par Clémence Mary publié le 5 décembre 2023
Les images des interminables files d’attente ont marqué les esprits. Depuis un mois, la nouvelle campagne des Restos du cœur, fragilisés par une crise sans précédent, a remis en lumière les difficultés financières d’une partie du milieu associatif, pourtant mis à l’honneur par la 16e édition du mois de l’Economie sociale et solidaire (ESS) en novembre. Plombée par l’inflation, la légendaire générosité des Français semble avoir marqué le pas en 2023, avec moins de 200 euros annuels, et 65 % de la population donnant moins de 100 euros par an, selon l’Observatoire des générosités.
Début septembre, plus d’un millier d’associations interpellaient dans nos pages la Première ministre sur la mauvaise santé du secteur, pourtant premier employeur privé de France avec 1,8 million d’emplois, et une utilité publique centrale tant dans l’éducation que dans la santé, le lien social ou l’écologie. Le monde associatif tangue face à une demande croissante et un manque de soutien des pouvoirs publics, alertaient les signataires.
Les logiques d’entreprise auraient-elles eu raison de l’engagement pour la bonne cause ? Enseignant à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, le sociologue Matthieu Hély a coordonné avec Maud Simonet l’ouvrage collectif Monde associatif et néolibéralisme (PUF, novembre 2023). Pour ce spécialiste, la source de la crise actuelle ne se situe pas tant dans un désengagement de l’Etat que dans une absence de vision claire sur la place qu’occupe le secteur au sein des politiques publiques.