— 21 janvier 2021
Image issue de la série «Totem». Sologne. 2011 Photo Flore-Ael Surun.Tendance floue
Le philosophe et sociologue des sciences nous invite dans son nouveau livre à une métamorphose. Pour réorganiser la société autour des urgences écologiques, il faut repenser nos liens avec le vivant et décrire ce qui nous ancre sur la Terre. C’est ainsi que l’on verra émerger des classes «géo-sociales» susceptibles d’entreprendre la transition écologique.
C’était, dès le premier confinement, l’une de ses grandes convictions : crise écologique et pandémie sont liées. Bruno Latour confirme l’intuition dans son nouveau livre, Où suis-je ?(La Découverte). Suite de son précédent ouvrage à succès Où atterrir ?, dans lequel il décrivait une humanité hors-sol sous l’effet de la mondialisation – et déchirée entre ceux qui veulent poursuivre sur cette lancée et ceux qui cherchent à retrouver un ancrage terrestre – ce nouvel opus prépare la piste d’atterrissage : entamer la transition écologique, c’est être capable de se localiser sur Terre, en étant lié au reste du monde vivant. C’est aussi prendre le temps de décrire à la fois ce dont on estime avoir besoin pour vivre, et ce à quoi l’on tient. Pour cela, il nous faut assumer notre condition d’être vivants confinés dans une biosphère étroite et aux ressources limitées. Une métamorphose s’impose à la façon du personnage de Kafka : «Le devenir blatte offre un assez bon départ pour que j’apprenne à me repérer et à faire aujourd’hui le point», écrit Latour. Insectes de tous les pays, unissez-vous !