5 août 2023
Stéphane Lagana, psychologue clinicien hospitalier et intervient dans une maison d’arrêt.
Cette semaine, Dominique Simonnot, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, affirmait que "les prisons françaises sont devenues un grand asile psychiatrique : environ 30 % des détenus souffrent de troubles psychiques". Mais au-delà de la question des prisons, dans quel état psychiatrique est vraiment la population française ?
Atlantico : Quel est l’état de la population française sur le plan de la psychiatrie et de la santé mentale ? Quelle est la part au sein de la population de personnes souffrant de troubles mentaux et quelles sont les principales pathologies ?
Guillaume Vlamynck : Sur le plan de la population générale, 1 à 2 % présentent des troubles psychotiques. De façon plus globale, l’Organisation Mondiale de la Santé mettait en avant en juin 2022 qu’une personne sur huit dans le monde était atteinte d’un trouble mental (données de 2019) avec une nette augmentation durant l’épidémie et la post épidémie COVID. En 2020, l’OMS mettait en exergue une augmentation, sur une année unique, de 25 à 28% des troubles anxieux et/ou troubles de l’humeur. En sus, il ne faut pas occulter la part importante de l’usage des substances psychoatives diverses pouvant être, une véritable comorbidité (cannabis, héroïne, cocaïne, mésusage de médicaments…).
Si nous faisons un focus sur les personnes placées sous mains de justice, la problématique addictive a une prévalence bien plus importante que dans la population générale tout comme la prévalence des troubles mentaux, par exemple les troubles psychotiques avoisinent les 20% (données Observatoire Internationale des Prisons – OIP). Il y a un vrai clivage entre la prévalence des troubles psychiatriques, des troubles mentaux, dans la population générale et ce que l’on peut retrouver dans la population pénale.
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