Cameroun: Ces fous qui agressent dans les rues de Douala |
SOURCE: LE MESSAGER |
MERCREDI, 31 OCTOBRE 2012
De plus en plus des personnes qui n’ont pas conscience de leur trouble écument les rues et ruelles de la cité économique. Certains d’entre eux s’en prennent parfois aux passants lorsqu’ils ne s’approprient pas tout simplement de force le bien d’autrui.
1 - Dangereuse cohabitation
Nous sommes au début du mois d’octobre 2012. La scène se passe au carrefour Idéal à Akwa. Une
jeune étudiante vient de se voir assèner une gifle par un malade mental qui était à sa poursuite. La vingtaine à peine sonnée, elle s’écroule et telle un fauve, le fou se jette sur sa victime qu’il piétine avant que les cris des passants le dissuadent d’aller plus loin dans sa sale besogne. Une semaine plus tard, une dame qui marchait à proximité du Collège Nkuimi dans le troisième arrondissement de Douala est prise pour cible par un malade mental. Prise de panique, elle essaie de s’enfuir, est malheureusement rattrapée par l’importun qui la projette brutalement dans un caniveau. La victime s’en sortira avec une ouverture de la boîte crânienne. Des exemples de ce genre, on peut en citer à profusion, tellement il ne se passe plus de jours sans qu’un fou ne fasse l’actualité.
A Douala, on les rencontre un peu partout : au niveau du tunnel de Ndokotti, à l’échangeur de Youpwè, sur les devantures des magasins à Akwa… et dans les espaces mal entretenus. La cour de la cathédrale Saints Pierre et Paul à Bonadibong, le jardin de l'hôtel de ville à Bonanjo, le carrefour Terminus se sont érigés en repaires pour fous. « Nous nous sommes habitués à eux », affirme la tenancière d’une vente à emporter non loin de la prison de New-Bell. Ces personnes déséquilibrées ou qui présentent une psychose chronique se nourrissent des restes d’aliments tirés des poubelles. Certains, à pieds, parcourent de longues distances et se retrouvent à Buea, Limbé, Edéa ou Nkongsamba.
D'après une étude réalisée en 2001 à l'hôpital Laquintinie de Douala, 325 patients ont été hospitalisés suite à des troubles mentaux. « Une quinzaine de pathologies ont été décelées parmi lesquelles on retrouve l'hystérie, la démence sénile, la dépression, dont la plus récurrente est l'épilepsie », déclare un psychiatre. Les petites statistiques au département de psychiatrie de l’hôpital Laquintinie de Douala parlent d’une moyenne de cinq cas critiques enregistrés chaque semaine et plus de 20 cas de malades mentaux n’ayant pas les moyens de se prendre en charge. D'après le manuel « Diagnostique et statistiques des troubles mentaux » de l'Association américaine de psychiatrie , on dénombre 200 types de troubles que l'on peut classer en quatre groupes: les troubles psychotiques qui est une perte du sens de la réalité associée à des idées délirantes et des hallucinations (la schizophrénie); les troubles névrotiques basés sur des conflits intra psychiques ou des évènements de vie qui provoquent une angoisse; les troubles fonctionnels et les troubles organiques dus à un agent spécifique provoquant une modification structurelle dans le cerveau.
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