chronique de Philippe Belhache
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